Centre d'Etudes et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

 

Affaires macabres

JEAN D'OSTA N'AVAIT PAS LES YEUX EN FACE DES TROUS.

En 1977, ce prestigieux journaliste bruxellois et grand amoureux de sa ville, publia un livre fort intéressant : "Notre Bruxelles oublié."

Ce livre nous parle du passage des postes, de la rue de la puterie, d'Esther Deltenre, des vieux métiers de jadis, de la gare du Nord, bâtiment harmonieux, agréable à voir car bien équilibré. (J'ai connu cette gare vers 1952,1953.)

Tout cela a disparu, dans le courant des années cinquante, ou soixante, car il était de bon ton d'aimer le plastique, le béton et autres meubles modernes aux pieds écartés.  Oui : au diable les vieilleries ! Un avenir radieux nous attend !

En lisant ce livre fort documenté, je trouvai à la page 80 un récit vraiment horrible, décrivant 
la tragédie d'une petite fille de 8 ans, découverte rue des hirondelles, les jambes amputées

Il s'agissait de la petite 
Jeanne Van Calck, assassinée le 7 février 1906.
Tout comme Jean d'Osta, j'ai cherché au 
cimetière de la ville de Bruxelles la sépulture de la pauvre Jeanne.  Et dans ma promenade j'ai trouvé une tombe "art nouveau" au bas de laquelle était indiqué : "Erigé par souscription publique".

Convaincu d'avoir facilement découvert la tombe recherchée, j'examinai les inscriptions.
Il était question de l'année 1907 et d
'une fillette nommée Anne, ou Annette Belot, qui connut aussi un destin épouvantable.
En effet, elle fut étranglée par un pédophile dans la campagne d'Anderlecht.
La tombe a été vandalisée par un voleur de bronze, car une allégorie du chagrin a disparu pour aller au mieux chez un antiquaire ou, au pire,  la fonderie...pour du fric.

Au sujet de Jeanne Van Calck, une de mes clientes, Feu Mme Georgette Fallyer, dame cultivée et intelligente avait une hypothèse à ne point dédaigner.
Françoise Van Calck, la mère de la petite Jeanne, était une mère célibataire qui se prostituait parfois.
Elle avait dans ses relations une dame proxénète.

Cependant, elle prostituait aussi sa fille auprès d'un pédophile fortuné en lui faisant croire qu'elle devait se faire examiner par "Monsieur le docteur."  Et ce dernier était tellement gentil avec elle...   Oui, il offrait des friandises !
Et naïvement, la petite Jeanne se rendait avec régularité chez le gentil médecin.

Le 7 février 1906, Jeanne devait se rendre chez Mr le docteur.  Mais ce dernier était déjà là, en rue.  Oui, il attendait la petite fille, car il voulait ardemment (ab)user de ses charmes, et pour cela aller (Peut être) dans une autre habitation, où il y avait pour Jeanne des friandises, de bonnes tartes, des gâteaux.

La fillette se régala de ces bonnes choses.  Mr le docteur, abusa ensuite de la petite Jeanne.
Elle eut certainement mal et le pédophile lui conseilla alors de boire un "médicament".  C'est à dire de l'alcool à 50°.
La pauvre petite, déjà sous le choc d'une douleur sexuelle, but docilement un petit verre d'alcool fort, lequel provoqua un intense vomissement qui pénétra dans les voies respiratoires de Jeanne et celle-ci mourut alors étouffée.

Quelques jours après la découverte du corps incomplet, les deux jambes furent découvertes à Laeken, ainsi que les chaussures.
L'examen du corps se fit à l'hôpital St Pierre, le médecin légiste se déclara étonné par la qualité de la désarticulation des jambes.

Le pédophile devait être un boucher, un médecin, un chirurgien.
Oui, mais aussi peut-être un cuisinier, homme capable de bien dépecer un animal, mais aussi capable de réaliser de bien bonnes pâtisseries de par sa haute compétence.

L'enquête constitue pour toute personne intelligente "L'APOTHEOSE" de la stupidité.
La presse de l'époque réalise que c'est la vérité.  Un avocat français se penche sur cette énigme et fait publier un livre de plusieurs centaines de pages où il stigmatise l'ahurissante incurie de la police de Bruxelles.

L'enquête piétine, n'aboutit à rien. POURQUOI ?  

Car le meurtrier est un personnage important. Un noble, un militaire, un religieux haut placé, bref : un grand personnage de la société nantie de l'époque.  "J'ai même envisagé la culpabilité du roi Léopold II (car c'était un fort grand lubrique, immensément riche.)" écrira l'avocat.

Deuxième hypothèse : Françoise Van Calck, afin d'éviter l'opprobre, le mépris des gens, se tait, n'avoue rien et joue la comédie de la maman éplorée.

Quant au meurtrier involontaire, il se tait bien sûr.  Il y a donc un accord tacite entre les deux parties.
Cela me semble être un bon raisonnement.  BRAVO MADAME FALLYER !

