Il est bon de rappeler ici avant tout que le CERPI est un site qui se base sur le scepticisme.
En aucun cas nous ne croyons quoi que ce soit : on ne croit rien, on étudie, comme bien stipulé dans le nom même de notre organisme. On étudie et on recherche.
Et que recherche-t-on ? Eh bien c'est simple : la vérité quelle qu'elle soit. Peu importe à qui cette vérité puisse plaire ou déplaire, ce qui nous importe
c'est la vérité vraie !
Cela passe par certains principes d'études ou de recherches que nous exposons ici, qui sont bons à savoir en général et en particulier pour nos enquêteurs, comme pour nos détracteurs...
SOMMAIRE
Le rasoir d'Ockham - Voir ci-dessous dans cette page
Le rasoir d'Ockham ou rasoir d'Occam, aussi appelé (entre autres) "principe d'économie", est un principe tiré de la philosophie et se voulant méthodologique en prônant la simplicité par la non multiplication des entités ou la priorité à l'hypothèse suffisante la plus simple.
Édicté de cette façon, ce principe ne semble avoir de simple que le nom et, à notre avis, c'est aussi le cas car, en fait, on se donne beaucoup de mal à vouloir faire en sorte que les choses soient simples tout en s'apercevant que dans certains cas, à trop vouloir les simplifier on finit par les compliquer ou à prendre des risques. Mais avant de nous envoler dans de hautes considérations (dont vous nous remercierez de vous en faire grâce), il convient tout d'abord de voir, le plus simplement possible, de quoi il s'agit. Or donc, on pourrait résumer le rasoir d'Ockham comme suit :
Si, confronté à un problème, ce dernier présente, afin d'être expliqué, deux (par exemple) hypothèses suffisantes, on choisira la plus simple comme étant la plus vraisemblable. Une autre manière de formuler les choses (sans entrer dans les traductions latines authentiques ou non identifiées) serait : "pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?"
La tendance scientifique impliquerait de suivre ce raisonnement d'heuristique fondamentale mais si son principe y est le plus généralement valable (avec toutefois des exceptions dès le départ, comme dans le cas des axiomes d'Euclide) est-il pour autant également valable, par exemple, en parapsychologie ? Nous serions tentés de répondre "a priori, oui", mais nous serions alors directement sous le coup de l'objection aprioristique. En effet, ce sont bien souvent ces mêmes apriorismes qui se présentent comme autant de freins à la solution de l'énigme. D'autre part, de nombreux phénomènes parapsychologiques se soustraient apparemment aux lois scientifiques telles que la répétabilité, notamment parce que leurs principes causaux, déjà difficiles à établir, se montrent instables ou dépendant de contextes particuliers. Si, en plus, la résolution du problème nécessite le recours à un nouveau paradigme, nous pouvons gager que - dans un premier temps au moins - la solution la plus simple ne sera pas forcément la moins compliquée ni la plus logique la plus admissible.
D'ailleurs, si le rasoir d'Ockham est efficace pour obtenir une bonne théorie prédictive, il ne garantit aucunement la justesse d'un modèle explicatif. Notamment le rasoir d'Ockham présente le risque de tenter de négliger la différence entre causalité et corrélation, deux points sur lesquels il nous faudra revenir.
Passons sur le principe Shadock qui poserait : "pourquoi faire simple quand on peut tout compliquer ?" et faisons nous l'écho d'un Dan Simmons qui disait : "Toutes choses étant égales par ailleurs, la solution la plus simple est généralement une ânerie", ou d'un Mencken pour qui : "Pour chaque problème complexe, il existe une solution simple, directe... et fausse".
