
A
priori, il est pratiquement impossible de voir le rapport entre les
vieux trams qui sillonnaient jadis les rues de Bruxelles et mon intérêt
pour l'étrange, le mystère. Certains même se demanderaient bien
aussi ce que l'on peut trouver d'intéressant à ces vielles ferrailles
qui, de toute façon, ne circulent plus, étaient démodées et pleines de
défauts. Pourtant, avec le recul des années, je peux maintenant à
la fois comprendre comment et pourquoi ces anciens véhicules ont
contribué, à leur manière certes, à développer ma passion de
l'inexpliqué, pourquoi j'ai pu les trouver (après coup) si attachants
et, enfin, comment j'en suis venu à aller jusqu'à devenir chauffeur de
bus (avec un diplôme de criminologie en poche) ! L'histoire est à la fois très simple et extrêmement complexe.
Mais je vais m'arranger pour faire passer la sauce pour le mieux.
Je n'ai pas toujours été chauffeur d'autobus. Ni de
tramway d'ailleurs - (je ne l'ai même jamais été). Quand j'étais petit, je ne rêvais pas non plus de le devenir ! Oh
! Il m'était bien arrivé une fois ou l'autre, comme tout enfant je
suppose, de "jouer" au chauffeur de bus... "Vroum... vroum" ou au
contrôleur de train. Mais cela n'allait pas plus loin et, devenu
adolescent, tout ce genre de choses s'est empressé de disparaître dans
un infime recoin caché de ma mémoire.
Ce n'est qu'un peu après la vingtaine que, alors que
j'habitais Bruxelles, je me suis surpris (c'est vraiment le cas de le
dire puisque rien, mais alors là vraiment rien ne le laissait présumer
jusque là) à m'intéresser à ce qu'était jadis le parcours, entendez
l'itinéraire ou le tracé des tramways bruxellois de la STIB. Cela avait
beau me paraître étrange, quasiment inexplicable; je parcourais les rues
en quête de bouquinistes à même de me procurer cartes ou photos de
l'époque où j'étais gamin et où ces satanés trams, par la suite parfois
remplacés par des bus, parcouraient la capitale et plus particulièrement
le quartier où je vivais alors. Mais, bon sang ! Pourquoi ? Je n'avais
pris le tram que de manière très occasionnelle, je n'étais même pas
abonné et, à l'époque, je m'en fichais complètement ! Alors ?
Alors, par quels sombres détours, par quelles méandres bizarroïdes les
choses allaient-elles se mettre en place pour m'amener à l'étude du
mystère... C'est ce que nous allons voir car tout un chacun pourra sans
conteste se dire : alors là! Franchement, on ne comprend pas...
C'est que, pour situer un peu, cela allait m'emmener
très indirectement sur la piste des réseaux Stay-behind, des mystères du
Bruxelles souterrain et/ou parallèle (l'un n'empêche pas l'autre !) que
j'allais d'ailleurs visiter involontairement, que j'allais vivre - de
fil en aiguille - une succession vraiment incroyable de coïncidences,
que j'allais sauter d'un endroit historique à l'autre avec de nouvelles
coïncidences, d'un château réputé hanté à un autre puis au suivant,
ainsi qu'une foule d'autres bizarreries étrangement curieuses...