Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

La paralysie du sommeil sous la loupe

Nous avons évoqué précédemment la paralysie du sommeil comme pouvant expliquer certains cas hallucinatoires dans lesquels l'individu peut se croire aux prises avec un démon. Nous avons vu que ce phénomène n'était probablement pas à même de pouvoir tout expliquer mais nous en savons encore peu de choses. Voyons donc cela de plus près et comparons avec les cas vécus.

La paralysie du sommeil est le terme employé à la fois pour décrire l'atonie musculaire normale qui apparaît naturellement lors du sommeil paradoxal mais aussi le trouble pendant lequel la conscience est maintenue alors que le corps se paralyse durant l'entrée dans le sommeil (paralysie hypnagogique) ou lorsqu'il reste paralysé au réveil (paralysie hypnopompique). Pour différencier la paralysie naturelle du sommeil et le trouble, on peut se référer au trouble du sommeil comme étant l'éveil pendant la paralysie du sommeil.

La paralysie normale du sommeil est due à des mécanismes dans le tronc cérébral, en particulier les neurones réticulaires, vestibulaires, et oculomoteurs, qui empêchent les mouvements corporels, bloquent l'influx sensoriel et fournissent au prosencéphale l'activité interne qui caractérise l'activité cérébrale pendant le sommeil paradoxal.

Pendant le sommeil paradoxal, phase pendant laquelle le cerveau est particulièrement actif, l'activité des muscles est bloquée, à part les muscles de la respiration, de la circulation sanguine et des mouvements oculaires rapides. Cela empêche que l'on vive physiquement les rêves, avec des mouvements induits qui pourraient s'avérer dangereux pour soi ou les autres. Comme les yeux ne sont pas paralysés par ce système, cette exception a été employée pour montrer que le rêve lucide était un phénomène objectivement vérifiable. Ce point est intéressant en ce qui nous concerne puisqu'il démontre que l'on peut rêver les yeux ouverts ou voir pendant que l'on rêve !

Le trouble connu sous le nom de «paralysie de sommeil» peut se manifester aussi bien au moment de l'endormissement (état hypnagogique) que du réveil (état hypnopompique). La personne est réveillée, mais se retrouve complètement immobilisée et ne peut même plus respirer profondément. Seules les paupières peuvent encore bouger. La paralysie du sommeil est souvent accompagnée d'hallucinations, ce qui la rend particulièrement angoissante pour la personne qui en fait l'expérience. La paralysie du sommeil dure entre quelques secondes et plusieurs minutes mais rarement plus de 10 minutes. La personne revient ensuite spontanément dans son état normal.

On connaît peu de choses sur la physiologie du trouble de l'éveil pendant la paralysie du sommeil. Cependant, certains suggèrent que cela pourrait être lié à l'inhibition post-synaptique de motoneurones dans la région pontique du cerveau. En particulier, de bas niveaux de mélatonine peuvent stopper le courant de dépolarisation des nerfs, ce qui empêche la stimulation des muscles. Ce trouble est fréquemment associé à la narcolepsie. Cependant diverses études suggèrent qu'environ 25% de la population générale l'expérimente au moins sous une forme légère une fois ou plus dans la vie. Il a été noté que divers facteurs augmentent la probabilité de paralysie et d'hallucinations :

• Dormir sur le dos
• Avoir des horaires de sommeil irréguliers, siestes
• Stress important
• Changement de style de vie ou d'environnement
• Certains exhausteurs de goût, contenant notamment du glutamate de sodium
• La lumière ambiante.

La plupart de ces causes probables se retrouvent évidemment dans le style de vie de très nombreuses personnes et, jusqu'ici on peut donc au moins comprendre l'abondance des témoignages. Nous ne pouvons émettre beaucoup de commentaires à ces sujets mais nous noterons quand même que, dans le cas de N. que nous avons vu précédemment, la position sur le dos n'était pas envisageable puisqu'il l'avait en horreur et précisait ne pas pouvoir dormir dans cette position. Il s'agit ici d'une parenthèse qui ne mène pas bien loin, malgré sa relative singularité, puisqu'il est possible que cette position ait été adoptée à titre intermédiaire, de manière inconsciente dans le sommeil de N. bien que cela ne concorde que très peu au témoignage de celui-ci.

