Centre d'Etudes et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

La maison hantée d'Anderlues

Bien avant que le CERPI n'existe et même avant que le GESO n'en pose les fondements, une affaire retentissante de maison hantée secoua la Belgique. Il s'agit de l'affaire de la maison hantée d'Anderlues. Notre site retrace superficiellement l'étude ou plutôt la visite de deux enquêteurs en herbe qui se rendirent sur les lieux en 1980 déjà mais il est à présent question de réaliser une étude un peu plus fouillée, pour autant que cela soit possible si longtemps après !

Nous allons, si vous le voulez bien, commencer par nous baser sur ce que la littérature permet de trouver à ce propos sur Internet, nous comparerons ensuite à la lumière de nos connaissances actuelles, de nos recherches récentes et de notre expérience personnelle.

Journal du 20/07/1972

Voici donc l'histoire de "la maison d'Anderlues" : «Un étrange phénomène nous empêche de dormir depuis une huitaine de jours», me dit la famille Delabelle, qui demeure au 54, rue des Martyrs à Anderlues, près de Charleroi, en Belgique. Des coups dans le mur : la paroi de celui-ci parle.

En quelques heures, la peur a gagné tous les corons. Des milliers de personnes se dirigent vers le lieu hanté où, depuis une semaine, chaque nuit, résonnent des coups sourds. Cette foule, pour la première fois, est témoin de la colère d'un esprit. On traite toute la famille Delabelle de sorciers. Les gens scandent : «Dehors les sorciers, dehors... nous allons tous vous brûler.» (au XXè siècle, une telle réaction laisse songeur et permet d'imaginer ce que devaient être les choses au cours des siècles précédents !)

Terrorisée, cette famille se barricada, et ce n'est que deux jours plus tard que la police se rendit sur les lieux.

Le vendredi, à 21 heures, les enfants vont se coucher au premier étage de leur maison qui est encore nouvelle pour eux, puisque les Delabelle n'y habitent que depuis deux jours. Les parents sont au rez-de-chaussée, dans leur salle de séjour, lorsque, tout à coup, des coups intenses se font entendre. Les enfants, réveillés, hurlent et appellent leurs parents : «Venez vite, venez vite !» Ça vient du mur. Les Delabelle montent les escaliers et trouvent leurs enfants debout, fort excités ; aussitôt les coups recommencent avec plus de force. Après un rapide coup d’œil dans les deux pièces, on est obligé de se rendre à l'évidence : «Ça vient du mur». En effet, Léopold Delabelle découvre l'origine du bruit, et c'est bien de la cloison commune aux deux chambres des enfants que provient ce phénomène extraordinaire. Les parents tâtent le mur lisse qui leur fait face ; ils ne peuvent dominer le malaise qui s'empare d'eux. Soudain, le tapage cesse, et c'est dans la hantise que la nuit reprend ses droits.

Le calme plane de nouveau sur la maisonnette, les enfants dorment blottis l'un contre l'autre. Mais, en bas, les parents ne peuvent trouver le sommeil. A six heures du matin, Monsieur Delabelle, 43 ans, les yeux gonflés par la fatigue, sa veste de cuir jetée sur l'épaule, quitte sa demeure. Il est ouvrier aux fours à coke d'Anderlues. A son retour, le soir, il trouve sa femme très inquiète et, ensemble, ils décident d'inviter quelques amis à partager leur repas du soir. Il est 22 heures.

Tout à coup, des bruits d'une force incroyable envahissent la demeure. Un à un, les convives se regardent et s'interrogent. M. et Mme Delabelle se précipitent au premier étage, suivis de leurs invités et là, tous sont témoins d'un phénomène surnaturel... Chacun examine la maison, on fouille, on bouscule lits et meubles, sans résultat. Un des témoins de cet étrange phénomène sort de la maison, la contourne et ne trouve personne. Les bruits s'entendent à cinquante mètres à la ronde. Les voisins, réveillés, sortent en tenue de nuit sur les trottoirs. Parmi eux un policier, M. Théo Bughin, pénètre dans la maison. Constat de police. Léopold lui relate les faits et lui fait constater cette manifestation extraordinaire.

L'agent de police alerte le commissaire principal, qui se rend immédiatement sur les lieux, accompagné de plusieurs agents.

