Centre d'Etudes et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

Les incubes et succubes par rapport à la paralysie du sommeil

Les études concernant les incubes et les succubes, ainsi que la paralysie du sommeil ne manquent pas. L'on s'accorde principalement sur le caractère cosmopolite de ces manifestations, pour le reste il est facile de constater que l'on navigue dans l'à peu près, le n'importe quoi, les contradictions flagrantes et seul l'aspect documentaire subsiste. En fait, le chercheur du CERPI comme les investigateurs et autres exorcistes feront bien de prendre ces connaissances en ligne de compte pour ce qui est des notions qui se sont fait jour mais d'analyser au cas par cas. Nous regroupons ci-dessous une imposante partie de cette documentation avec nos annotations.

• Selon Bloch et Wartburg, le mot incube apparaît vers 1372. Il dérive du latin classique inc-, « sur», et -cubare, «coucher», donc: «couché sur». Pourtant Saint-Augustin (354-430) désignait déjà l'incube dans La cité de Dieu - (NDLR : en fait, l'origine des incubes et des succubes remonte manifestement à la nuit des temps. Aucune contradiction à ce sujet par rapport à nos études et objectifs puisque l'on peut tout aussi bien supposer que les démons (sexuels et autres) existent depuis les temps les plus reculés (en fait les origines mêmes) et que la paralysie du sommeil a pu toucher les premiers hommes) :
Beaucoup assurent avoir expérimenté ou avoir entendu dire par ceux qui l'avaient expérimenté que les sylvains et les faunes (ceux que le vulgaire appelle incubes) se sont souvent présentés à des femmes et ont consommé l'union avec elles ; aussi, vouloir le nier paraît de l'impudence. (NDLR : dans ce cas le jugement ne tient pas compte de la crédibilité des témoins, ni bien sûr des avancées modernes relatives à la paralysie du sommeil, en outre le fait de donner un autre nom aux démons ou entités ne change rien au problème si ce n'est que le terme "incube" apparaît désormais dans un cadre générique)

• On trouve également une référence plus ancienne à l'incube sous la forme enquibedes dans le Merlin-Huth (ou Suite de Merlin) attribué à Robert de Boron (ou de Borron). L'auteur fait ainsi de Merlin le fils d'un démon incube :
Je voil que tu saiches et croies que je sui filz d'un ennemi qui engingna ma mere, et cele meniere d'enemi qui me conçut a non enquibedes et sont et repairent en l'air.
Ce passage a été ainsi traduit par Henri de Briel :

Sache que je [Merlin] suis le fils d'un démon qui a possédé ma mère par ruse. Les démons qui peuvent engendrer s'appellent Ekupedes et vivent dans les airs. (NDLR : nous pensons, pour notre part, que Merlin ainsi traduit, fait allusion au caractère intangible des démons par leur lieu de résidence. Il veut donc dire qu'ils sont immatériels puisque vivant au monde des esprits. Les temps concernés faisaient en effet un usage abondant de la métaphore, principalement pour des sujets aussi tabous que le sexe. Le fait que ces démons puissent éventuellement se matérialiser (en toute logique) est ici tacitement sous-entendu.)

Le terme incube est à l'origine utilisé spécialement par le monde ecclésiastique. Une description détaillée est présente dans le Malleus Maleficarum, traité d'inquisition en 1486 :

Par des démons pareils, les actes sexuels de l'impureté la plus honteuse sont commis, non pour le plaisir mais pour l'infection du corps et de l'âme de ceux dont ils se font incubes et succubes. Ensuite au terme d'un acte pareil, conception et génération parfaites peuvent être réalisées par des femmes : ils peuvent à l'endroit requis du ventre de la femme approcher la semence humaine de la matière préparée pour elle. Tout comme ils peuvent recueillir des semences d'autres choses pour d'autres effets. Dans de telles générations, ce qu'on attribue au démon, c'est seulement le mouvement local et non la génération elle-même, dont le principe n'est pas la puissance du démon ou du corps par lui assumé, mais la puissance de celui de qui est la semence. D'où l'engendré est fils non du démon mais d'un homme. (...)

