Centre d'Etudes et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

Quelle trud, une fois !

Il existe dans le vocabulaire courant, de ces petits mots que l'on est parfois bien embarrassé de définir avec exactitude alors qu'on a plus ou moins l'habitude de l'entendre et ce en dépit du fait que l'on utilise soi-même le terme. S'est-on donc jamais demandé d'où pouvait bien provenir le mot "Trud" ou "trûût" si l'on se fie sur la prononciation de certains, que l'on entend un peu partout, surtout du côté de Bruxelles ? Généralement, cela désigne une personne dont on ne dirait pas que du bien : "Quelle trûût", celle-là ! "Une fois !". Comme vous pensez bien qu'on le dit copieusement à Bruxelles, même si on le dit plusieurs fois...

Hé bien, en fait, le terme est effectivement très peu élogieux puisqu'il trouve son origine parmi les entités malfaisantes, lesquelles peuvent aussi s'appeler "Alps" ou "Drudes", "Trud" ou "Trut". Particularité géographique qui intéressera les belges, cette entité est d'origine germanique (Arh!) et il s'agit d'elfes noirs, à mettre en opposition aux elfes clairs, qui vivent dans la lumière et au grand air, si l'on excepte cependant les Tuatha Dé Danann que l'on trouve en Irlande. On trouve ces dernières sous les tertres.

Ces elfes semblent donc avoir une prédilection pour les endroits souterrains et ténébreux, tels que les caves, les grottes profondes, éventuellement le métro, vous l'aurez compris : tout ce qui est plus ou moins souterrain et peu ou mal éclairé. Curieusement, ils sont parfois confondus avec les nains maléfiques et même avec les cauchemars (on ne peut que tirer le trait d'union avec l'obscurité de la nuit, sans pour autant supposer que cela ne concerne donc que ceux qui dormiraient dans des endroits très particuliers tels que les troglodytes. A ce propos, le mot allemand Alptraum est significatif puisqu'il désigne le "rêve de l'Alp" (que connaissent bien les montagnards et, en tous cas, les alpinistes).

Mais là où les choses deviennent moins amusantes c'est lorsque l'on évoque la pression fatale exercée par l'Alp (ou la Trude, donc) sur le dormeur pendant son sommeil. Dans ce cas, la personne endormie peut donc ressentir une forte oppression au niveau de la poitrine, rencontrer d'importantes difficultés respiratoires, voire en mourir à défaut d'intervention ou de réveil dans des délais suffisants. On rejoint ici, vous l'aurez également compris, le domaine de la paralysie du sommeil et certaines autres pathologies apparentées, souvent décrites par les personnes qui subissent des attaques surnaturelles nocturnes, ou qui - du moins - le croient.

Ces entités seraient capables de prendre diverses formes animales (chats, chiens noirs, singes, renards, chevaux aux yeux enflammés ou rouges, souris, porcs (blancs, cette fois-ci, allez comprendre !), poules noires, serpents, grenouilles, ou encore mouches ou papillons) mais leur apparence peut également être démoniaque (petits bonshommes rouges et bossus, sorcières aux pieds plats, dames noires).

On trouve aussi des choses bizarres dans la tradition relative aux Trudes, ou Alps donc, qui appartiennent incontestablement dit-on, au domaine démoniaque (peut-être par leur rapport apparent avec les incubes et les succubes, mais même au niveau démonologique, cela nous paraît assez contradictoire. Il existe des points atypiques à ce niveau car certaines sources prétendent que certains incubes et succubes n'ont que faire des objets religieux, voire des prêtres dont ils se moquent bien des exorcismes, allant jusqu'à déchirer leurs vêtements en cours de rituel, ou à l'occasion, simplement pour se moquer ou par défi. Mais depuis quand les démons, même indirects ou appartenant à des branches déviationnistes sur le plan hiérarchique ou dans les prérogatives ne sont-ils plus antagonistes avec ces mêmes objets et en vertu de quoi ces derniers perdraient-ils leur puissance dissuasive ? Voilà une brèche qui s'ouvre dirait-on bien dans les principes fondamentaux et les conséquences de cette découverte pourraient être importantes !

Nous étudions bien sûr le sujet en parallèle, et ils présenteraient aussi la particularité très inattendue de pouvoir se débarrasser de leurs intestins pour pouvoir passer par le trou d'une serrure, par exemple ! (De mieux en mieux! Depuis quand les démons ou même les autres entités surnaturelles disposeraient-ils d'un système digestif et excrétoire ? Pourquoi d'ailleurs devraient-ils se livrer à cette étrange opération alors que, dès le départ, ils peuvent se jouer des obstacles matériels ? La documentation à notre disposition ne dit hélas pas si lesdites Alps récupèrent leurs intestins à leur retour ou bien si ceux-ci repoussent. C'est à ne rien y comprendre !)

Par contre, on croit connaître leur provenance : il s'agirait du fruit de l'union charnelle entre un démon et une sorcière (le caractère hybride expliquerait-il ce que nous venons d'évoquer ?) ou encore de l'âme de femmes envoûtées qui s'en iraient nuitamment presser la poitrine de leurs victimes. Encore un accroc apparent dans nos connaissances : l'opération se déroulerait à minuit et se passerait sous la forme d'un cauchemar ! Il est en effet encore étonnant que le fameux principe de l'heure de minuit, dont on a largement fait la preuve de l'inanité en rapport avec les fantômes, les cas de hantises, et même les démons, soit ici contrarié et le domaine onirique de la question en soulève lui-même d'autres !

Le summum est sans doute atteint lorsque l'on voit que le seul moyen de se débarrasser d'une Trud est de l'autoriser à étouffer le plus beau cheval de l'écurie ou la plus belle vache de l'étable ! Ce n'est assurément pas là la manière la plus classique d'exorciser un démon... Le présent article est tiré de la documentation d'Edouard Brasey (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_Brasey) qui ferait plutôt dans le conte et l'imaginaire, mais avec de sérieuses incursions dans le domaine des rêves qui reste malgré tout toujours assez flou. Il a aussi été influencé (entre autres) par Nikos Kazantzakis que tout le monde connaît pour son célèbre roman "La dernière tentation du Christ" dont un film à scandale a été tiré. Il faut cependant remarquer également que son scénario établit de curieuses liaisons avec de nouveaux modes de pensées à propos du Christ, notamment reconsidérées sur base des découvertes de Nag Hammadi. Il y a donc là tout un débat qui semble s'ouvrir et qui devrait générer de nouvelles études de notre part.

Décidément, on n'a jamais la paix avec ces satanées Trudes !