Ils fouillèrent la maison de la cave au grenier mais, de toute évidence, les bruits ne pouvaient provenir que de cette cloison en plâtre qui sépare les deux chambres des enfants. Puis, vers trois heures du matin, les coups perçus toute la nuit cessèrent.

Dans la journée qui suivit, des milliers de curieux étaient là, devant la demeure des Delabelle, un cordon de police empêchant la foule d'approcher. Enfin, vers 22 heures, le bourgmestre, accompagné du prêtre et d'un médecin, entrait dans le logis de Léopold. Chacun scrute le mur et, tout à coup, les bruits résonnent de nouveau. La stupeur envahit les autorités présentes. Madame Mathilde prend le bourgmestre par un bras et lui explique ce terrible mystère : «Depuis deux jours, à 22 heures, des coups semblables se font entendre à la hauteur du lit de ma fille aînée, âgée de 13 ans. Nous avons cherché d'où pouvaient provenir ces coups, mais ce fut inutile. Nous n'avons pas dormi jusqu'à trois heures puis, comme par enchantement, tout est redevenu silencieux.» Le curé du village chercha à apaiser la famille Delabelle, les assurant que le phénomène qu'ils avaient entendu n'était qu'autosuggestion. Pourtant, le prêtre reconnut que de ce mur émanaient des bruits insolites. «Les coups semblaient venir de l'intérieur du mur de cette chambre, ils étaient sourds et répétés. Cela m'a vivement impressionné.» Ces faits inexplicables et très étranges se renouvelaient tous les soirs, lumières éteintes, dans cette demeure de briques rouges semblables à toutes celles que l'on rencontre dans les corons du Nord.

Un médecin, expert en parapsychologie, et qui lui-même est venu dans cette maison, a déclaré : «Il m'aurait fallu un appareil très sensible, que je ne possède pas, pour détecter les ondes émises par la jeune Gisèle, âgée de 13 ans. Selon moi, ces coups et ces rumeurs seraient dues à un esprit ou à un spectre. Je pense que c'est une forme d'énergie.«animale», dont l'un des occupants de la maison serait la cause. Pour éliminer ces bruits, il suffit d'éloigner la personne mise en cause. Mais, pour les habitants de ce village, ces phénomènes restent obscurs.»

Le vendredi suivant, à 22 heures, la foule était considérable devant cette maison. Trois mille personnes environ, qui attendaient que les bruits mystérieux se manifestent. Le samedi matin, les autorités communales décidèrent d'abattre la fameuse cloison. A l'instant même où l'on abattait la cloison, on entendit une plainte lugubre s'échapper, se répercutant dans un rayon de cent mètres. Le seul lien entre les hommes et l'au-delà venait d'être rompu. Une chose est certaine : à Anderlues, la famille Delabelle n'a pas été victime d'une hallucination, puisque des milliers de personnes, ainsi que de nombreuses personnalités, furent témoins de ce phénomène surnaturel.

La maison hantée d'Anderlues

L'étude ultérieure du CERPI

Si nous commençons par le commencement, nous dirons tout d'abord que nous n'accordons qu'un crédit très limité aux journaux à sensation tels que "Nostradamus" (voir photo page précédente) et autres "France Dimanche" ou "Détective", etc. qui comportent sans doute un fond de vérité mais ont aussi l'art de broder pour vendre leur papier qui se veut à peu près tout ce que l'on voudra sauf réellement objectif. Bien sûr, nous nous sommes rendus sur place et à défaut d'avoir pu pénétrer les lieux (les propriétaires en ont plus qu'assez de répéter toujours la même histoire à des dizaines, voire des centaines de personnes, ils veulent surtout la paix et que l'on entende plus parler de cette affaire qui leur fut déjà assez pénible comme ça !) nous avons tout de même pu remarquer certains éléments troublants. Cependant, il faut distinguer la situation de 1972, celle de 1980 et puis celle de 2006 !

La photo visible ci-contre représente effectivement le 54 rue des martyrs à Anderlues, elle correspond tout à fait à ce que nous avons vu sur place, une maison toute en longueur, toute en pignon sur rue oserait-on dire et sans cet aspect sinistre que l'on confère souvent aux maisons hantées, atypique donc. Mais jusqu'ici cela ne veut strictement rien dire ! On nous a donc assuré qu'au moment des faits, lorsque les coups inexplicables se faisaient entendre, elle n'avait pas le même aspect, elle était beaucoup plus sinistre. Il est très possible que l'ambiance qui régnait alors et les phénomènes d'autosuggestion y contribuaient beaucoup, les imaginations galopaient.