Un démon succube prend la semence d'un homme scélérat, un démon proprement délégué près de cet homme et qui ne voudra pas se faire l'incube d'une sorcière. Il donne cette semence à un autre démon détaché près d'une femme, une sorcière ; et celui-ci, sous une constellation qui lui est favorable pour produire quelqu'un ou quelqu'une capable de maléfices, se fait l'incube d'une sorcière.
Ce problème de la génération issue de l'union d'un incube et d'une femme n'est cependant pas issu de Heinrich Kramer (alias Henri Institoris) et Jacques Sprenger, les auteurs du Malleus, puisque Saint Thomas d'Aquin (1225-1274) en parlait déjà dans Somme théologique. (NDLR : on remarque ici l'ambivalence du rôle des incubes ou succubes. On pourrait interpréter les choses de telle manière que le mot incube désigne l'intermédiaire du démon qui permettrait le transfert de la semence, tandis que dans l'esprit général, l'incube est le démon actif instigateur du commerce charnel, le succube étant son penchant femelle. Dans le cadre de notre étude, toutefois, cela n'a guère d'importance, le but étant de débattre de leur existence et de leurs manifestations, pas des procédés exacts. Ceux-ci sont néanmoins édifiants et leur étude ne doit pas être négligée car elle peut aboutir à de nouvelles interprétations).

Son usage en théologie est encore présent en 1850 puisque D. Ren. Louvel, vicaire général de l'évêché d'Évreux et supérieur du séminaire de Sées, écrit ceci dans son Traité de chasteté à l'usage des confesseurs :
Les théologiens classent ordinairement parmi les actes de bestialité l'accouplement avec un démon, soit incube, soit succube, infamie d'autant plus coupable qu'à l'infraction des lois de la nature vient se joindre le sortilège, puisqu'il y a commerce avec l'ennemi irréconciliable de Dieu. Il y a en outre parfois inceste, sacrilège ou adultère, selon que le démon ait pris la forme, soit d'une proche parente, soit du mari, soit de la femme. Quoi qu'en dise saint Ligori, toute excuse parait impossible, et quiconque consent à coucher avec un démon, de même que le mari qui couche avec sa femme, uniquement à cause de sa beauté, commet le crime d’adultère. (NDLR : l'Église va ici beaucoup plus loin que nos considérations actuelles, peu habituées il est vrai à faire référence à des démons. De nos jours encore, l'adultère est considéré comme "péché mortel". Dans le cas présent il est compliqué et aggravé par un commerce avec le diable. Nul doute, bien entendu, que des chrétiens des premiers temps aient voulu se défendre de relations "simplement" coupables en mettant les faits sur le dos de prétendus démons. L'argument était d'autant plus facile que ceux-ci sont supposés pouvoir prendre n'importe quelle apparence, y compris donc celle du conjoint. Dans cette optique, on peut aussi comprendre facilement que l'Église des premiers temps ait catalogué l'ensemble de ces relations comme d'origine diabolique ou démoniaque)

Des considérations théologiques, le terme incube est passé dans le domaine médical progressivement, pour désigner le cauchemar :
Johann Weyer (1515-1588) consacre un chapitre à l'illusion de l’incube :
Tous ces accidens procedent de la chaleur diminuee: & se font lors que les esprits animaux qui habitent dedans le cerveau, sont tellement offusquez par les vapeurs, qui montent & procedent du phlegme & de la melancholie, que leur vertu en est oppressee
Il cite le cas d'une religieuse de quatorze ans qui couchait toutes les nuits avec Satan, et commente ainsi (tout comme Henri Corneille Agrippa) ses débordements nocturnes : Les femmes sont mélancoliques, qui pensent faire ce qu'elles ne font pas. (NDLR : l'allusion est ici très claire : les hallucinations sexuelles subies par les témoins proviendraient essentiellement de leurs frustrations sexuelles, lesquelles modifieraient évidemment l'état d'esprit en conséquence. De là à attribuer cela à la paralysie du sommeil "moderne" il n'y a qu'un pas, en ne perdant pas de vue qu'on ne la connaissait pas à l'époque mais que le principe était évidemment déjà présent. Mais en y réfléchissant de plus près, on conçoit que les démons appliqueraient un système bien connu de Dame Nature, celui de l'élimination des faibles ou leur exploitation. Il est plus facile de "séduire" une personne "en manque" qu'une autre en plein dynamisme sexuel comblé, d'autre part il est aussi plus glorieux et valorisant (pour les démons) d'obtenir gain de cause auprès de religieuses, puisqu'elles sont les représentantes de leur adversité)

