Centre d'Etudes et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

SIMBA

L'affaire remonte à mes sept ans environ, autrement dit vers 1965. Nous habitions Forest (Bruxelles) et plus précisément à la rue Edison, au troisième étage dans un beau petit appartement.

Il s'agit ici encore de l'un de ces souvenirs de l'époque bénie d'alors, une époque hors du temps, dans l'insouciance de l'enfance mais aussi dans un contexte où bien des choses allaient beaucoup mieux que de nos jours.  Je me souviens encore parfaitement de cet appartement d'alors et, malgré les années, je pourrais encore très bien en dessiner le plan.  Je revois le bureau de mon père, coiffé de l'un de ces vieux téléphones massifs, noirs avec un bouton blanc, un gros cornet posé sur une fourche. Ah !  On était encore loin des téléphones d'aujourd'hui et encore plus des GSM, qui n'allaient apparaître que beaucoup plus tard.  Néanmoins, tout le monde n'avait pas toujours le téléphone à la maison, c'était presque un luxe d'en avoir un chez soi !  Bien des personnes devaient s'arranger avec un voisin lorsqu'il fallait passer un coup de fil.  Il n'y avait pas encore d'ordinateurs et mon père utilisait encore tout simplement une machine à écrire, du papier carbone et j'admirais sa vitesse de frappe.  Si des jeunes de notre époque devaient échoir à celle-là, c'est sûr qu'ils se trouveraient fort dépourvus dans ces conditions, privés aussi de tablettes, d'Internet et de réseaux sociaux, avec une télévision encore très rare et ne disposant que de peu de programmes et de... couleurs !  Bon sang !  Ils deviendraient fous !

Je me souviens du sous-main vert, en buvard, du porte-cachets qui servait aux activités professionnelles d'indépendant de mon père.  Il faisait très bien son beurre dans la publicité, mais il faut dire aussi qu'on ne parlait pas encore de TVA, l'époque coloniale était encore toute proche et sans aller jusqu'à dire que la Belgique vivait encore dans l'euphorie et l'opulence, disons tout du moins que les choses allaient bien.  Par rapport à nos jours, elle se portait comme un charme !

Mais ce jour là, les choses allaient moins bien : il (mon père) avait dû appeler le docteur pour moi et ce dernier avait diagnostiqué une appendicite purulente.  (A cette même époque, un bon médecin n'avait nul besoin de recourir à des examens pour poser son diagnostic avec efficacité.  C'est à croire qu'ils ont perdu un savoir.   A moins que le recours à ces examens soit dicté par des impératifs financiers ?)  Mes parents m'avaient donc conduit d'urgence à l'hôpital pour y subir la traditionnelle opération.  A l'époque, on restait encore une semaine alité en clinique et je me souviens de ma première nuit où, pris d'une soif intense, j'avais réclamé bruyamment à boire pendant pas mal de temps avant qu'une bonne sœur arrive enfin pour me donner un verre d'eau et... une bonne fessée pour avoir réveillé tout le monde ! 
Les choses allaient comme ça en ce temps là !

A mon retour à la maison, mes parents m'annoncèrent qu'ils avaient une surprise pour moi.   Et en fait de surprise, c'en était une !  Il s'agissait d'un petit chien, blanc, noir et beige, un ratier que mes parents avaient déjà appelé "Simba". (En fait, c'était une femelle.) Waw ! Qu'est-ce que j'étais content !

Le courant passa immédiatement entre Simba et moi, ce fut la grande affection réciproque et indéfectible.  Je me souviens donc encore parfaitement des promenades que nous fîmes, notamment au parc Duden, en compagnie de mes parents et je nous vois très bien remonter le square Lainé qui menait, après quelques parterres fleuris, à une place sablée, avec des bancs, où je pouvais m'amuser.

J'aimais beaucoup le parc Duden, même s'il était très différent du parc de Forest, situé juste à côté.  Il était plus "sauvage", plus de type forestier mais j'ignorais complètement toutes ses caractéristiques profondes et encore plus ses origines historiques.  J'avais beau avoir une magnifique vue sur le Palais de Justice qui trônait au loin, cela ne m'émouvait guère : c'était une belle vue, un point c'est tout.  Loin de moi l'idée d'y trouver des connotations étranges.  Cela viendrait plus tard.  

Toutefois, quelques temps plus tard, il se passa quelque chose de franchement étonnant et même inquiétant.  Alors que ce n'était pas du tout dans ses habitudes, lors d'une nuit comme les autres Simba se mit à hurler sans s'arrêter.  Il ne s'agissait aucunement d'aboiements dus par exemple à un bruit quelconque qu'elle aurait pu percevoir à notre insu - parce qu'il est connu que les chiens ont l'ouïe beaucoup plus développée que les humains - non !   Il s'agissait bien de cris prolongés et plaintifs, à vous glacer le sang et, en tous cas, à vous empêcher de dormir.

