Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

Le secret de l'eau lourde


Comme le racontent les livres d'histoire, après avoir écrasé la Pologne en septembre 1939, l'Allemagne nazie s'attaqua à la Norvège, pourtant neutre depuis belle lurette, notamment pour des raisons stratégiques mais également parce que certains voyaient en ce pays le berceau de la race aryenne.
Il semble qu'il y ait eu une autre raison, plus nébuleuse.

En fait, comme vous le verrez dans la vidéo qui accompagne notre article, la Norvège possédait avec Vemork, de la compagnie Norsk Hydro, une usine hydroélectrique particulièrement importante dont la puissance était mise à profit pour la fabrication d'ammoniaque, utile pour la fabrication d'engrais et d'explosifs. On peut comprendre que le IIIè Reich s'intéresse donc à cette usine, pour ces mêmes raisons et avec le même usage. De là à en faire un objectif majeur justifiant l'invasion de tout le pays qui, attaqué par surprise n'opposa guère de résistance, peut-être y a-t-il un pas qui mérite réflexion. Les choses deviennent d'ailleurs plus bizarres encore lorsque les habitants norvégiens constatent que l'usine fait l'objet d'une surveillance toute particulière. L'usine devient pratiquement un camp fortifié jalousement gardé, il est "bunkerisé". Par la suite, on comprendra mieux l'intérêt allemand pour cette usine qu'ils avaient surtout en point de mire pour la fabrication d'eau lourde, un autre nom pour l'oxyde de deutérium.
L'eau lourde est de l’oxyde de deutérium (formule : D2O ou ²H2O). Chimiquement, elle est identique à l’eau normale (H2O), mais les atomes d’hydrogène dont elle est composée en sont des isotopes lourds, du deutérium, dont le noyau contient un neutron en plus du proton présent dans chaque atome d’hydrogène.

L’eau lourde est utilisée dans certaines filières de réacteurs nucléaires comme modérateur de neutrons dans le but de ralentir les neutrons issus de réactions de fission nucléaire. Les neutrons ralentis ont alors une probabilité plus élevée d'aller provoquer de nouvelles fissions de noyaux d'uranium, permettant ainsi la réaction en chaîne.

L’eau classique (H2O) peut aussi ralentir les neutrons d’une réaction de fission, mais elle en absorbe trop, pour que la réaction puisse s’auto-entretenir dans un réacteur à uranium naturel. Toutefois, cette eau normale peut être utilisée si de l’uranium enrichi est utilisé.
L'histoire nous indique que les lieux deviennent le centre de nombreuses interventions rocambolesques en rapport avec les services secrets, la résistance, les Alliés d'un côté, les Allemands de l'autre, avec comme enjeu la possibilité redoutable que Hitler gagne la course à la bombe atomique grâce à l'eau lourde. Ce n'est pas faux, l'affaire fera d'ailleurs l'objet d'un film (dans l'après-guerre et jusqu'à quelques décennies après, on en voyait très fréquemment sur les petits écrans et au cinéma. De nos jours, il n'est guère possible de trouver plus que de grands standards classés dans des collections spéciales ou quelques rares productions éblouissantes du style "Il faut sauver le soldat Ryan"... S'il n'y avait d'évidentes questions de mode et d'intérêt des nouvelles générations, de lassitude peut-être quant à la répétition de faits douloureux, et si l'on se montrait soupçonneux, on pourrait croire que l'on occulte des pans du passé...) mais apparemment ce n'est pas totalement vrai non plus.

Comme on le remarquera dans le documentaire, l'affaire devient trouble à partir du moment où l'on soupçonne l'envahisseur d'utiliser l'usine à d'autres fins que celles d'origine et où il commence à être question de la bombe atomique. La garde est doublée, l'intérêt allemand est décuplé, les installations modifiées (mais qu'en savent les habitants puisque les lieux sont gardés ?), résistance et services secrets britanniques (pas américains, donc...) s'organisent et déterminent la dangerosité de l'usine, des opérations multiples sont lancées pour la détruire. On y arrivera même plus ou moins sauf qu'elle sera reconstruite en trois ou quatre mois et elle échappera miraculeusement aux bombardements. Il y aura ensuite encore une opération commando destinée à envoyer les barils d'eau lourde par le fond du lac (le plus profond du monde, pour être sûrs - là où une expédition devra ultérieurement aller s'assurer que c'était bien de cela dont il s'agissait) seulement voilà, on ne sait pas trop si la mission a réussi ou si l'occupant a fait semblant d'être pris au dépourvu et muselé par les forces secrètes vu que là où commençait le transport de la précieuse matière, il n'y avait plus aucune garde ! Qu'importe, les ordres sont formels, il ne faut prendre aucun risque et l'opération commando réussit, mais au prix de nombreuses victimes civiles sacrifiées pour la circonstance. L'oxyde de deutérium n'arrivera donc pas à Berlin (à moins que si tout compte fait...) tout dépendant des versions.

Dans certaines, les quantités d'oxyde de deutérium arrivées chez les nazis auraient été insuffisantes pour jouer leur rôle valablement, dans d'autres les nazis se seraient rendus compte qu'il était trop tard (la guerre devait être gagnée ou perdue dans un certain délai et donc avec ou sans la bombe atomique) et dans d'autres encore les nazis n'auraient de toute façon pas pu produire la bombe en question parce qu'il leur aurait fallu des quantités bien plus importantes d'oxyde de deutérium mais aussi qu'ils ne disposaient que d'un tout petit laboratoire rudimentaire, bien incapable d'arriver à un résultat quelconque en la matière.

