Pour
un coup d'essai, Élisabeth Kostova n'a pas fait dans le détail : plus
d'un million d'exemplaires vendus rien qu'aux États-Unis, traduction
dans 35 langues, en tête des meilleures ventes aussi bien en Amérique
qu'en Europe, son roman "l'Historienne et Drakula" (Dracula pour les
intimes) est un succès colossal et mérité.
Universitaire aux U.S.A., celle qui deviendra par la suite cette
nouvelle romancière de renom est aussi enseignante en littérature à Yale
et présente surtout l'immense avantage d'avoir étudié son sujet pendant
une dizaine d'années avant de le coucher noir sur blanc.
Voilà qui évite de raconter des âneries et qui expliquera que le lecteur
hésitant pourra tout à fait se fier à notre jugement avant de faire
l'acquisition de ce bouquin...
L'histoire mise en scène avec brio par Elisabeth Kostova (que l'on peut
donc aussi écrire sans accent puisqu'il s'agit d'une américaine) traite
donc du fameux Vlad Tepes,
mieux connu sous le nom de Dracula, le vampire le plus célèbre entre
tous, immortalisé initialement par
Bram Stocker. Mais,
dans le premier tome tout du moins, il ne sera que très peu question de
ruines inquiétantes plongées dans les ténèbres, peuplées de chauves
souris et surtout hantées par l'être sanguinaire que l'on connaît. Toute
l'intrigue se déroule de manière beaucoup plus anodine et, somme toute,
beaucoup plus convaincante. La terreur n'y est pas ici distillée à coups
de morsures, le fantastique n'est pas omniprésent même si,
incontestablement, les personnages doivent impérativement s'armer de la
panoplie classique anti-vampires, gousses d'ail, crucifix, voire le kit
du tueur de vampires en herbe pour avoir une chance d'évoluer encore
quelques pages plus loin. Non !
L'auteur démontre au contraire tout son savoir-faire pour présenter les
choses bien à sa manière et c'est tout bénéfice pour son public. Le
mystère s'insinue lentement, progressivement, sournoisement dans des
situations classiques et quotidiennes, il se manifeste de manière très
subtile par le recoupement des situations, les recherches des
participants à cette gigantesque enquête, s'incruste à l'insu du lecteur
au moyen d'insinuations, de sous-entendus, d'allusions perfides qui
sèment le trouble avec bien plus d'efficacité.
Et cela n'empêche nullement les monstres d'être bel et bien présents,
redoutables et très crédibles.
En fait, tout commence, et c'est de très bonne augure, par une énigme.
Il s'agit d'un livre pour le moins étonnant qui fait son apparition de
manière mystérieuse. Ce livre ne comporte cependant que des pages
blanches si l'on excepte la représentation centrale qui fait
immédiatement allusion au prince des ténèbres... Plusieurs personnes
détiennent un livre semblable mais il appert que chacune d'elles se
trouve dès lors préoccupée par un même désir d'en savoir plus, or - par
le fait même - elles s'exposent aux pires desseins d'outre tombe.
Les faits tragiques, les agressions, les disparitions, les révélations
même, se suivent tambour battant autour d'une même trame : il semblerait
bien que le terrible maître de Valachie soit encore vivant ! Plus
exactement que ce mort-vivant (ou ce non mort) qui porte aussi le nom de
vrykolakas (il fallait le savoir), ce qui signifie vampire(s) en grec,
sévirait à nouveau. La mission des comparses réside alors à localiser la
sépulture du monstre et à l'anéantir définitivement. Cependant, entre le
dire et le faire il y a un monde de différence et l'enquête est loin de
se présenter comme une partie de plaisir. Elle entraîne les héros aux
quatre coins de l'ancien continent ce qui nous vaut au passage de
magnifiques descriptions qui permettent de voyager et de connaître le
dépaysement sans bourse délier, mais aussi de réaliser de très
intéressantes incursions dans le domaine de l'histoire et donc
d'apprendre une foule de choses étonnantes.
