Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

L'exorcisme d'Émily Rose

Le cordonnier est toujours le plus mal chaussé, c'est un dicton bien connu, qui s'est encore révélé exact lorsque le fiston m'a informé de ce que "L'Exorcisme d'Emily Rose" passait à la télévision. Je ne l'avais pas encore vu. Et ce n'est pas le fait d'avoir déjà vu au moins 250 fois L'Exorciste de Blatty qui doit servir de prétexte ! L'histoire m'a paru intéressante à plus d'un titre, elle est d'ailleurs basée sur des faits réels. J'ai donc demandé à ce que l'on en fasse un article et le voici...

Ce film retrace l'histoire d'une adolescente qui rentre à l'Université en vue de devenir institutrice. Alors que, jusque-là, sa vie s'est déroulée sans problème, elle se réveille cette nuit-là en proie à de vives inquiétudes, à 3 heures du matin. C'est qu'elle perçoit une odeur de brûlé, entend certains bruits qui la poussent à aller fermer une porte qui claque, dans le couloir. Après avoir réintégré sa chambre, elle constate que son environnement lui paraît désormais hostile, elle ressent une forme de présence et un objet situé sur sa table de nuit vient à tomber au sol, apparemment sans aucune cause rationnelle. Mais les choses se précipitent et si elle ne fait pas l'objet du viol d'un incube (que l'on peut en tous cas supposer en voyant les images) disons qu'elle fait en tous cas les frais d'une attaque qui paraît bel et bien surnaturelle.
Dès lors, la vie d'Emily sombre dans le chaos. Son état mental se détériore rapidement, elle a de terrifiantes hallucinations, elle est en proie à ce que les médecins décriront comme des crises d'épilepsie, puis d'épilepsie psychotique, de psychose et de paranoïa.
Les choses ne vont pas s'arranger. Emily va rapidement en venir à la conclusion qu'elle est victime des agissements d'un démon. Très croyante, on peut supposer que c'est sa confession religieuse qui lui dicte cette hypothèse, toutefois le recours à un exorcisme n'est pas si facile et tout cela prend du temps. Malheureusement, entre temps, les médecins ne progressent guère non plus et ce n'est apparemment pas la prise de Gambutrol qui permet d'obtenir la guérison, ni d'ailleurs la moindre amélioration. La vie de la jeune fille se dégrade à toute allure. Le démon lui interdit dit-t-elle, de se sustenter. Elle ne peut rien avaler, si ce n'est peut-être des araignées ou d'autres bestioles peu appétissantes, ce qui l'affaiblit bien évidemment. Elle est victime de crises de plus en plus terribles au cours desquelles elle entre en convulsions, se blesse, change de voix et parle même le latin, le grec, l'araméen, l'allemand, met les prêtres au défi et présente une aversion de plus en plus marquée pour les objets religieux ou les choses de l'église. Le prêtre de la paroisse obtient finalement l'accord de l'Évêché pour un exorcisme basé sur le rituel romain. Mais il lui suggère également d'arrêter le gambutrol, ce qui va lui falloir de sérieux ennuis. D'autant que l'exorcisme se passe mal, la séance est même épouvantable !

Lors de cette séance, qui est enregistrée au dictaphone comme il se doit, plusieurs personnes sont présentes, dont un médecin qui surveille la petite. Il y a le prêtre, le père, le compagnon de la fille, le médecin et Emily évidemment. Malgré ses liens, elle parviendra à se libérer une fois le rituel commencé et les quatre hommes auront bien du mal à la maîtriser, si tant est qu'ils y arrivent. Car, en fait, elle leur échappe même ! Elle se jette au travers de la fenêtre et s'enfuit dans une écurie où le quatuor la rattrape. Là, les fait se bousculent, les événements se déchaînent. Elle avoue être aux prises à six démons, dont Lucifer en personne. Mais il y a aussi Bélial, Hitler, Fleischmann, Judas et Caïn, que du beau monde !
Emily hurle à en percer tous les tympans, sous plusieurs registres vocaux, plusieurs tessitures qui semblent dénoter effectivement des présences distinctes, elle renouvelle les expressions étrangères à son vocable courant et si l'on ne relève pas vraiment de phénomènes paranormaux évidents, elle parvient à tout le moins à libérer les chevaux, lesquels, terrorisés, s'enfuient non sans avoir blessé des témoins.

Il est clair que l'exorcisme n'a pas atteint son but, c'est même carrément un échec. Il s'agit d'un échec d'autant plus retentissant qu'Emily, complètement épuisée, profondément anorexique, traumatisée et blessée, vient à décéder. Dans le film, seul le prêtre est inquiété devant les tribunaux qui l'accusent d'homicide involontaire par négligence. En fait, l'histoire commence alors que les protagonistes du procès sont désignés, il s'agit d'un procureur vicieux et expérimenté et d'une avocate de la défense qui se présente comme l'étoile montante du barreau. Très vite, l'avocate en question, qui entame très bien la défense du prêtre, se voit elle-même en proie à des attaques qui rappellent les débuts de l'histoire d'Emily. Elle est réveillée à 3 heures du matin par une odeur de brûlé, ressent une présence, constate des bizarreries. Fort heureusement, cela ne va pas plus loin. De son côté, le prêtre n'est pas plus immunisé. Il fait aussi l'expérience d'approches inquiétantes et même d'hallucinations. Il expliquera lors de son témoignage, que la confrontation a commencé par la perception d'une entité qui se présentait plus ou moins sous les traits d'un "moine noir". L'heure de 3 heures du matin serait une allusion diabolique, le contraire de 3 heures de l'après-midi, heure à laquelle le Christ a été crucifié. Ce type d'argument est un classique en démonologie.
Le prêtre expliquera aussi, et avec lui une spécialiste en matière d'exorcismes, que le Gambutrol ne présentait aucun avantage pour Emily, que du contraire. En effet, ce dernier court-circuitait ses activités cérébrales et contrecarrait les effets de l'exorcisme. Cela aurait dû être corroboré par le médecin, présent au moment des faits, malheureusement celui-ci décède d'un accident automobile juste avant de pouvoir venir témoigner.