En ce qui concerne les hallucinations, on note des fréquences variables qui varient selon les personnes. Toutefois, certaines sont plus courantes, voyons un peu :
On ne sera guère étonné que le sentiment le plus courant soit la peur, ce genre de trouble semi conscient ne laisse forcément pas indifférent. Sous l'influence d'un démon qui se proposerait à vous violer, gageons que vous ne seriez pas tranquilles non plus. Il est toutefois bon de rappeler ici que les relations sexuelles avec les démons ne sont pas exclusivement le fait d'incubes. On a trop tendance à oublier les succubes, ces démons femelles qui, pour se présenter éventuellement (mais pas forcément) sous des aspects très agréables, n'en sont pas moins potentiellement tout aussi dangereux !)

Parmi les "hallucinations" très courantes, on remarque la sensation de pression, d'écrasement, d'étouffement. Ceci est donc compréhensible en raison des causes physiologiques déjà citées, mais comme nous l'avons également fait remarquer, peut aussi correspondre aux sensations reçues lors d'un viol réel puisque le sujet se soucie fort peu du partenaire. On note aussi la sensation de présence et là, on peut commencer à s'interroger car on voit mal selon quel principe cette idée nous serait seulement suggérée. Que cette présence (virtuelle donc, dans le cas de la paralysie du sommeil) soit souvent qualifiée de "maléfique" interpelle : comment peut-on assurer l'hiatus entre la phase précédente (ou suivante selon le cas) et cette notion ? Cela sous entendrait-il que notre cerveau aurait une propension naturelle à considérer certaines choses, non pas comme potentiellement agressives ou dangereuses mais maléfiques ? Dans ce cas, on serait tenté de conclure, peut-être hâtivement, que notre subconscient détient des idées préconçues (héréditaires, congénitales, induites ?) sur le mal et ce qui y est en rapport. En effet, et cette idée est à creuser, d'autres mécanismes fondamentalement opposés pourraient également se produire, par exemple la sensation de présences positives, apparitions érotiques, angevines, etc. mais non : il faut que ce soit maléfique ! On note enfin le sentiment de danger ou de mort imminente, ce qui n'arrange pas les choses puisque c'est aussi négatif. La seule théorie qui nous vienne momentanément à l'esprit quant à ces problèmes serait que dans la phase transitoire du sommeil surviendrait une forme de réflexe dicté par l'instinct de survie, une personne assoupie constituant une proie facile. Le cerveau induirait donc un réflexe de prudence, de méfiance qui aurait tendance à considérer l'entourage comme potentiellement hostile. Mais voilà qui serait non seulement démesuré dans la plupart des cas (à moins qu'il ne s'agisse de réminiscences de certains acquis ancestraux, datant de l'époque ou l'homme avait à se défendre contre des animaux sauvages, des clans rivaux, etc.) mais aussi assez assommant si cela devait se produire à chaque réveil ou à chaque endormissement !

Dans les "hallucinations" assez courantes nous notons les hallucinations auditives (respirations, bruits de pas, voix, grognements, bourdonnements, etc.) autant de perceptions qui peuvent également se rapporter à de véritables présences démoniaques ou disons au moins malveillantes et pour lesquelles les explications manquent. Cela suggère en tous cas toujours l'idée de la présence. Nous avons aussi les hallucinations visuelles, plus intéressantes encore puisqu'elles font état de silhouettes, d'ombres, mais ce n'est pas tout...

Moins courantes tout de même sont les sensations de flottement (il est difficile de ne pas penser, surtout si l'on a vu le film l'Exorciste, à la lévitation dont Regan fait l'objet et qui, dans ce cas, ne se limite aucunement à une simple sensation !

Il y a aussi les hallucinations tactiles (contacts, saisie d'une main - sensation fréquemment mises sur le tapis par de nombreux correspondants du CERPI et d'autres personnes, mais également en dehors de toute possibilité de paralysie du sommeil !)

Viennent enfin les sensations plus agréables, comme la présence protectrice. Force est de reconnaître malgré tout que notre cerveau ne nous dicterait grosso modo pas que du mauvais ! Or, dans le cas de N. il existe deux types d'interactions opposées : une présence de type nettement maléfique et simultanément les connotations rassurantes, apaisantes. Ici encore, ce n'est pas du tout incompatible : pour autant qu'une entité démoniaque puisse agir sur le cérébral (et il s'agit d'une évidence, presque d'une lapalissade) on peut comprendre qu'un incube ne s'en prive pas afin d'assurer son fait (le viol).