Un détail vient cependant à l'esprit du détective : une demeure de briques rouges semblable à toutes celles que l'on en rencontre dans les corons du Nord ? Nenni ! Ces maisons sont généralement plus petites, avec une façade plus étroite, mais elles sont effectivement souvent en briques rouges. Or, ici, point de briques rouges, la façade est toute lisse. Seule la partie basse de la façade présente des briques... blanches. En fait, il s'agit plus que probablement d'un reliquat de l'ancienne façade qui devait effectivement se composer de briques rouges, mais tout cela est bien normal puisque l'on a abattu cette façade, nous a t'on dit... Hé bien non ! C'est là qu'il y a une première contradiction : il s'agissait d'une cloison de séparation entre les chambres et non de la façade.

Deuxième constatation, la porte d'entrée a été murée. Je me souviens parfaitement avoir sonné à cette porte et c'est là qu'on était venu nous ouvrir. C'était par la fenêtre du milieu que l'on entendait la musique (Born to be alive, One way ticket) et que nous avons vu, Théo et moi, une jeune fille assise nonchalamment sur l'appui de fenêtre. Et donc, actuellement, par où entre t'on dans cette maison, si ce n'est par l'arrière, via le portique métallique ?

Tout cela est de l'ordre du détail, chacun a le droit de faire des transformations chez lui, bien entendu. Cependant, mon attention ayant été attirée sur cette porte, cela m'a permis de remarquer qu'il existait jadis une petite loge dans laquelle devait se trouver une statuette, probablement une vierge, au dessus de cette porte. Il est étonnant qu'après un phénomène de hantise, on ait pris la décision d'enlever ce genre d'objet qui, superstitieusement ou non, est supposé accorder une certaine protection.

Allons plus loin dans le raisonnement (et que nos enquêteurs en herbe en prennent de la graine : vous voyez ce que l'on peut tirer de la seule observation d'une photo !) on remarque aussi que les deux fenêtres de droite à l'étage ne sont pas dans l'alignement par rapport à celle de gauche alors qu'au rez-de-chaussée elles le sont ! La maison actuelle est sans doute le fruit de la fusion de deux maisons plus petites qui existaient jadis. La famille comptant 8 enfants au moins, il est très possible aussi qu'elle ait encore été agrandie par la suite et que le garage situé à droite en fasse désormais partie. Dans ce cas on entrerait là grâce à la porte visible sur la photo, ce qui expliquerait la présence d'une boîte au lettres toute proche. Dans l'autre cas, ce serait assez logique puisque les occupants devraient alors parcourir toute la longueur de la façade pour aller relever le courrier alors qu'on aurait pu la fixer plus près ! Mais une autre logique voudrait aussi que si la maison actuelle résultait de deux maisons initiales, il devrait aussi y avoir deux cheminées au moins... Mais bien sûr, on a pu en supprimer une (ou deux). Imagine t'on d'anciennes maisons ouvrières, situées à proximité des terrils, chauffées initialement autrement qu'au charbon ?

Bon ! Cela nous amène au moins à une autre constatation : on nous a menti quant à l'origine des occupants ! En effet, on a prétendu qu'il s'agissait de gitans, gens réputés peu recommandables (hou ! le vilain a priori !), or on apprend que M. Léopold Delabelle travaille (ou travaillait) à la cokerie toute proche, voilà qui est peu compatible ! Pourquoi ce mensonge ?

Il y a un autre problème dans la narration des faits. Les coups se font entendre depuis huit jours, nous dit-on, ce qui empêche les occupants de dormir, M. Delabelle en tête. Pourtant, ils n'y habitent que depuis deux jours, puisque la maison est nouvelle pour eux, ils viennent d'y emménager ! Donc, soit le phénomène avait déjà commencé avant le déménagement et ils auraient importé celui-ci dans leurs bagages, soit le reportage ne date pas des premiers instants.

Il est également étrange que le spécialiste dépêché sur les lieux déplore d'une part ne pas disposer de l'appareillage propre à apprécier les ondes émises par la petite Gisèle (13 ans) tout en attribuant la cause du phénomène à un esprit ou à un spectre. Il faudrait que ce brave monsieur reste cohérent avec lui-même : ou bien il considère que la puberté joue des tours à Gisèle, comme cela peut se remarquer à cet âge, ou bien il trouve une explication extérieure. D'ailleurs, il préconise d'écarter la "responsable" des lieux pour que le phénomène cesse, comme si la chose était réalisable ! "Votre enfant provoque des poltergeists ? Débarrassez-vous donc de votre enfant" !
Ben voyons !

