Centre d'Etudes et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

A l'époque (nous étions dans les années 70-80 et, pour rappel, la première mouture de ce qui allait devenir le CERPI n'allait voir le jour qu'en 1979), je m'intéressais déjà aux phénomènes surnaturels, paranormaux ou encore ufologiques, mais l'idée (et la possibilité) de former un organisme n'allait se concrétiser que quelques années plus tard.
En attendant, cette passion allait se manifester sous une autre forme. Et cette dernière allait se transformer en un terrible tremplin. Un tremplin formidable sur lequel je ne rebondirais que plusieurs décennies plus tard... Si j'avais su !

L'AXE BRUXELLES-LESSINES

Si on se met dans la peau d'un gosse, entre la dizaine et la vingtaine d'années, le passage de Bruxelles à Lessines était sans doute bien agréable car la campagne permettait quantité de choses impossibles dans une grande ville (et vice versa). Mais il y avait aussi une singulière différence de mentalité.

Venant de la "capitale du monde" (?), je jugeais la petite ville de province avec suffisance. Elle était, proportionnellement, de taille très moyenne, d'une population quasi insignifiante, avec une circulation négligeable (il n'y avait même pas de trams !) Ses habitants, souvent de durs ouvriers de carrières de porphyre, me paraissaient assez rustres. Ils parlaient surtout un plat wallon qui sonnait de manière plutôt vulgaire à mes oreilles. Je passais complètement à côté de toute la saveur de la langue du terroir. Je dévalorisais involontairement, inconsciemment, ma petite ville d'adoption. Essentiellement parce que je ne la connaissais pas, ou très mal. Magritte aurait du être là pour sauver l'honneur, mais il est rare qu'un jeune homme s'intéresse particulièrement à la peinture, surréaliste de surcroît. Le fameux René n'avait pas encore de rue à son nom. Celle qui allait le porter s'appelait encore tout simplement "rue de la station". (El ruw d'l' èsstâtion")

Et puis basta ! Ce qui était important, c'était les études (euh... un peu), le sport (énormément), les premiers flirts (mais en ce temps-là, comme le chanterait Nicolas Peyrac : la pilule n'existait pas, fallait pas jouer à ces jeux-là ! Vous vous disiez "je t'aime", parfois même vous faisiez l'amour...) C'était donc le temps des premières sorties, dans des bals avec orchestre d'abord (inconcevable aujourd'hui !) et arrivaient les premiers DJ, qui passaient des disques vinyles (devenus maintenant tellement ringards qu'ils redeviennent à la mode ! Oui... ne cherchez pas à comprendre...). Charlie Brown

Lou avec le Two Man Sound dans Charlie Brown. Un sacré succès que - faute d'Internet - nous ne pouvions écouter qu'à la radio, enregistrer sur cassettes si on était équipé d'un cordon spécial le permettant - ou, bien sûr, en mettant le disque sur le pick-up. Un son qui n'avait rien à voir avec celui du CD, mais on n'avait pas besoin de cet artifice de modernité pour apprécier l'ambiance. Et nous dansions sur les morceaux à la mode, tels que le fameux Charlie Brown de Two man sound, ou "So fla fla". A la tête de ce groupe figurait un bonhomme dont j'ignorais pratiquement tout : Lou Deprijck, qui allait devenir connu sous le nom de "Lou et les Hollywood Bananas".

Encore une fois, je ne pouvais pas le savoir et il me fallait bien avouer que ma culture musicale flirtait avec le niveau zéro, mais le dénommé Lou (en réalité Francis) Deprijk était une fois de plus un quasi voisin (sa maman tenait un bistrot à quelques encablures de chez nous):

Dans les liens précédents (qui refusent obstinément à se laisser intégrer...) celui que vous voyez jouer du tamtam n'était autre qu'Yvan Lacomblez dont on allait entendre parler plus tard (nous y reviendrons !) et le guitariste, Sylvain Vanholme, avait été à l'origine d'un autre groupe belge, inévitable et mémorable : The Wallace Collection, célèbre pour son fameux Daydream. Excusez du peu ! (ce disque avait été enregistré à Abbey Road, entre les Beatles et les Stones...). On voit le groupe suivre tout naturellement le célèbre Cloclo, présenté par Danièle Gilbert !

Moi, complètement à côté de mon sujet (j'allais me rattraper à toute allure par la suite, mais chacun connaît la fable du lièvre et de la tortue !), je me contentais de danser et de "fréquenter". En quoi aurais-je pu m'insérer dans le milieu du show business puisque je n'y avais aucune ouverture et d'ailleurs aucunement intention ?

Encore une erreur !

Combien peut-on en commettre en étant jeune, par pure ignorance ?
Car, sans le savoir, il m'est arrivé de côtoyer à l'école quelques jolies filles que soit je ne faisais que remarquer du coin de l'œil pour leurs attraits évidents, soit je fréquentais superficiellement comme il se devait à ce temps-là (A l'époque, on était encore très près du "Vous permettez, Monsieur ? Que j'emprunte votre fille..." (Adamo))

Comme j'étais très occupé à taquiner le ballon sur les terrains de foot, à manger des kilomètres sur ma bécane, à massacrer le punching ball, les makiwaras ou mes adversaires de judo (sous la direction de Maître Robert Plomb (un surdoué du judo, devenu une icône belge en puissance et à qui je rends hommage) je ne pouvais pas être partout à la fois et qui va à la chasse perd sa place ! Je n'avais donc que très peu fait le rapprochement entre les absences de mes petites conquêtes et leurs activités en coulisses.