De même Martín Antonio Delrío (1551-1608) en parlant des incubes, succubes et démons : L'oppression toutefois, et quasi suffocation ne provient pas toujours de la part de ces démons, aussi bien souvent d'une espèce de maladie mélancolique que les Flamands appellent Mare, les Français Coquemare et les Grecs Ephialtes, lorsque le malade a opinion d'un pesant fardeau sur la poitrine, ou d'un Démon qui veut faire force à sa pudicité. (NDLR : allusion du même type, qui dénote à tout le moins que les gens de l'époque faisaient très bien la distinction entre une cause organique, psychologique et donc médicale et l'intervention d'entités malveillantes. Ce qui tend aussi à prouver l'existence de ces dernières ou en tous cas de manifestations ne pouvant pas s'expliquer par ces causes...)

Ou encore Scipion Dupleix (1569-1661) parle indistinctement de l’Éphialtès des Grecs et de l'incube des latins lorsqu'il dit :
La commune opinion est que cela procède de la voracité & crudité des viandes que l'estomach surchargé ne peut digérer : d'où s'exhalent des vapeurs lesquelles estoupant les conduits de la respiration & de la voix nous travaillent en sorte qu'il semble qu'on nous suffoque par le surfais de quelque gros fardeau. (NDLR : on suggère donc ici que tout ne serait qu'une question de digestion, argument très faible et insuffisant)
Dans le Dictionnaire Furetière édition 1690 :
CAUCHEMAR. s. m. Nom que donne le peuple à une certaine maladie ou oppression d'estomac, qui fait croire à ceux qui dorment que quelqu'un est couché sur eux : ce que les ignorans croyent estre causé par le malin Esprit. En Latin Incubus, Ephialtis en Grec.
C'est Dubosquet Louis en 1815 qui va s'attacher, dans sa thèse de médecine, à faire remplacer le terme incubus par cauchemar et, à sa suite, les dictionnaires de médecine utiliseront cauchemar. (NDLR : cette information est intéressante pour la dialectique. On ne peut douter que nombre d'impressions hallucinatoires soient le fait de cauchemars, c'est-à-dire de simples "mauvais rêves". On se demande toutefois bien comment ce point parviendrait à expliquer, le cas échéant, qu'un cauchemar ait permis l’enfantement ! Encore faudrait-il que ces points soient confirmés. Or, justement, nous allons en trouver des exemples historiques plus loin).

• On retrouve la trace de l'incube dans l'arabe littéraire ancien (période de naissance de l'islam) qui est défini ainsi : un esprit mâle qui prend les femmes pendant leur sommeil. Le terme vient d'un verbe signifiant prendre dans ses bras avec une forte connotation de maternage, un des termes dérivant de ce verbe est le nom crèche.
• Avant les chrétiens il existait chez les Grecs la notion de sommeil du Temple ou incubatio qui consistait en l'union d'un Dieu et d'un(e) mortel(le), notamment dans le cadre du traitement de la stérilité.
• La mythologie a laissé quelques traces de l'union entre un démon/divinité et une mortelle, notamment par le caractère remarquable du fruit de ces unions :

-Alexandre le Grand passe pour être le fils de l'union entre Olympias et Zeus : Olympias eut l'impression, durant la nuit où ils s'unirent dans la chambre, que la foudre avec le tonnerre lui tombait sur l'estomac (Wilhelm Heinrich Roscher citant Plutarque dans Vie d'Alexandre)
-Auguste, fils d'Apollon et d'Atia Balba Caesonia
Suétone, Vie des Douze Césars, Vie d’Auguste : Dans les « Recueils d'aventures divines » d'Asclépias de Mendès, je trouve l'histoire suivante. Atia, s'étant rendue au milieu de la nuit à une cérémonie solennelle en l'honneur d'Apollon, fit placer sa litière dans le temple et s'y endormit, tandis que les autres matrones dormaient; or un serpent se glissa tout à coup auprès d'elle et se retira bientôt après; à son réveil elle se purifia comme si elle sortait d'une union avec son mari; et dès lors elle exhiba sur le corps une tache en forme de serpent et jamais elle ne put la faire disparaître, de sorte qu'elle dut renoncer aux bains publics. Et comme Auguste naquit neuf mois après, il fut considéré dès lors comme fils d'Apollon.
-Platon, fils du Dieu Apollon et de la mortelle Périctioné
-Héraclès, fils d'Alcmène, et de Zeus qui tripla la durée de la nuit pour prolonger son plaisir avec elle
-le désir de Zeus tombant sous la forme d'une pluie d'or sur Danaé endormie et concevant Persée
-selon la légende la mère du Bouddha l'aurait conçu pendant son sommeil en rêvant d'un éléphant blanc qui pénétra dans son flanc
-Roscher cite encore la légende de Thasios sur la naissance de Theagenes, de Zeus et Sémélé, de Mars et Ilia ;
-Ernest Jones fait descendre de telles unions : Robert, père de Guillaume le Conquérant, Luther, Merlin (issu d'un Incube et d'une nonne, fille de Charlemagne), César, (...) Scipion l'Africain (...) la race des Huns et toute l'île de Chypre ;
-Robert le Diable était fils d'un incube et de la femme d'un duc de Normandie.
« Je dors, mais mon cœur veille
J'entends mon bien-aimé qui frappe.
"Ouvre-moi, ma sœur, mon amie,
ma colombe, ma parfaite !"»
—Cantique des Cantiques 5,2