Le long cri lugubre qui devait provenir de la cloison désormais abattue par les autorités communales nous semble relever de l'affabulation, mais il est vrai que nous n'étions pas sur les lieux au moment des faits...

On remarque donc, aujourd'hui encore, de nombreuses zones d'ombre sur cette affaire qui défraya la chronique voilà plus d'un quart de siècle. Le curé de Bruyère ne nous a jamais avoué avoir été sur les lieux, encore moins avoir sué sang et eau avant de monter à l'étage, comme envahi par une crainte subite face à un ennemi invisible et puissant. Il s'est contenté d'évoquer l'autosuggestion et de traiter les locaux de "simplistes" ou de "superstitieux", ce qui ne l'a pas empêché d'être très impressionné. Au point de nous mentir.
Voilà qui n'est pas bien, surtout pour un curé.
Mais il est vrai que si on enlève les statuettes...

Le temps qui passe c'est la vérité qui s'enfuit", aurait dit le docteur Edmond Locart, de la police scientifique de Lyon. Et c'est bien vrai. Si longtemps après les faits, il n'est guère possible d'encore trouver des explications plausibles, même les narrations sont contradictoires.

Il nous faut encore citer un dernier point avant de clôturer ce dossier, mais disons le tout de suite, il n'apportera certainement pas la solution : les Delabelle prennent la décision plutôt bizarre d'inviter des voisins à partager leur repas du soir... à 22 heures ! Chacun fait comme il veut chez lui, bien sûr. Or, il s'agit de l'heure "fatidique", celle qu'ils ont déjà remarquée comme étant celle où se déclenchent les bruits. Avaient-ils donc besoin de quelqu'un pour les rassurer ou bien pour colporter l'affaire, comme un... bruit qui court ?
La police mettra deux jours à venir sur place. Voilà qui n'étonnera guère les ressortissants belges habitués à se faire trucider tranquillement, à ce que des inspecteurs ne trouvent strictement rien devant des preuves flagrantes. Pensez ! Il aura fallu que les Delabelle se barricadent contre la vindicte populaire (pour mieux s'isoler aussi et rester profondément seuls au prises avec le mystère, belle situation !) avant que la police ne vienne placer des barrières Nadar et assure leur protection (contre l'extérieur !). Mais quand le bourgmestre se décidera à agir (lui qui est pourtant le chef de la police), il viendra en compagnie du prêtre ! Voilà qui est un comportement pour le moins singulier car d'une part les autorités prennent rarement cette initiative (notamment pour des raisons politiques) et d'autre part il ne semble pas que les Delabelle aient été questionnés quant à leurs confessions religieuses - or, comme ils sont nouveaux dans la localité, il était difficilement imaginable qu'on ait pu les remarquer soit à l'église, à la synagogue, la mosquée...

Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Quant à nous, bien plus tard, c'est de la part de feu Jean-Luc Vertongen, ancien chef du réseau d'enquêtes de la SOBEPS que nous allions recevoir une hypothèse parfaitement inattendue car nous pensions que l'éminent personnage en question était plutôt spécialisé en matière d'ufologie alors que ce qu'il allait nous révéler relève en fait du surnaturel. Il prétendit en effet, lors d'une réunion importante qui se déroula à Bruxelles, en l'établissement "Le Dynastie", que des coups furent portés à la cloison maudite et ce en des endroits bien déterminés. Nous ne pouvons plus préciser s'il s'agissait de coups de poing, de marteau, de pioche, etc. Ce qui est particulièrement étrange c'est que la propriétaire se présenta un peu plus tard avec sur le visage, des blessures respectant strictement les endroits frappés sur la cloison. Une coïncidence incroyable ou un cas de sorcellerie ? Rappelons enfin à ce sujet que l'un des invités très sérieux de l'émission de Bauduin Cartuyvels, consacrée alors à l'affaire d'Arc-Wattripont, prétendait, disons même : "affirmait" que la magie noire existait. Nous n'épiloguerons pas sur ce sujet, nous contentant de ce qu'ont raconté des personnes dignes de confiance.

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