Le prêtre s'en tirera toutefois à bon compte grâce non seulement à l'éloquence de son avocate, laquelle incitera les jurés à croire en la possibilité d'une influence surnaturelle, mais aussi et surtout grâce à une lettre écrite de la main de la victime elle-même. Finalement, Emily sera considérée comme une sainte, car elle aurait été contactée par la Vierge Marie peu avant son décès et aurait présenté des stigmates. La Belle Dame lui aurait expliqué qu'elle avait le choix entre la suivre librement où subir son calvaire jusqu'au bout afin de faire comprendre aux hommes que si le diable existe, c'est forcément aussi vrai pour Dieu. Voilà sans doute ce qui est le plus discutable dans ce film car ce corollaire n'est pas aussi automatique qu'il n'est présenté. Par ailleurs, il est vrai qu'Emily aurait pu se causer des blessures ressemblant aux stigmates simplement en empoignant les fils de fer barbelés de la clôture. Rien n'est absolument certain dans toute cette histoire, ce serait évidemment trop beau !
Si l'histoire est basée sur des faits réels, l'histoire véritable est un peu différente. La voici :

Depuis sa naissance le 21 septembre 1952, Anneliese Michel avait une vie normale. Elle était de confession religieuse. Du jour au lendemain, sa vie bascula un jour de 1968 quand elle a commencé à trembler et à ne plus savoir contrôler son corps. Lors de ses crises, elle perdait sa voix, elle ne savait plus appeler ses parents pour avoir de l'aide. Un neurologue a diagnostiqué qu'elle souffrait d'un grand mal : l'épilepsie et elle a été admise à l'hôpital pour un traitement.
Après ses premières attaques, elle a commencé à voir des visages, des grimaces démoniaques lors de sa prière journalière. Dès lors, elle savait que le mal qui la rongeait était une possession. Elle entendait des voix. Les démons lui donnaient des ordres. Et Anneliese en a parlé aux médecins qui ne savaient plus comment l'aider. C'est à ce moment précis, qu'elle a perdu toute confiance en la médecine.

Au début de l'année 1973, les parents d'Anneliese ont cherché plusieurs pasteurs pour un exorcisme mais ceux-ci pensaient qu'elle devait continuer de prendre ses médicaments. De plus, pour pratiquer un exorcisme, il fallait répondre à des caractéristiques bien spécifiques : parler une langue que l’on n’aurait jamais pu parler, avoir des pouvoirs surnaturels et être dérangé par des objets religieux. En 1974, un pasteur la supervisait à certains moments, il a autorisé à ce que l'on pratique un exorcisme. Mais cela a été rejeté par sa hiérarchie. Son état a alors empiré et les crises furent de plus en plus violentes. Elle insultait, battait et mordait les autres membres de sa famille. Elle refusait de manger parce que les démons ne lui permettaient pas de le faire. Elle dormait à même le sol. Elle mangeait des araignées et buvait sa propre urine. On pouvait l'entendre toute la journée en train d'hurler, de briser les crucifix et détruire des peintures représentant Jésus. Elle a commencé à se mutiler, arracher ses vêtements et uriner à même le sol.
Après avoir vérifié l'état de sa possession en 1975, le clergé a autorisé un exorcisme basé sur le rituel romain. Il était déterminé qu'Anneliese devait être sauvée de la possession de plusieurs démons incluant : Lucifer, Judas Iscariote, Néron, Caïn, Hitler et Fleischmann et d'autres âmes damnées qui se manifestaient à travers elle. À partir de 1975, on pratiquait un ou deux exorcismes sur elle chaque semaine. Parfois, les attaques étaient tellement fortes qu'elle devait être maîtrisée par trois hommes ou être enchaînée. Malgré cela, elle a pu reprendre un semblant de vie (retourner à l'école, passer un concours...).
Cependant, les attaques ne stoppèrent pas. Elle se trouvait de plus en plus souvent paralysée et inconsciente. Elle refusait complètement de manger. A cause des nombreuses génuflexions (plus de 600 !), elle a eu une rupture au niveau des genoux. Quarante cassettes audios ont été enregistrées lors des exorcismes afin de préserver les détails.
Le dernier jour du rite se déroula le 30 juin 1976, à ce stade, Anneliese souffrait d'une pneumonie. Elle avait le visage émacié et souffrait d'une grande fièvre. Elle était exténuée physiquement. Mais elle restait consciente de sa situation. Sa maman a enregistré la mort de sa fille.
Après sa mort, un procureur a enquêté et suite a cela les deux prêtres exorcistes et les parentes d'Anneliese ont été inculpés pour négligence ayant entraîné la mort. (Car les médecins disaient qu'elle était épileptique et psychotique).
Les prêtres exorcistes ont fait écouter des enregistrements des différents exorcismes pratiqués dans lesquelles on pouvait distinguer la voix de deux démons en train de se disputer, en se demandant lequel des deux partira le premier du corps d'Anneliese. Les parents et les deux prêtres ont eu une peine d'emprisonnement de 6 mois de prison.
(tiré de http://toutsurleparanormal.skynetblogs.be/post/2818415/la-veritable-histoire-demily-rose ) Voilà donc pour ce qui est des faits livrés de manière brute. Passons à notre étude...

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