Un petit regret toutefois : au cours de ces tribulations, c'est que bien
que l'on passe par la Belgique et sa capitale, on ne remarque qu'une
allusion très fugace sur notre plat pays. "Il suffit de s'assoupir
quelques instants dans le train pour avoir dépassé la Belgique" - un
ciel triste - quelques jardins, le clocher d'une église... voilà qui
fait peu pour parler du pays de Jacques Brel et Saint-Michel doit être
bien frustré au sommet de la plus belle grand place du monde ! Peut-être
Elisabeth Kostova en parlera t'elle plus abondamment dans le deuxième
tome ?
Quoi qu'il en soit, ne boudons pas notre plaisir !
L'Historienne et Drakula est incontestablement un très bon livre que
tout amateur se doit de posséder et de lire au plus vite. Il est de
toute façon très difficile de faire autrement tant le récit est
passionnant, facile à lire, le style agréable et, cerise sur le gâteau,
on y trouve même aussi de l'humour !
Pour peu, on pourrait croire que c'est un membre du CERPI qui l'aurait
écrit !
A ce propos, au risque de dévoiler au moins partiellement ce qui se
passera dans le tome 2, il faut signaler un point très particulier.
Quelques temps avant sa sortie en Belgique, notre correspondante russe
en Bulgarie nous avait déjà parlé du chef d'oeuvre dont il est ici
question.
Et pour cause ! Le "tombeau" de Drakula se trouverait dans un monastère
du pays de la rose (la
Bulgarie, pays dont nous parlons abondamment dans le site
New Belgaria).
Ce monastère ne se situe qu'à quelques kilomètres de la résidence de
ladite personne. Ainsi, d'ici peu les renseignements que nous pourrons
vous fournir seront sans doute aussi pointus que certaines dents !
L' HISTORIENNE ET DRAKULA
Et de deux pour Elisabeth Kostova qui met, avec cette suite, un succès
retentissant de plus à son actif ! Il n'y a pas à s'y tromper, le tome II
est aussi bon que le premier et nous irions même jusqu'à dire que la
performance est même encore supérieure. Après nous avoir tenus en
haleine sans jamais lasser, l'auteur termine en beauté, avec effets
théâtraux, rebondissements, suspens et épilogue inattendu, sans jamais
négliger les renseignements historiques pointus qui avaient auréolé le
premier ouvrage.
Rappelons tout d'abord brièvement la trame de l'historie en signalant
que plusieurs personnes, dont le professeur Rossi, sont à la recherche
du maître des vampires. Le premier tome nous avait appris que Drakula
sévissait toujours, répandant tristesse et désolation dans son sillage.
Parmi ces personnes, le professeur Rossi joue un rôle primordial, mais
sa disparition plus qu'étrange et suspecte entraîne tout un faisceau de
recherches supplémentaires dans lesquelles il est d'abord question de
localiser la sépulture du monstre. Or, si l'histoire prétend que le
sinistre Tepes aurait été enterré dans l'île roumaine de
Snagov, la
réalité pourrait être toute autre et rejoindrait ainsi la légende
voulant que son tombeau n'aurait jamais présenté que des ossements
animaux.
Les recherches historiques de Paul, le disciple de Rossi, accompagné de
la fille de ce dernier (autour de laquelle se tisse toute une histoire
d'amour digne des meilleurs romans du genre) finissent par aboutir (et
l'on peut au passage admirer le travail remarquable d'Elisabeth Kostova
qui, rappelons-le aussi, a planché pendant dix ans sur le sujet !). Le
Vampire par excellence n'a donc désormais plus qu'à bien se tenir !
Seulement voilà, on s'en doute, pour en venir à bout les choses ne
seront pas aussi simples et plus d'un en fera la cruelle expérience...