Dans l'enquête, la police n'a pas assez questionné les enfants, par la bouche desquels seraient sorties des vérités.
Questions : Comment était habillé le Monsieur ?  Avait-il une barbe, une moustache ?  Quel âge avait ce Monsieur ?  Comment était son visage ? (Portrait robot.)
Il fallait enquêter au sujet de la mère, de son train de vie, de sa morale.  Il fallait aussi enquêter au sujet des grands parents, d'un livret d'épargne éventuel,  au nom de la petite Jeanne peut-être. (Enquêter auprès des banques.)

Avec le portrait robot, il fallait questionner des pâtissiers de Bruxelles afin de repérer un acheteur suspect, expliquer la composition des pâtisseries.  Il fallait agir de même aux cuisines des restaurants, des hôtels.

A présent, il est bien trop tard à mon avis pour découvrir le meurtrier, décédé depuis longtemps.
Mais sachez bien ceci : Ce n'est que récemment que fut découverte l'identité de Jack l'éventreur.  Car,  sur le châle ensanglanté de la 4ième prostituée, il avait laissé des taches de son sperme.  Le tueur était fiché comme suspect.  On réalisa l'examen A.D.N de sa semence de 1888, on examina ensuite l'A.D.N. de ses descendants actuels.  Et 
il s'avéra que Jack l'éventreur était un barbier provenant de Pologne.

Si vous désirez voir la tombe de la fillette, allez au cimetière de la ville de Bruxelles.(Evere)
Empruntez l'allée centrale qui vous mènera au rond-point des bourguemestres.
Arrivé là, prenez l'avenue N°3 et regardez toujours à droite.
A mi chemin, vous verrez une une tombe chapelle, qui a à son entrée deux grands sapins de la variété if.
Marchez encore deux pas et après le sapin de gauche, vous verrez la petite sépulture encore fleurie de géraniums par de gentilles personnes.
La croix sur laquelle est sculpté le visage de la fillette n'est pas bien propre.  Elle sera enduite prochainement d'eau de javel, afin de la blanchir, d'enlever un début de végétation (La mousse)
Le lendemain, je rincerai à l'eau pure la croix bien blanchie.
Pour le bureau, la tombe porte le N°2628.

J'espère que mon long texte vous a plu.

Oncle Edmond :L'homme de la situation.

 

LES REMARQUES DU CERPI

Nous remercions l'oncle Edmond pour ce nouveau récit, quelque peu inhabituel par son caractère macabre, mais après tout le CERPI ne peut - au travers de ses recherches portant quelquefois sur l'au-delà - éviter cet aspect assez glauque qui est aussi une triste réalité.  Nous remercions aussi oncle Edmond car, en tant que gentilhomme, il a aussi le courage de rendre un peu de dignité aux sépultures là où d'autres (sombres) individus s'emploient à les saccager ou les vandaliser !  Autant nous recommandons à nos enquêteurs en herbe d'éviter les cimetières (notamment dans le cadre de recherches sauvages qui risqueraient d'être mal interprétées) autant, dans le cas présent, nous ne pouvons que citer l'auteur des histoires vraies de l'Oncle Edmond en modèle !

Jean d'Osta n'avait peut-être pas les yeux en face des trous, comme le prétend notre narrateur, mais en tous cas il était l'inventeur ou, disons, le père spirituel du fameux Jef Kazak dont nous nous souvenons dans notre période bruxelloise (le GESO, c'est-à-dire l'ancêtre du CERPI, était situé à Bruxelles !)  

Ce Jef Kazak nous a bien fait rire et, ce qui était encore plus savoureux, c'était que les articles concernant ses histoires étaient rédigées en bruxellois.

Nous avons trouvé quelque sketch en guise d'illustration. Jef au tribunal...

Revenons-en toutefois à un sujet beaucoup moins amusant, celui de Jack l'éventreur.  Notre ami Edmond va peut-être trop vite en besogne en désignant le barbier polonais comme étant l'auteur des crimes commis par "Jack l'éventreur".  Par contre, il a raison de souligner le fait que les procédés actuels peuvent parfois permettre d'élucider des énigmes survenues dans un passé lointain.  Il convient cependant de rester prudents dans le cas de la célèbre affaire londonienne car de solides objections s'élèvent contre la culpabilité de Kosminski (c'est le nom du suspect polonais).  En effet, selon certaines sources le policier qui aurait pris possession du châle n'aurait pas non plus été à Londres en temps utile.  Le châle lui-même aurait été daté d'une époque incompatible avec les événements (époque édouardienne et non victorienne et donc ultérieure)  En outre, il semble y avoir confusion ou conclusion hâtive entre ADN nucléaire et mitochondrial.  Dans ce cas, la culpabilité pourrait être transférée sur un potentiel de quelques 400 000 autres personnes.  Tout cela sans compter sur la possibilité d'une contamination croisée de la pièce examinée.   L'hypothèse d'Edmond (ou plutôt relevée par ce dernier) est certes intéressante mais n'apporte pas encore la preuve définitive tant attendue et reste donc discutable.