Regardez donc sur les deux photos ci-contre : celle de gauche montre, dans le fond, la place de Brouckère telle que je l'ai connue étant petit (plus d'un demi siècle tout de même au moment où j'écris ces lignes).

<-- On remarque le grand espace libre, bordé de réverbères, qui se trouve devant la fontaine Anspach.

--> Sur la photo de droite, rien de semblable, le grand espace libre est absent. Mieux, on dirait que les passants qui se dirigent vers le nord n'auront que très peu de place pour contourner le bâtiment du fond. On dirait aussi que les trams vont aller s'encastrer dans la façade, à moins que cela ne soit là leur terminus (et cela n'a aucun sens puisqu'ils rallient la gare du Nord, située loin derrière !)  Par contre, sur la photo de gauche, on voit nettement que les véhicules peuvent tout à fait passer soit à gauche soit à droite du bâtiment situé derrière la fontaine.

Pour mieux comprendre, il faut se représenter que dans la réalité la photo de droite devrait arriver à peu près avec son coin supérieur droit sur le coin inférieur droit de la photo de gauche ou, si vous préférez, que le grand bâtiment que vous voyez sur la photo de droite (dans le fond, sur la gauche) devrait se trouver presque exactement sur la grande partie centrale libre de la photo de gauche.  C'est d'ailleurs en effet ainsi que les choses se passent.

C'est que, en effet, jadis, l'espace central de la place de Brouckère était occupé par le Temple des Augustins et que les deux façades se ressemblent plus ou moins dans leur allure.  Or donc, un sentiment d'intense religiosité :  tu parles !  Quant au rapport avec les trams, il ne fallait pas aller très loin pour le trouver vu que cela modifiait complètement leur parcours d'alors.  De nos jours, cette considération n'aurait plus aucun sens vu que les Bruxellois sont habitués aux grands chambardements, avec ou sans trams.  Quand j'étais gosse, c'était le genre de choses qui bouleversait le quotidien.

Évidemment, les sceptiques diront qu'il n'y a là que de simples coïncidences. Je ne pouvais pas connaître l'église des Augustins puisqu'elle n'existait tout simplement pas en 1958, du moins pas en cet endroit (elle a été déplacée). On pourrait aussi dire que ce sont mes recherches indirectes, c'est-à-dire celles réalisées sur les trams qui m'ont permis de visionner un autre aspect de la configuration des lieux à une autre époque et que mon subconscient l'a enregistré. Cette information a ressurgi de ma mémoire après coup et j'ai réalisé un parallèle qui a éveillé ma curiosité. Rien d'anormal en somme.

Seulement voilà, ce n'est qu'assez récemment que j'ai appris l'existence supposée de ce mystérieux "Brüsel" (pour ceux qui prendraient le tram en marche, Brüsel est une cité obscure parallèle ou, si vous préférez, le Bruxelles d'une autre dimension, auquel il y aurait toutefois moyen d'arriver via certains passages) que j'ai déjà évoqué précédemment et en aucun cas dans les années 60.  Là, je suis formel.  Dès lors, comment aurais-je pu pressentir cette bizarrerie ?

Augustins et Trinité

Dans la précédente édition de ce site, j'avais accompagné mon texte de photos très parlantes au sujet de ce que je vais vous exposer.  Je m'en abstiendrai ici car je crains les problèmes de copyright mais, bien sûr, je les possède toujours.
On peut donc dire que mon ressenti vécu à la place de Brouckère alors que j'étais (petit) enfant, se basait bien sur une réalité intemporelle (Je veux dire par là qu'il m'aurait été impossible d'établir une chronologie quelconque sur les diverses interprétations et... forcément puisque les ressentis en question font référence à des époques très différentes).  Il est surprenant de constater que la place de Brouckère a été "défigurée" au moins à deux reprises (et en rapport, à chaque fois, avec la religion), l'une par le déplacement de la fontaine, l'autre, plus ancienne, par le déplacement (et la disparition) du temple des Augustins.

Pour vous inviter à en savoir plus sur cet édifice, je vous invite à consulter Wikipédia à la page : https://fr.wikipedia.org/wiki/Église_des_Augustins_(Bruxelles) On y voit notamment que la façade ancienne a été conservée (un peu comme la fontaine Anspach) et qu'elle a été transférée et implantée à l'église de la Trinité à Ixelles avec, chose curieuse, un tracé très similaire pour les tramways (voir aussi à ce propos le blog de Callisto : http://leblogdecallisto.blogspot.com/2015/10/le-temple-des-augustins-bruxelles_18.html    Mais un autre point m'avait interpellé : l'omniprésence du tram 81 (que l'on peut d'ailleurs voir en de nombreux endroits dans les documents référencés ci-dessus).  Ici, quelques explications s'imposent car le lecteur, à moins d'être un ancien bruxellois de souche ou féru de la capitale belge et de son histoire, ne peut pas suivre !