Si bien que je fus époustouflé de les retrouver sur scène, avec Lou, le chanteur qui montait, montait - comme la petite bête - dans le rôle d'Hollywood Bananas. Les Hollywood Bananas étaient les danseuses, choristes et parfois chanteuses de Lou Deprijk. Elles étaient désormais devenues inapprochables. Du moins pour moi...et du moins pas tout de suite. Car je n'avais rien perdu dans les studios, ni aux répétitions, et encore moins sur scène.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'étais passé à côté de "monstres médiatiques" du moment tels que Virginie Svensson (que l'on retrouverait plus tard à la RTBF dans le jeu des dictionnaires avec Jacques Mercier), la délicieuse Héléna Lemkovitch (qui allait faire une carrière solo avant de s'occuper du Publionnaire à la télévision; et surtout une certaine Viktor Lazlo ! Par contre, chose curieuse, j'ai connu des Hollywood Bananas incontestables dont le nom ne figure nulle part et qui n'ont apparemment eu aucune postérité.

REVIREMENT

Mais la vie joue des tours pendables et le vent tourne ! La petite ville de Lessines est soudain parcourue d'une rumeur qui émeut tout un chacun : une radio locale était en formation : bientôt on pourrait écouter ses émissions dans nos transistors ! C'était presque une révolution pour la petite ville de province ! Par la force des choses, j'appris que les fondateurs de la radio en question étaient pour une bonne part des copains de classe. Je pourrais citer †Paul Derobertmasure (qui allait devenir membre du CERPI), Jean-Luc Demecheleer, Didier Parent, Christian VanOnacker, et bien d'autres. Cela allait faire drôle de les entendre à la radio ! Et, effectivement, c'est ce qui arriva un beau jour au matin, au lever du lit...

Je sentais qu'un nouveau courant s'était mis en marche, qui n'allait plus s'arrêter. D'ailleurs il fut suivi dans toutes les villes : à Bruxelles ce fut notamment Radio Contact. A Lessines, ce fut S.I.L (Station Indépendante Lessinoise), Radio Lessines Inter et Apollo. Il me fallait faire partie de l'une d'elles ! Et ce qui fut dit fut fait à la faveur de l'absence d'un animateur que l'on me proposa de remplacer, au moins provisoirement.

Mes débuts furent peu glorieux. Surtout parce que je voulais trop bien faire. J'utilisais un langage recherché et une voix onctueuse qui me vallut des remarques parfois moqueuses. Dès le lendemain, j'attaquai sur un autre mode : rock'n'roll endiablé et commentaires de circonstance ! Je me déchaînais et la sauce prenait, bien au-delà de mes espérances : j'avais créé un personnage radiophonique ! C'était Michel, "le rockeur au coeur d'or" (expression calquée sur un succès de Julien Clerc).

Le retournement était pour le moins frappant car non seulement j'allais devenir titulaire à part entière mais, en plus, j'allais obtenir de confortables plages horaires d'émissions avec carte blanche, ce qui me permit d'inaugurer "bizarrement vôtre", une émission dans laquelle je traitais (déjà !) des phénomènes étranges; "Réveille rock", une émission des premières heures matinales qui électrisait tous ceux qui peinaient à sortir du lit; et je fis même une incursion dans l'émission patoisante (en wallon), d'abord comme téléphoniste pour les prises de dédicaces, ensuite comme animateur. A la seule différence que je m'exprimais encore très mal en wallon ! Cela dit, mes progrès furent rapides. C'est par ce biais que j'eus la chance de rencontrer, pour les interviewer, quelques célébrités de la chanson wallonne. Il y eut notamment Camille Trouillet, Jules des Collines, Bob Deschamps, Henri Golan... C'était un comble pour moi qui, au début, n'appréciait guère le parler wallon !

C'est le moment de revenir sur les "je ne savais pas que...". Et il se faisait que j'étais loin d'imaginer, lorsque Jules des Collines - qui pour moi était un illustre inconnu - était venu se faire interviewer dans nos studios, qu'il s'agissait en fait du père de Rudy Cambier, le philologue à l'origine de l'affaire du Trésor des Templiers, situé en principe à Wodecq, soit à quelques kilomètres à peine du centre de Lessines !

Et pour terminer sur les petites coïncidences mineures (avant d'en relater de bien plus importantes !), il m'arrivait (et même de plus en plus fréquemment) de présenter les infos. Oh, ne vous méprenez pas ! Pas de journalisme en l'occurrence, on ne parlait pas des actualités politiques, des événements marquants de la vie en Belgique, non ! Mais on présentait les diverses activités locales et régionales, festives, culturelles ou artistiques. C'est ainsi qu'en replongeant dans mes souvenirs je me souviens d'avoir annoncé les activités de certains Sosson - De Gelas (je me souviens d'ailleurs qu'il était périlleux de prononcer ce dernier nom à l'antenne, surtout si l'on se prenait à y placer des accents imaginaires et surtout mal placés ! J'étais à des années lumière d'imaginer qu'il s'agissait aussi d'enquêteurs de la SOBEPS (la fameuse société belge d'étude des phénomènes spatiaux qui allait couvrir la vague belge !), que j'allais rencontrer bien plus tard à Bruxelles, lors des Journées de l'Extraordinaire organisées par Didier Herbots, et qui allaient devenir eux-mêmes membres du futur CERPI !

Quand je vous disais que le monde est petit !
On aurait pu croire que tout était déjà dit avant l'heure. Eh bien... cela aurait été se tromper une fois de plus, car il allait y avoir encore bien d'autres choses, plus époustouflantes encore...

Suite...(en construction)