Le
type d'expérience qui vient de vous être racontée à la
page précédente mérite quelques
informations complémentaires avant d'en venir à la théorie.
On remarque que de nombreux points échappent aux clichés
traditionnellement admis à propos des démons et autres diableries :
absence de cornes ou d'attributs classiques (fourche, trident,
queue, sabots, apparence de bouc, etc.), phénomènes secondaires
atypiques (l'épisode de la fenêtre était une grande nouveauté pour
moi ! disparition du chien, absence de perception préalable apparente
de sa part, volte face, et puis surtout l'absence de dialogue
proprement dit. Une énorme partie de l'apparition, pour ne pas dire
la totalité, se passe sous la forme de suggestions, de projections
mentales, d'impressions visuelles, de sensations diverses, de non
dits, etc. Tout ceci cadre assez bien, me semble t'il avec les
oeuvres d'un esprit.
On peut également noter que, à aucun moment, l'intrus ne s'était
présenté nommément. Il laisse ce soin aux observateurs de le
deviner, le phénomène semblant d'ailleurs assez révélateur.
Parce qu'une partie de ces points n'est pas
expliqué dans la théorie qui va suivre, à défaut de témoignages
concordants en suffisance, nous en dirons ici un mot :
disparition du chien, absence de
perception préalable apparente de sa part :
nous nous refusons à parler de dématérialisation du chien. Cela
supposerait alors en effet une re-matérialisation et nous pensons
que ce point aboutirait à des paradoxes religieux. Seulement voilà,
cela ne résout pas le problème pour autant. Vu la deuxième partie
du binôme, nous pensons plus raisonnable de parler de
matérialisation de la part de l'entité au sein d'une sphère dans
laquelle l'observateur se trouve englobé. On pourrait comparer ce
phénomène à une phagocytose dans laquelle l'entité est le glouton,
crée un univers miniature où il peut évoluer selon ses propres
critères et ceux de l'observateur. Ce seraient alors les dons de
médiumnité ainsi que l'apparition progressive de la sphère en
question qui aboutiraient à la corollaire du chimiotactisme.
Plus clairement, le démon s'entoure d'une grosse "bulle" dont la
matérialisation n'est pas instantanée bien que rapide et qui
comprend dans son volume la ou les personnes qui doivent être mises
en rapport avec lui à l'exclusion des autres. Cela explique d'une
part que le chien n'ait rien ressenti et n'ait donc pas pu
communiquer ses inquiétudes éventuelles sous la forme de
gémissements, aboiements, hurlements, etc. que le chien n'ait
momentanément plus été visible (ce qui ne signifie donc pas qu'il
n'était plus là, mais plus simplement que l'entité ne désirait pas,
pour des raisons qui lui sont propres, que sa victime puisse
l'apercevoir) cela pourrait aussi expliquer que l'intrus agisse avec
énormément de supériorité dans un monde qui est le sien et que la
fin de la manifestation ait été ressentie comme l'explosion d'une
bulle.
Volte face:
il est assez peu courant que l'apparition d'un démon se fasse de
cette manière, d'abord de dos (ou plus ou moins de biais et ensuite
seulement de face après une giration). Pour des raisons de vanité
et de hiérarchie, on conçoit que les démons (ou le diable) soignent
leur présentation, laquelle se doit dès le départ de présenter son
lot d'impressions fortes et de peur. Si on accepte l'idée de la
bulle, on peut imaginer qu'en raison de ses dimensions réduites (par
rapport à ce que cela pourrait être en plein air, lors d'un sabbat
par exemple), ce type de mise en scène n'était guère envisageable.
Le procédé utilisé ici semble assez dérisoire mais il est fort
probable que l'entité était sûre d'elle quant à l'effet qu'elle
produirait et qu'elle le jugeait suffisant)
Absence de dialogue :
Ce point ne représente pas de particularité notable. Il n'y a
pratiquement qu'au cinéma (ou l'on insiste souvent trop sur certains
points fantastiques qui servent les intérêts des producteurs) que le
démon se lance dans de grands discours ou des dialogues étudiés où
sont mélangés les problèmes de langue, d'ordre des mots, des
syllabes voire des lettres. De toute manière, dans le cas présent,
le but de la "mission" pouvait tout à fait se passer de grandes
explications et le message est effectivement très bien passé, pas de
doute là-dessus !
