Centre d'Etudes et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

Il n'est guère besoin de s'intéresser à l'inexpliqué pour avoir entendu parler des âmes. Les religions en font grand cas et l'on considère généralement l'âme comme une partie immatérielle de l'être humain, attachée à l'enveloppe corporelle durant la vie et s'en détachant à partir de la mort. A partir de là, tout devient théoriquement possible : ces âmes se transforment en fantômes, ou bien communiquent avec les vivants par quelque intermédiaire tel que les moyens mis en œuvre dans la transcommunication instrumentale, hantent les vieux châteaux délabrés en Ecosse ou les beaux châteaux de France (à moins que ce soit le contraire !), les vieilles bâtisses lugubres à la réputation sulfureuse, deviennent éventuellement des démons, etc.

Il n'est donc pas nécessaire d'épiloguer longuement sur le sujet, en principe bien connu, tant il est vrai que le terme est très générique et que vous rencontrerez ces "entités" sous des formes très différentes et variées portant d'innombrables noms différents. Il existe pourtant une considération souvent méconnue, même des chercheurs du domaine.
En Bretagne, par exemple, nous dit Edouard Brasey dans sa petite encyclopédie du monde merveilleux, les âmes en peine se nomment Anaon, particularité locale, donc. On parle donc de l'ensemble des morts ou des trépassés (c'est la même chose !) qui sont condamnées à errer sur terre jusqu'au moment où sonnera l'heure du Jugement Dernier.
Bon, OK. Il n'y a jusque là pas grand chose de différent par rapport à ce que nous connaissons, en passant par la conception d'un certain purgatoire, mais cela change à partir du moment où l'on apprend que leur pénitence consiste à rester agenouillées sur une sorte de prie-Dieu composé d'un gros caillou pointu et ce jusqu'à ce que leur punition soit accomplie et la sentence levée. Pas très marrant, mais qui sommes-nous pour juger, surtout sans savoir quelles furent les méfaits commis par ces personnes durant leur vivant ? Toujours est-il que cette peine peut s'éterniser ou plutôt durer très longtemps. Seulement voilà, la "réglementation en la matière" voudrait que si ces âmes en peine sont dérangées par un importun, elles doivent alors tout reprendre à zéro, depuis le début, même si leur pénitence durait déjà depuis des siècles, même si elles en étaient arrivées à leur dernier jour de pénitence... Charmant !

On peut donc parfaitement concevoir qu'elles ne soient pas vraiment de bonne humeur le cas échéant. Dans ce cas, elles se transforment alors en fantômes agressifs qui châtient cruellement les responsables de leur tourment. On recommande donc, dans les situations susceptibles de déranger des âmes en peine, de faire du bruit longtemps assez à l'avance pour les avertir et leur permettre de se retirer. Dans d'autres cas, on précise qu'il faut dire : "Si l'Anaon est là, paix à son âme !"

Il y a un point qui dérange dans cette affaire. En effet, malgré l'avertissement prononcé par les promeneurs, les âmes en peine sont néanmoins perturbées dans leurs occupations. D'autre part, si on leur permet de s'éloigner, en revanche on les oblige malgré tout à quitter leur gros caillou pointu. Dès lors, on ne sait pas trop ce que cela change. Mais nous n'insisterons pas puisque cela risquerait d'encore compliquer les choses chez ces âmes en peine et nous ne voulons pas avoir affaire à ces spectres vengeurs !
Il existe quantité de légendes ou superstitions de ce genre, qui imposent certaines précautions à prendre par les vivants afin d'éviter le courroux des âmes en peine. Dans certains cas, on recommande même de leur réserver un peu de nourriture du repas faute de quoi l'âme pourrait revenir hanter les lieux sous différentes formes. Décidément, s'il est vrai qu'il est rare que l'on puisse vraiment être tranquilles ici bas, apparemment ça ne s'arrange même pas au delà de la mort ! C'est bien la peine...