Mes parents se levèrent et tentèrent de faire taire Simba mais toutes leurs tentatives furent vaines.  Au début, je pris cela pour une curiosité, un truc bizarre sans plus, mais devant l'entêtement de mon compagnon canin à poursuivre ses hurlements, je compris qu'il s'était passé quelque chose.  Quelque chose de déplaisant.  Cela dit, je n'avais aucune idée de ce que cela pouvait bien être.

Quant à mes parents, ils se contentèrent d'abdiquer finalement, agacés tout de même de passer une nuit blanche et que Simba ait probablement ameuté toute la maisonnée.  A sept ans, il n'est pas facile d'exprimer ce que l'on ressent, ce n'est déjà pas toujours facile pour les adultes, alors... Mais il me paraissait clair qu'un événement tragique s'était passé.   Le lendemain matin, le gros téléphone noir se mit à sonner et mon père décrocha.  Je vis sa tête changer, s'allonger, puis il raccrocha et s'en alla rejoindre ma mère pour lui annoncer la nouvelle : bobonne Marie était morte !

"Bobonne Marie" était la mère de ma grand-mère maternelle, autrement dit mon arrière grand-mère maternelle et je l'avais très bien connue lorsque je passais quelques jours à Lessines, chez elle, à l'avenue de l'abattoir.  Elle était aveugle (de nos jours on dit "non-voyante", ceux qui voient clair sont donc des non-aveugles ? ) et je l'aimais bien, je la prenais en pitié pour son handicap, ce qui ne m'empêchait pas de lui faire des blagues gentilles, avec l'esprit espiègle des enfants.  De son côté, elle acceptait volontiers de jouer aux cartes, à la bataille, avec moi.  Mais comme elle n'y voyait rien, je trichais abominablement... mais pour la faire gagner !   Comme par hasard, elle avait toujours une veine incroyable et récoltait toujours tous les atouts.  La manœuvre était savamment calculée car de ce fait, pour me remercier, elle me donnait quelques sous pour aller chercher des paquets de sûr à la petite boutique, chez Rosa.  Pas plus bête !  Ce fut donc ma première expérience du sûr naturel !

Pourtant, en y réfléchissant bien, Simba n'avait eu aucun contact avec "bobonne Marie", ni avec ma grand-mère d'ailleurs (Hélène de son prénom), nous n'avions pas été à Lessines depuis un bout de temps.  Il faut dire aussi qu'à ce moment là, mon père n'avait pas de voiture, ce qui compliquait un peu les choses.  

En ce qui me concerne, j'avais tout à fait réalisé le rapprochement entre les hurlements plaintifs de Simba et le décès de bobonne Marie, c'était clair comme de l'eau de roche.  

Mais quel est donc ce sens particulier qu'ont les chiens (et sans doute d'autres animaux aussi) pour sentir la mort, même lorsque la distance qui sépare les personnes s'élève à plus de cinquante kilomètres ?  Je pense qu'il est bien établi, et de longue date, que les chiens disposent de perceptions qui nous échappent, on en ignore le mécanisme mais il existe de très nombreux témoignages concordants à ce sujet et l'expression "hurler à la mort" est passée dans le langage courant.  Mais que pouvait-il donc s'être passé cette nuit là ?

Je ne pourrai bien sûr qu'émettre des hypothèses.  On peut imaginer qu'à l'antichambre de la mort, mon arrière grand-mère ait eu envie de rendre une dernière visite à sa petite fille et à son arrière petit-fils, qu'elle n'avait jamais réellement vu de son vivant puisqu'elle était aveugle.  On peut aussi supposer que son nouvel état, probablement temporaire, transitoire, lui permettait de "voir" effectivement, comme certains témoins des expériences de Raymond Moody ont rapporté, lors de NDE (near death experiences, expériences de mort imminente), avoir vu les personnes qui se tenaient sur leur lit de mort.  Sinon, en effet, quel aurait été l'intérêt de la démarche, en l'absence de toute communication ou de tout attouchement ?  Or, personne n'a rien vu cette nuit là, pas de "fantôme", pas de manifestation spirite, pas de coups dans les murs, pas de message et pas de ressenti physique.  Personne n'a rien vu, sauf peut-être le chien, Simba.  