Les
suites de l'affaire : Directement après ce phénomène,
j'étais comme on peut l'imaginer en proie à un très grand trouble
proche du traumatisme. Le reste de la journée était fichu ! Je n'ai
fait que tenter d'oublier cette manifestation et, comme de bien
entendu, cela a entraîné l'effet inverse : il m'était impossible de
penser à autre chose !). Je me souviens avoir éprouvé un besoin
impérieux de me laver, comme si une saleté repoussante avait déteint
sur moi en côtoyant l'entité, l'impression d'abjection totale au
niveau des mains, (puisque j'avais empoigné l'entité en tentant de
la soulever de sa chaise) a persisté longtemps au delà d'une
semaine.
Je crois que n'importe qui à ma place aurait immanquablement cru aux
démons en dépit de ses propres convictions religieuses (ou en leur
absence). Cela a bien entendu également été le cas en ce qui me
concerne, mais je n'avais nul besoin de cet intermède pour y croire :
il ne s'agissait que d'une démonstration flagrante et pénible. Mais
paradoxalement, cela ne procure aucune facilité pour croire en
Dieu. Aussi bizarre que cela puisse paraître, l'un n'est pas
automatiquement lié à l'autre. Je veux dire que cette manifestation
induit forcément la croyance au démon mais indépendamment de son
antagoniste traditionnel. En effet, dans le cas présent cela tend à
démontrer la supériorité du premier sur le second. Le premier fait
étalage de sa puissance et de ses pouvoirs alors que le dernier
reste dans l'anonymat. Dans ces conditions, on a tendance à
généraliser et à croire que c'est effectivement le Mal qui domine le
monde. Probablement les gens qui vivaient en Europe en 40-45
ont-ils cru la même chose à propos des Allemands, c'est-à-dire que
face à une telle supériorité militaire ils auraient facilement pu
croire que rien ni personne ne viendrait les en délivrer. Il s'agit
aussi d'une question classique que se posent bon nombre de personnes
après avoir vu, par exemple, la diffusion du journal télévisé :
"Comment pourrait-on encore croire à l'existence de Dieu en voyant
autant d'atrocités commises aux quatre coins du monde" ?
Je n'ai pas jugé bon de parler de cette affaire à
mon père qui avait déjà bien assez de tracas. Je n'ai pas eu la
possibilité non plus, jusqu'ici, tout du moins, d'en parler à Daniel
Cleven puisque nous nous étions perdus de vue quelques années
auparavant lorsque le GESO avait commencé à péricliter. Peut-être
s'agit-il d'une coïncidence, toujours est-il que mon père quitta
bientôt ladite maison, sans que je ne puisse savoir s'il y avait un
rapport de cause à effet, et elle fut démolie quelques mois plus
tard seulement, sur ordre des carrières Gralex.
Par la suite, il m'est arrivé encore plusieurs fois de "rencontrer"
des démons bien que les choses se soient passées d'une manière
différente, sans pour autant que cela soit moins éprouvant. Mais la
narration de ces manifestations appartiendra à d'autres rubriques
afin d'illustrer des sujets connexes.
NB : l'illustration
montre les Carrières de l'Ermitage en vue aérienne. Dans le bas de
l'image, à droite d'un bois, le long de la route, on distingue
(difficilement il est vrai), le "trou" laissé par la démolition de
la maison. (voir le petit groupe de maisons situé dans le coin
inférieur droit) plus loin la route continue et se divise en deux : à
gauche le chemin du Pérou, à droite la continuation de la Glacenée
et, un peu plus loin (hors champs) la maison de Claudy Criquielion.
Le chemin du Pérou donnait presque juste en face de la radio
"Lessines Inter", ma première expérience radiophonique comme
animateur.
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