Il se fait que je fis un jour une excursion bien étrange à partir de la place de Brouckère (l'histoire est ici beaucoup plus récente mais je ne pourrais plus la situer dans le temps avec beaucoup d'exactitude).  En empruntant l'un des recoins en travaux et en descendant un escalier étroit, après avoir ouvert une première porte sans trop savoir où j'allais, je me retrouvai soudain dans un bien étrange voyage souterrain.  Je devais probablement me trouver dans l'une des annexes des labyrinthiques travaux du prémétro, sans la moindre autorisation et purement par hasard (et sans doute aussi un peu par bravade).  Après quelques cabrioles parfois un peu osées, je me retrouvai dans un endroit présentant des choses aberrantes.  Il y avait notamment un vieux tram 81 qui... sortait du mur !  Oui !  Comprenez bien : l'avant du tram était encastré dans le mur comme s'il en sortait, mais il en faisait apparemment partie intégrante !  C'était insensé, incroyable et je suis certain que personne ne me croira dans ce que j'avance ici.  Mais patientez !

Il y avait également quantité d'autres objets bizarres et anachroniques, de la machinerie relative aux vieux tramways bruxellois à n'en pas douter.  De quoi satisfaire ma curiosité quant à cette passion, mais aussi de quoi se poser mille questions !  Une partie des lieux était inondée.
Après un périple assez long, je finis par ressortir, de nouveau par une petite porte qui ne s'ouvrait que dans le bon sens (j'ai eu de la chance car j'aurais pu me retaper tout le trajet inverse en espérant que la porte s'ouvre, faute de quoi j'étais fait comme un rat !) et, à ma grande surprise, j'étais à la sortie du métro porte de Hal ! 
Ah !  Ca faisait une belle trotte ! 
Mais l'étonnement ne s'arrêta pas là car, à l'entrée en question, on apercevait... un tram qui sortait du mur, faisant partie de toute une décoration bizarre, un peu futuriste, genre science-fiction uchronique et anachronique à la fois.  Inutile de dire que je n'y comprenais rien !
Je n'ai pas tardé à comprendre, pourtant.
Car, en fait, j'étais passé sans le savoir sur les plates bandes de Benoît Schuiten, dessinateur aux talents multiples, "inventeur" des Cités obscures, une sorte de monde parallèle surréaliste qui devait préparer, à l'époque, un musée consacré à son oeuvre (magistrale).  Tout s'expliquait donc et pour en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Schuiten
Tout s'expliquait ?  Cela reste à voir !

En fait, cela ouvrait plutôt la porte à mille autres interrogations car, d'après la légende de l'artiste, il existerait des passages vers lesdites cités obscures.  Une fantasmagorie, bien sûr ! 
Sauf que l'un de ces passages est situé au Temple des Augustins (communiquant peut-être avec l'église de la Trinité, via un hypothétique tram 81 ? 
Sauf que l'un de ces passages se trouverait aussi au Palais de Justice de Bruxelles où un confrère me raconta une bien étrange histoire de télétransportation (que je vous raconterai...),
sauf qu'un autre passage se trouverait aussi au parc Duden qui est pour moi une vieille connaissance (j'ai habité tout près de là, je suis allé voir jouer le Standard de Liège contre l'Union Saint-Gilloise qui était encore en première division à l'époque, le parc comporte pas mal de curiosités, souvent méconnues même des bruxellois et il est bordé par la rue du... mystère ! (Je n'invente rien !)
Sauf que Schuiten a aussi "commis" le fameux dossier B (en ma possession), un véritable "monument" du mystère surréaliste bruxellois dont je donne le parfum dans mon premier livre : "Les phénomènes inexpliqués en Belgique" (éditions Jourdan) 
Sauf aussi que, dans une certaine mesure, le monde bruxellois parallèle existe bien.  Sans doute pas tel que Benoît Schuiten le dépeint mais bien sous la forme de tout un réseau de galeries souterraines.  Une partie a été creusée pour la circonstance lorsque, à proximité de la Bourse, on s'est aperçu que le sous-sol recélait des vestiges historiques considérables.  Une autre partie date de l'ancien Bruxelles, celui de jadis et d'encore plus loin et il est possible de retrouver des rues entières sous le passage des piétons !  Une autre partie encore, provient celle-là de la construction du métro et du prémétro dont des kilomètres entiers sont restés inutilisés.  C'est dire que le sous-sol de la capitale est un véritable gruyère (encore que pour les trous, ce serait plutôt l'Emmental) qui n'a pas grand chose à envier aux catacombes de Paris, si ce n'est peut-être en matière de proportions (encore que... allez savoir !)