Les sensations de chute, de vibrations (avec parfois l'impression d'une électrocution) et l'interaction sexuelle sont répertoriées comme rares. Notons ici au passage que l'on parle maintenant d'interactions, ce qui indique en fait une participation. Il faut donc distinguer aussi les cas de relations sexuelles non consenties et les cas ou des humains auraient volontairement tenté d'avoir recours à un incube comme partenaire sexuel. Ces cas existent aussi (et nous ne prétendons toujours pas pour autant ni que ce soit recommandable ni que le résultat ait été obtenu). Nous sommes donc toujours dans l'ordre des possibilités et nous notons que si les interactions sont rares cela sous entend que les cas de viols sont les plus fréquents, cela concorde toujours pour autant que cela soit bien de cela dont il s'agit.

SE DÉBARRASSER D'UNE PARALYSIE DU SOMMEIL...

Le fait de se concentrer sur les extrémités de son corps (le bout des doigts par exemple) et d'essayer de les faire bouger peut mettre fin à la paralysie. Mais en faisant disparaître la peur qui accompagne le phénomène, on fait aussi disparaître les expériences désagréables. En général, les épisodes de troubles se déroulent sur une période de temps limitée. Plus l'âge augmente et plus la probabilité de tels troubles diminue. Bien que nous ignorions évidemment tout quant aux préférences sexuelles des démons (incubes, succubes ou pas) on peut supposer sans trop de risques de se tromper qu'elles correspondent à celles des humains. Dans ce cas, il n'est pas étonnant non plus que les personnes âgées soient moins concernées puisqu'elles sont aussi généralement sexuellement moins attirantes.

Nous ajouterons à cela qu'un effort (conséquent) de volonté, visant à sortir soi-même, volontairement, de cet état, aboutit également à l'effet désiré, soit la sortie de la paralysie du sommeil. Il s'agit là d'une affirmation découlant d'expériences personnelles dans lesquelles certains d'entre nous sont arrivés à ce résultat : rêver (faire "un cauchemar", se rendre compte que c'est bien de cela dont il s'agit et décider de son propre chef d'y mettre fin, à force de volonté - nous garantissons absolument ce point comme authentique - c'est du vécu - même s'il faut insister sur le fait que l'effort de volonté est important et que cela ne marche pas à tous les coups - peut-être cela découle t'il de certaines prédispositions spirituelles (médiums, par exemple) mais c'est incertain. Bien que dans ce cas le processus soit d'ordre physique, psychologique ou du moins médical, on peut alléguer que le principe global s'apparente à la volonté de nier l'existence d'un esprit malveillant, possibilité que nous avons déjà évoquée mais qui représente un point important de démonologie.

Notre documentation corrobore d'ailleurs ce point en stipulant : La paralysie du sommeil n'est pas obligatoirement un phénomène effrayant. Il semblerait que les sensations effrayantes, les hallucinations qu'expérimentent les personnes victimes d'une paralysie du sommeil ne viennent en fait que de leur état d'esprit(*). Le fait d'être paralysé provoque la panique et la panique déclenche des hallucinations désagréables. Plusieurs personnes étant victimes de paralysie du sommeil ont découvert qu'il était possible de contrôler les hallucinations durant une paralysie du sommeil. Il vous suffit d'imaginer par exemple que vous flottez à la surface d'un grand lac pour immédiatement sentir votre corps flotter dans de l'eau avec des sensations parfaitement reproduites. Chaque sensation imaginable peut-être ressentie pour peu que l'on garde son calme, sachant qu'une paralysie du sommeil ne représente aucun risque (**). Une paralysie du sommeil peut aussi conduire à un rêve lucide, c'est à dire un rêve où l'on sait qu'on rêve, dont il est alors possible de prendre le contrôle et où les sensations sont en général fidèles à la réalité.

NB: (*) les hallucinations qu'expérimentent les personnes victimes d'une paralysie du sommeil ne viennent en fait que de leur état d'esprit. Soit ! Il s'agit d'une phrase un peu passe partout. Il est commun de dire que nombre de manifestations du subconscient, de l'inconscient, les rêves eux-mêmes, etc. proviennent de "l'état d'esprit". On comprend facilement qu'une personne venant d'assister à un film d'horreur pourrait en rêver. Dans notre entendement, c'est considérer les choses de manière un peu simpliste. En effet, dans le cas de personnes désirant une relation avec un incube, il est prévisible que leur état d'esprit sera branché sur la question. Or, prétendre que cela donnerait lieu à une paralysie du sommeil nous apparaît comme une référence circulaire. D'autre part, dans un premier temps, lors d'une atteinte par une quelconque entité spirituelle, ce sera bien l'esprit qui sera immédiatement sollicité (encore une lapalissade !) et il y a là un parallèle à établir entre les deux sens du mot "esprit". Disons encore que si dans le cas de N. on peut évidemment supposer une prédisposition sous-jacente (puisque l'individu collabore aux activités du groupement et cogite fréquemment sur les faits de l'inexpliqué) qui justifierait la paralysie du sommeil, en revanche on note quantité de personnes qui affirment n'avoir pensé au préalable qu'à des choses qui étaient à mille lieues de ce genre de préoccupations.