• Une thèse audacieuse a été développé par Jean-François Froger qui voit dans la description du Cantique des cantiques la description de l'amour nocturne entre une mortelle et une divinité, de façon tout à fait superposable aux amours d'Éros et de Psyché. C'est également l'interprétation qu'en donne la théologienne Marina Poydenot lorsqu'elle voit dans le Cantique des cantiques un rêve et une double allégorie (amour entre Dieu et les siens, et entre l'âme et Dieu).

• Le renard est considéré comme un animal démoniaque en Chine au début de l'ère chrétienne. Il a acquis des pouvoirs surnaturels au Japon, notamment celui de la métamorphose qu'il utilise pour tromper les humains. Sa vigueur et la force de ses appétits lui conféra longtemps – et qu'on lui confère encore en certaines contrées d'Extrême-Orient – un rôle de succube, et surtout d’incube : il se transforme en éphèbe pour tenter les femmes, et, plus encore, en femme pour attirer les hommes.
De nos jours, c'est surtout dans les sociétés de type chamaniques qu'on retrouve encore des croyances à l'incube.

• Dans le Québec arctique, l'esprit mâle (incube) est appelé uirsaq et l'esprit femelle (succube) nuliaqsaq, uizerq au Groenland de l'Est, ijiraq (l'invisible) dans le nord Alaskien, xawakandiwo chez les Sharanahua, peuple d'Amazonie occidentale.

• Les amours oniriques entre un esprit allié et un(e) chamane ont également été décrit par Mircea Eliade, Roberte Hamayon, Stépanoff, Saladin d'Anglure, Michel Perrin.
L'incube n'est pas qu'un possesseur de femmes, il est aussi un possesseur de l'imaginaire. Nombreux sont les auteurs qui ont disserté sur lui sans cesser de les inspirer !

- Wilhelm Heinrich Roscher pensait que les héros, démons et dieux antiques qui s'unissaient aux hommes dans des cauchemars érotiques, sont devenus au moyen âge "des diables se présentant tantôt comme incubes tantôt comme succubes.

- Pour Sylvie Poirier, les efforts de dénigrements du christianisme vis à vis des croyances païennes ont abouti à rendre le rêve pudique, lui conférant une dimension asociale. Une certaine forme de censure s'est fait jour concernant le matériel onirique, bien que les écrits des ecclésiastiques sur ce thème ont été traversé d'un sentiment d'ambivalence hésitant entre le message divin, représentation héritée de l'Antiquité, les tentations des démons dont on connaît la prégnance dans l'imaginaire médiéval et le rêve séculaire d'origine physiologique ou psychologique, tel que prôné par Aristote.

- Pour Saladin d'Anglure le rêve érotique relève traditionnellement en Occident de la démonologie depuis que la théologie a opté pour le modèle angélique. L'incube et le succube relèvent d'interventions diaboliques dont l'Inquisition a prétexté un commerce sexuel avec le diable pour justifier le bûcher.

Suivant Julius Evola, les développements subtils de l'Éros sont sous la gouverne du royaume de la nuit, de l'obscurité, car c'est de nuit qu'ont lieux les changements d'état de la conscience.
Les processus de sacralisation et d'évocations de l'Éros, dont le mariage comme mystère alias les hiérogamies et la prostitution sacrée en sont les paradigmes, peuvent se prolonger de façon ténébreuse par l'incubat et le succubat. Ces prolongements peuvent être plus ou moins conscients et avoir des correspondants pathologiques.
Il cite comme auteur pour appuyer sa thèse :

-Stanislas de Guaita selon lequel l'incube et le succube sont deux formes spectrales d'un hermaphrodisme convertible. Evola explique qu'il s'agit de l'union de deux formes tendancielles des deux principes masculin et féminin.