Bien ! Bien ! Bien ! Et lorsqu'on aura fini de se moquer du monde, on nous fera signe !

Finalement, les choses se passent plus ou moins comme si l'occupant allemand avait surtout eu pour soucis d'occuper l'ennemi pendant que le plus important se déroulait ailleurs, ce qui n'est en fait pas complètement stupide mais ne se confirme pas en fonction des intérêts stratégiques par rapport à la Baltique. Il nous semble surtout profondément inepte de vouloir produire énormément d'eau lourde, suffisamment que pour favoriser les réactions en chaîne voulues, si on ne dispose que d'un tout petit laboratoire minable. Ce labo a d'ailleurs été découvert après bien des recherches et un peu "in-extremis", bien dissimulé dans un petit patelin perdu. Cela ne correspond que très peu aux "Kolossales" entreprises allemandes, dans le contexte d'un enjeu aussi important et compte tenu des moyens qu'ils avaient déployés jusque-là. On imaginerait plus volontiers soit :
1) Que l'on ait découvert qu'un petit laboratoire parmi d'autres, ceux-ci ayant soit été détruits par les allemands eux-mêmes afin que ces technologies ne tombent pas aux mains de l'ennemi, soit par les bombardements
2) Que l'on ne nous ait pas tout dit (ou que lesdits laboratoires soient encore à découvrir - éventuellement encore en fonction, ne serait-ce qu'en partie)
Mais s'il s'agissait seulement d'une diversion comme nous venons de l'évoquer en guise d'hypothèse, on peut alors se poser des questions sur le fait que le IIIè Reich ait fait une priorité de cette invasion éclair de la Norvège et de la prise de l'usine en question. Si l'aspect mythique de la race aryenne avait une quelconque importance, on peut y voir un rapport avec les contacts supposés avec la race supérieure dont nous avons parlé dans le dossier sur l'opération Highjump. Nous verrons la suite de nos raisonnements après la vidéo :

Un autre point nous paraît éminemment suspect dans toute cette affaire : on peut - dans une certaine mesure - comprendre que vers la fin de la guerre, les Allemands aient été assez désabusés et plutôt conscients de ce que les carottes étaient cuites pour eux. Par contre, cela correspond assez peu à leur jusqu'auboutisme (démontré notamment par la contre-offensive des Ardennes et même des zones de résistance acharnée sur les plages de Normandie). A moins d'une différence très nette et déterminée de manière certaine dans la course à la bombe atomique, on peut douter que le fait que les américains l'aient eu en premier ait été suffisant que pour poursuivre les recherches et travaux allemands car, en fait, comment les choses se seraient-elles passées si les Allemands avaient aussi eu la bombe en question ? L'histoire a répondu à la question puisque la première bombe atomique explosa dans le cadre belliqueux en 1945, à Hiroshima, alors que la messe était déjà dite pour les allemands. Cependant, chronologiquement, les capitulations de l'Allemagne et du Japon ne sont espacées que de quelques mois. Ce qui prêche pour une impossibilité des allemands à développer leur projet réside clairement dans l'avancée des forces alliées et de l'évolution du front russe : de chaque côté, le IIIè Reich était assailli, bombardé de partout et n'en finissait plus de sombrer. Dans de telles conditions, on peut présumer qu'il ne devait pas être simple de poursuivre des recherches difficiles et compliquées. Dans tout cela, les prétendues "soucoupes volantes" nazies sont logées à la même enseigne. Sauf que... sauf que si les allemands jouaient la diversion en sachant pertinemment que la solution ne viendrait pas de la bombe, une autre arme secrète hyper-puissante aurait été la bienvenue. On pense notamment à la MHD en ce qui concerne la source d'énergie ou le moyen de propulsion mais, dans ce cas, il semble aussi évident qu'on aurait dû retrouver des laboratoires autrement plus sophistiqués que celui qu'on a découvert !
Avec l'opération paperclip, que nous avons également évoquée, on peut se poser une autre question : Les Alliés auraient donc récupéré près de 1500 scientifiques et ceux-ci n'auraient travaillé que sur base d'un mini-laboratoire ? Lorsque l'on voit les installations de Peenemünde, destinées au lancement des V1 et V2 par exemple, on ne peut se dire qu'une seule chose : que cela ne tient pas debout ! D'autant que les alliés auraient reconnu une formidable avance scientifique et technologique allemande. D'où l'opération Paperclip. Mais toujours sur base d'un mini-laboratoire ?
Nous disposons d'un document de presse qui explique, en long et en large, que non seulement le nombre de scientifiques récupérés a été très nettement supérieur à ce qui a été annoncé (le nombre de scientifiques récupérés par la seule France est déjà supérieur au nombre avoué pour la totalité de l'opération Paperclip) il faut pratiquement décupler les chiffres de base! D'autre part, d'après le même document (officiel) - et l'on s'en doute bien - le nombre de laboratoires était évidemment important.
La première conclusion qui s'impose est prévisible : il y a eu occultation des données. En conséquence de quoi la théorie du complot a encore de (très) beaux jours devant elle...
De nos jours, l'eau lourde est encore utilisée dans le cadre de productions nucléaires (mais aussi dans l'étude des neutrinos) et, bien après la seconde guerre mondiale, de nombreux pays ont continué de développer des systèmes fonctionnant sur cette base, parfois même confrontés au Traité de non-prolifération des armes nucléaires.

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