(**) sachant qu'une paralysie du sommeil ne représente aucun risque. Cette phrase est absolument correcte mais au risque de tourner en rond, ajoutons : "à condition que ce soit bien de cela dont il s'agit".

LA PARALYSIE DU SOMMEIL DANS LE FOLKLORE

Il a été établi que la paralysie du sommeil joue un rôle non négligeable dans la génération des témoignages d'enlèvements par les extraterrestres ainsi que dans d'autres événements en apparence paranormaux (visions de fantômes ou de démons par exemple).

Au Japon, la conscience pendant la paralysie de sommeil est désignée sous le nom de kanashibari (littéralement : «maintenu par une étreinte de fer», de kana : métal et shibaru : lier); en Chine, le phénomène est connu sous le nom de gui ya chuang «fantôme qui écrase [le dormeur contre] le lit»; au Canada (Terre-Neuve), on parle de visite de la «vieille sorcière» (Ag Rog ou Old Hag); les Inuits appellent le phénomène augumangia en Inupik et ukomiarik en Yupik et l'attribuent aux esprits; au Mexique, c'est la subida del muerto (le «mort qui monte dessus»); en Turquie, karabasan (le «gars noir»); en Algérie, on désigne ce phénomène sous le nom de jedma(«cauchemar»); au Maroc, on le désigne sous le nom de bough'tat («celui qui te recouvre») car on explique parfois le phénomène par la venue du «gars noir», très lourd, ou d'une vieille femme ou encore d'un djinn écrasant de son poids la poitrine du dormeur. Aux Antilles Françaises, c'est probablement l'origine de la croyance concernant les Dorlis, chiens volants qui peuvent pénétrer la nuit dans les cases pour épier et parfois violer les jeunes femmes (encore de nos jours on trouve des ciseaux disposés sur la porte pour s'en protéger). Dans les croyances russes traditionnelles, les symptômes de la paralysie de sommeil ont été attribués à la colère du domovoï, l'esprit de la maison, punissant des personnes pour mauvais devoir conjugal ou trahison.

Pendant l'époque médiévale de l'Europe, les attaques des victimes de la paralysie de sommeil ont probablement été expliquées par la présence de démons ou de sorcellerie. Le mot «cauchemar» (ou cauque-mar) viendrait de «caucher» signifiant presser, fouler ou s'accoupler et «mara» désignant un esprit de la nuit. On peut également y voir l'origine des légendes sur les incubes et succubes même si la composante sexuelle dans les hallucinations semble assez rare.

NB: ce texte à propos de la paralysie du sommeil dans le folklore émane d'une source extérieure au CERPI. On y note de nombreuses invraisemblances : bien sûr, leur objet principal ne réside pas dans l'étude des phénomènes inexpliqués, mais le mot "apparence" indique immédiatement une prédisposition, un a priori défavorable au paranormal. En effet, si la paralysie du sommeil est un phénomène médical reconnu, nous avons largement fait la démonstration de ce qu'il était incapable d'évincer la théorie surnaturelle de l'incube ou du succube. De même qu'une croyance doit être étayée par des preuves, de même l'affirmation qu'un phénomène ne repose sur aucun fondement doit être justifiée, or on ne peut manifestement justifier l'un par l'autre dans notre cas. Il est pour le moins surprenant que la dernière phrase affirme que la composante sexuelle soit assez rare et que l'ensemble du texte qui précède soit jonché de connotations manifestement d'ordre sexuel ! Disons aussi que la plupart des cas géographiques peuvent facilement être mis en parallèle avec le surnaturel, les conclusions (et donc les ressentis respectifs) vont toujours bien dans ce sens indépendamment des lieux, des populations, des types de civilisations, etc. Il y a donc dans l'ensemble de cette étude une contradiction majeure puisque les avancées scientifiques tentent d'expliquer les hallucinations par un principe reconnu alors que celui-ci semble bien universel et non isolé ou "rare".


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