Pour des raisons qu'il serait trop long d'exposer ici (les deux romans
font tout de même plus de 1000 pages au total et nous ne désirons pas
priver les amateurs du genre du plaisir de la lecture !), la dernière
demeure de Dracula ne se situe pas en Roumanie comme une certaine
logique aurait pu le supposer mais bien en Bulgarie, le pays directement
limitrophe et qui mérite toute notre attention (vous pourrez d'ailleurs
apprendre énormément de choses à son sujet via notre site New Belgaria).
Les recherches allant bon train, les héros voient leurs recherches les
mener au monastère de Rila ainsi qu'en celui de Batchkovo, deux hauts
lieux du pays de la rose (un coin de paradis pour les touristes !).
Toutefois, si la visite de ces lieux pieux ne leur livre pas encore la
solution de l'énigme et encore moins Dracula pieds et poings liés, en
revanche ils consolident leurs connaissances et leur permet d'assister à
la procession de l'icône miraculeuse et à la fameuse
danse sur les
braises. De fil en aiguille, ces investigations les amènent malgré tout
au but final : l'endroit où se trouve Dracula, soit le monastère de Sveti
Goergi, un "petit" monastère situé non loin de Plovdiv, l'une des villes
les plus importantes de Bulgarie (laquelle mérite tout à fait le
détour !).
C'est précisément dans cette magnifique ville que réside Madame Svetlana
Popova, Présidente d'Honneur du CERPI et guide touristique dans la
région. De tous temps, Svetlana s'est montrée une alliée fidèle et
zélée, se caractérisant par la multiplicité de ses qualités, tant
intellectuelles que morales et, cette fois-ci non plus elle n'a pas
failli à sa réputation. Ainsi, notre correspondante émérite de l'Europe
de l'Est a largement dépassé toutes nos espérances en permettant
largement la réalisation du présent dossier. Ainsi, elle fut notamment
la première à nous signaler la publication du livre dont il est ici
question. A cette occasion, elle ne manqua pas de signaler une
coïncidence plus que remarquable entre les écrits romanesques
d'Elisabeth Kostova et le monastère de Sveti Georgi dont l'historienne
elle-même ignorait l'existence !
Ainsi, sans le faire exprès (mais peut-être avec l'intuition toute
féminine qui sourit aux audacieux et aux personnes qui se donnent la
peine de chercher), Kostova a t'elle mis le doigt sinon sur La vérité,
du moins sur une vérité. Voilà le genre de fait particulier qui ne
manque pas de mettre la puce à l'oreille des chercheurs du CERPI,
lesquels n'en demandaient pas tant pour mesurer la distance séparant la
fiction du monde tangible.
L'occasion étant vraiment trop belle, Svetlana n'écoutant que son
courage a pu se rendre sur place et juger par elle-même de l'aspect de
ce fameux monastère où réside peut-être pour sa demeure éternelle (mais
sous quelle forme ?) l'une des plus fantastiques entités du surnaturel,
l'archétype même du monstre ayant une réalité historique de surcroît !
Elle a pu tirer une quinzaine de photos d'excellente qualité. Celles-ci
ont permis la réalisation d'un
petit diaporama et la mise en oeuvre
d'une première investigation médiumnique. Celle-ci allait ultérieurement
servir à d'autres expériences du même type, le but étant tout à la fois
d'encore mettre les facultés extrasensorielles de M.L. à l'épreuve
et de déterminer le crédit à apporter à toute cette histoire.
Et même si une telle étude présentait un côté très utopique (est-ce que,
contre toute attente, les vampires existeraient finalement bel et bien ?
voilà qui est plus que douteux et franchement inacceptable à nos esprits
scientifiques !) elle aurait à tout le moins le mérite de nous permettre
plusieurs incursions dans des domaines pour le moins troublants, des
manifestations bien réelles et pourtant aux limites entre le rationnel
et l'inexplicable (Le CERPI a réussi à en expliquer certaines !) et bref,
de parfaire nos connaissances.