Enfin, si l'on doit considérer qu'il faut abandonner, dans certains cas du moins, le principe du tiers exclu, alors l'articulation logique de certaines démonstrations pourrait se trouver faussée de telle sorte que la simplicité d'une hypothèse serait elle-même remise en question et, par là, le rasoir d'Ockham lui-même dans son concept de base. Peut-être faut-il considérer que lorsqu'un nouveau paradigme sera maîtrisé de manière totalement fonctionnelle et non plus uniquement théorique, alors avec le recul de l'expérience et de la mise quotidienne en pratique les nouveaux principes, apparaissant auparavant comme très complexes deviendront d'une grande simplicité. Il ne nous semble pas totalement interdit de penser qu'à l'inverse les anciens principes paraîtraient alors d'une redoutable complexité.
On conviendra toutefois qu'il faille être très prudent, d'une manière ou d'une autre, avec ce type de considérations.
Comme on le voit dans ce bel exposé, il ne faut pas prendre les choses au pied de la lettre. La possibilité que les trois affections trouvent leur origine dans trois maladies différentes n'est pas exclue mais il est plus raisonnable, si on en dispose, de privilégier la maladie qui expliquerait à elle seule les trois affections.
Dans le second cas, un tantinet ironique, l'être masqué aurait l'air fin si la souris extraterrestre s'était bel et bien téléportée et que, en plus, le chat était végétarien ! Cependant, il tombe sous le sens que l'explication la plus vraisemblable serait que le chat aurait mangé la souris. Le problème aurait été moins simple avec un serpent et une mangouste. Le zététicien aurait aussi rencontré quelques problèmes si, en ouvrant la boîte, il ne serait resté que la souris (laquelle aurait donc mangé le chat ?) mais nous supposerons bien entendu que ce ne sera pas pour demain la veille...
Si on en revient au premier cas, on trouvera sans doute des occurrences dans lesquelles le patient sera pourtant bien atteint d'un polytraumatisme ou de plusieurs maladies. Il devra alors retourner consulter, éventuellement deux fois car le deuxième médecin qui appliquerait le même principe supposerait qu'il n'y aurait qu'une deuxième (c'est-à-dire une pseudo-seconde) maladie en cause. Moralité, la simplicité du rasoir d'Ockham ferait très bien les affaires du corps médical mais très peu celles du patient.
Or, combien connaissez-vous de personnes qui se plaignent d'avoir fait la boule de flipper entre trente-six spécialistes de la médecine, peut-être pour ne même pas en ressortir guéries ? C'est donc bien ce que nous disions : le principe est évidemment valable à la base, mais il rencontre ses limites dans l'expérience même et dans une proportion qui ne semble pas négligeable.
Il est donc bon de connaître ce principe mais ce dernier ne doit pas se présenter comme une loi tyrannique.
L'effet Barnum
L'effet Barnum doit ce nom au psychologue Paul Meehl en référence à Phineas Taylor Barnum pour les talents de manipulateur de cet homme de cirque. Henri Broch l'a appelé "effet puits". C'est pour lui l'une des armes majeures de la zététique.
L'effet Barnum consiste, en gros, à proposer des généralités - valables pour un grand nombre d'individus - mais que les intéressés prendront spécifiquement à leur compte. C'est notamment le cas de nombreux horoscopes et l'une des raisons pour laquelle tant de personnes y croient, sans se douter qu'il s'agit simplement d'un biais subjectif. Ce dernier induit l'acceptation d'une vague description de la personnalité d'un individu comme la sienne propre.
Cet effet, aussi appelé "Effet Forer", du nom du psychologue Bertram Forer suite au test analytique qu'il avait proposé à ses élèves en 1948, porte aussi les noms de : "effet de validation subjective" ou "effet de validation personnelle".
Le CERPI, dans sa position officielle, ne croit absolument pas aux horoscopes mais n'interdit personne de les lire, simplement pour l'amusement. Le danger réside dans le fait d'en faire une fixation, de faire dépendre sa vie des prédictions, bref : de trop y croire. Certains ont beau savoir que cela ne repose sur rien ils ne peuvent s'empêcher d'y accorder de l'importance. A force de chercher des concordances dans la vie de tous les jours, on finit par en trouver - sans se douter que quelque part on les fabrique un peu.