-Paracelse dont un passage dans le traité des maladies invisibles ferait allusion au pouvoir évocatoire de l'imagination permettant le contact avec les puissances suprasensibles du sexe.

- La sexualité onirique entre les esprits et les humains est une thématique qui est apparue récemment dans la littérature anthropologique.

- Chez les Shipibo d'Amazonie péruvienne, lorsque le mariage surnaturel concerne une femme (et un esprit), le fruit d'une telle union est variable selon la nature de l’esprit : soit non viable ou ayant des stigmates physiques si l'esprit-père est animal, soit ayant des dons exceptionnels si l'esprit-père est de type humain (alors que la descendance est invisible dans le cas de l'union entre un humain et un esprit-femelle). Cette distinction entre les esprits des animaux et ceux des humains a également été décrit chez les Inuit d'Igloolik, mais cette fois-ci à propos des esprits auxiliaires des chamanes. Selon Reichel-Dolmatoff, chez les Desana d'Amazonie, la relation sexuelle avec les esprits animaux peuvent prendre soit la forme d'un succube, soit celle d'un incube. La relation onirique entre un humain et un esprit animal ont une issue néfaste également. Chez les Exirit-Bulagat, en Sibérie, Hamayon cite la possibilité d'engendrer, pour une femme chamane lorsque l'union se fait avec un esprit, un enfant qui pourra se réclamer plus tard d'une nouvelle lignée chamanique. ? Chez les Inuits d'Ammassalik (Groenland de l'Est), il existe un esprit hermaphrodite qui se féminise avec un partenaire mâle et se masculinise avec une partenaire femelle ; une relation sexuelle avec lui est mortelle quand il s'agit d'un humain ordinaire. Par contre, s'il s'agit d'un ou d'une chamane, elle est source d'une grande puissance [...] on est ici proche de la croyance chrétienne en la possession diabolique, où l'on prêtait au diable le même hermaphrodisme et la même capacité ?

- Saladin d'Anglure s'interroge sur le fait de savoir que, si le "mariage mystique" procure au chamane-homme un lien fort avec l'esprit (celui-ci deviendra son esprit-auxiliaire et lui permettra d'exercer ses pouvoirs en tant que chamane), le "mariage mystique" entre un homme-esprit et une femme-chamane ne serait-il pas constitutif d'une alliance permettant de procréer de futurs chamanes (en lignée féminine, thèse défendue également par Stepanoff.

CONCLUSIONS

En toute objectivité, l'examen minutieux des connaissances relatives aux incubes et succubes ne permet pas d'affirmer leur existence. Les témoignages qui sont parvenus jusqu'à nous mériteraient d'être analysés avec plus de profondeur et on ne peut se baser sur les points historiques ou mythologiques qui relèvent le plus souvent de croyances invérifiables. L'abondance de témoignages ou de points historiques tendant à confirmer l'existence des incubes et des succubes ne doit pas faire perdre de vue que les arguments ne se comptent pas mais "pèsent" (Dr. Edmond Locard) Sur un plan strictement scientifique, on considère donc qu'ils n'existent tout simplement pas, ne sont que le fruit de l'imagination, le produit d'hallucinations engendrées par exemple par la paralysie du sommeil.

Nous considérerons pour notre part que les phénomènes décrits dans la paralysie du sommeil ne sont nullement incompatibles avec les interactions d'un succube ou d'un incube et que la possibilité de l'un n'élimine donc pas la possibilité de l'autre, comme nous l'avons démontré dans nos pages. Par ailleurs, le plan strictement spirite tend à confirmer ce que nous avançons et le développement de cette thèse s'inscrit dans une remarquable logique, laquelle n'est jamais prise en défaut, dans aucun témoignage fut-il contemporain ou historique. Enfin, des expériences personnelles, vécues, ne pouvant en aucun cas s'apparenter à des cas de paralysie du sommeil et émanant de personnes haut dessus de tout soupçon nous permettent d'affirmer que les démons existent en dehors de tout sens allégorique.