Et quel est le rapport aussi, avec le parc Duden ?  Voilà une bonne question, n'est-ce pas ? Peut-être (et même probablement) trouverez-vous le semblant d'explication qui suit très hasardeux, très hypothétique et peu vraisemblable. Vous devrez bien m'excuser mais je n'en ai pas d'autre...

Or donc, s'il est vrai que Simba n'avait jamais été mise en contact ni avec ma grand-mère ni avec mon arrière grand-mère au moment des faits, en revanche il est également exact que ma grand-mère m'avait accompagné au parc Duden, au moins une fois, mais bien avant que nous n'ayons Simba.  Or j'étais allé au parc en question avec le chien, rappelez-vous.  Les chiens sont très forts pour les odeurs et pour en tirer une foule de renseignements qui nous restent toujours étrangers.  Cela n'explique pas comment elle aurait perçu le décès dont je parle ici, mais c'est le seul point de concordance que l'on puisse trouver. En outre, nous l'avons vu dans l'article spécifique consacré au parc Duden, cette célèbre étendue boisée de Forest est réputée pour l'aura de surnaturel qui l'entoure.  Une aura dans laquelle il est aussi question de croix mystérieuse et le parc est délimité d'un côté par la rue du mystère... C'est bien son nom !

Mon père avait été contacté pour aller au Congo mais avait refusé l'offre, pourtant alléchante (et je crois qu'il a eu raison !). Via les hautes sphères royales, le parc Duden est aussi lié à l'histoire de Baudouin et donc aussi de Léopold II, qui fut impliqué tant dans les affaires du Congo que de celles du Palais de Justice.  Doit-on y voir une curieuse affaire de magie de style africain, en rapport avec le Congo ?  Franchement, je n'en sais rien et j'imagine que je vais chercher beaucoup trop loin une éventuelle explication de l'énigme là où les choses sont beaucoup plus simples : une faculté canine, étrange, certes, mais "naturelle".  Très probable qu'il n'y ait absolument aucun rapport avec la magie africaine, ni avec les autres éléments que j'ai cités.

Quant à Simba (qui allait rester mon bon petit toutou pendant bien des années encore), je me suis posé des questions : qu'est-ce qui a bien pu inspirer mes parents pour l'affubler de ce nom, Simba ?

Il m'ont donné eux-mêmes une partie de la réponse : "Simba" signifie "Lion" en congolais.  En réalité, ce serait plutôt en swahili, mais le swahili est l'une des langues ou dialectes parlés au Congo.

Il faut prendre une grande attention aux noms des personnes ou des animaux, le nom n'est pas chose innocente en matière de surnaturel.  Des études poussées démontrent que l'on peut établir des parallèles entre les noms (prénoms) et les caractères, voire les facultés, les propriétés astrales, etc.  Ne perdez pas de vue ce point très important, principalement si vous avez l'intention de parcourir ces pages avec assiduité et persévérance.  Vous pourrez faire de très nombreuses analogies... Étrange, en tous cas, de remarquer après de longues recherches appropriées, que mon aïeule, qui était lion de son signe du zodiaque, née Marie François (dont un parent médecin dans la région de Soignies dans un lointain passé), devenue Surdiacourt par son mariage, avait de la parenté avec des éléments du même nom à l'abbaye d'Afflighem, dont le rapport avec le parc Duden n'est plus à prouver, et que ces noms étaient également liés à ceux de Vandersteen, dont nous avons parlé à propos du château de Beersel... Hé bien !

Comme dans l'expérience d'Oncle Edmond, avec son chat cette fois-ci, il est sans doute plus simple d'imaginer que s'est établie une communication d'ordre télépathique, subliminale, entre mon arrière grand-mère et le chien, Simba.  Pourquoi avec le chien et durant la nuit plutôt qu'avec l'un de mes parents, en direct, pendant la journée ?

Voilà qui, par contre, est très facile à expliquer : d'une part on ne choisit généralement pas l'instant de sa mort.  D'autre part, elle n'avait pas le téléphone.  Mourante, donc, elle aurait sans doute été bien en peine d'aller chez le voisin pour téléphoner.  Par ailleurs, je pense qu'elle n'aurait voulu déranger personne, d'autant que cela aurait été bien inutile.  Cela ne l'a certainement pas empêchée d'être désemparée en se sentant partir et de communiquer mentalement son désarroi de manière totalement imperceptible pour des humains situés à plusieurs dizaines de kilomètres, sauf s'ils avaient été médiums et suffisamment sensitifs.  Le chien, Simba donc, n'a pas besoin de boule de cristal.  Il reçoit ce genre d'émissions 5 sur 5.  Sans antenne.  Et sans publicités !