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Toutefois, considérer que les Carrières de Paris auraient déjà livré tous leurs secrets au terme de ces quelques pages serait hasardeux et
si vous croyez cela, vous allez tomber sur un os... Si j'ose dire.
Car il y a bien quelques légendes qui rôdent autour de ces
catacombes. Il serait trop beau en effet de ne rien avoir d'autre, étant donné que la mort est bel et bien sous terre, et que visiblement des groupes de gens depuis des années l'affrontent et même lui rient au nez en se divertissant sous terre.
Aérons nous à présent quelques instants pour parler des jardins du Luxembourg dont tout le monde aura déjà au moins entendu parler. Si vous êtes déjà
passés par la capitale française, la ville lumière, il serait vraiment étonnant que vous ne soyez pas allés y faire un petit tour. Par contre, ce que
beaucoup de gens peuvent ignorer c'est qu'à la place de ce jardin se dressait jadis ce qu'on appelle le château Vauvert construit par Robert le Pieux (996-1031).
Nous connaissons
maintenant un peu mieux l'histoire de ces carrières, leurs particularités et leurs dangers, mais ce n'est pas ici véritablement le propos de ce dossier
puisque le CERPI est principalement axé sur l'étude et l'analyse des phénomènes inexpliqués. Qu'importe ! Direz-vous peut-être, cela nous aura au
moins permis de faire une belle ballade virtuelle au pays de l'étrange.
Et quelle réputation ce château !
Au Moyen âge, donc pendant la période d'exploitation des carrières, certains (nombreux) prétendirent y avoir vu le Diable !
Le château tombant en ruines, des années plus tard on le dit hanté. On y entendait des hurlements, des plaintes, les gens ne passaient pas à côté, le chemin passant à côté du château fut nommé Via Inferna ou Voie d'enfer.
Ces terres furent données à l'ordre des Chartreux qui eux mêmes chassèrent la présence satanique.
Connaissez-vous l'expression «Allez au Diable Vauvert, allez au Diable Vert, ou allez au Diable ? Ne cherchez pas plus loin, pensez au château, ce maudit château !
Hé bien cette expression était chère à ce brave Léon Zitrone. Et ce que nous avons trouvé n'est pas si clair que ça, disons même que cela pourrait relancer le débat. Jugez plutôt :
L'expression au diable vauvert ayant été employée, Jacques Rouillard(11.05.1999) s'était interrogé : «Il y a un Vauvert en Camargue, c'est au bout du monde effectivement. Je me demande si l'expression vient de là.»
Jean-Pierre Lacroux - Ce diable était parisien (enfin, banlieusard... à l'époque, et dans un coin sinistre et désolé). Si le château de Vauvert et ses «hôtes» étaient encore de ce monde, ils seraient probablement dans le jardin du Luxembourg, pas loin de la barrière d'Enfer... Pas rassurant, tout ça. [Et«DB» de préciser :] À l'emplacement de Port-Royal, je crois.
Dominique Otello
- Vauvert : mot qui n'est plus usité que dans les locutions : Aller au diable vauvert, c'est au diable vauvert, qui signifient :
1-
faire une longue course ; (d'où le rapport avec Léon Zitrone qui commentait jadis les courses de chevaux)
2- être situé dans un endroit déplaisant. (Dans le cas précédemment cité, les commentaires de Léon
Zitrone en l'occurrence, un jockey revenait du Diable Vauvert, cela voulait dire qu'il revenait de loin pour finir par " revenir dans la course ".)
Ces deux locutions auraient leur origine dans le nom du Château de Valvert ou Vauvert qui était situé à Gentilly, près de Paris. Bâti par le roi Robert,
ce château abandonné serait devenu le repaire d'une bande de mauvais sujets, qui répandaient la terreur dans le voisinage.
Selon d'autres, le château aurait été convoité par les Chartreux propriétaires d'un établissement voisin, qui, pour inciter le roi Louis IX à
leur en faire donation, y auraient organisé des apparitions de diables et de revenants. Primitivement le diable vauvert figurait dans d'autres
locutions et y tenait le rôle principal. On trouve en effet dans Rabelais : «Je vous chicanerai en diable de Vauvert», et dans Froumenteau : «Il y a
certains gentilshommes qui font le diable de Vauvert, tant sont insolents et desreiglez..» Bibliographie : Nouveau Larousse illustré en 7 volumes,
environ 1900. (Environ 1900 car aucune date d'édition n'est mentionnée ; la date la plus récente trouvée dans les descriptions est 1898.)
Jean-Pierre Lacroux(12.05.1999)
- Comparez avec ce qu'écrivait Pierre Larousse (ou un des collaborateurs duDictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1876), qui a consacré
plus de trente lignes documentées et crédibles à ce «auvert», et vous verrez qu'il y a un truc pas clair dans la thèse des Chartreux rusés (qui
est celle de Littré). Quillet et d'autres sources situent l'affaire à l'emplacement du jardin du Luxembourg, mais d'autres vont un peu plus au
sud, jusqu'à Gentilly... soit à peine deux ou trois kilomètres (sans doute moins, car à l'époque Gentilly est dans les limites du Paris
d'aujourd'hui... disons en dessous de la Santé et des Gobelins).
Sur la localisation précise, je n'ai pas d'opinion arrêtée... Sur l'origine du diable, j'ai un sentiment... Les Parisiens du Moyen Âge n'étaient guère
plus bêtes (le texte original utilise un autre terme...) que nous : dans leur vie quotidienne, plus que les fantômes, ils craignaient les brigands...
et il y en avait dans l'Enfer et sur le sentier qui de la poterne Saint-Jacques menait à Vauvert. Il n'y a pas de monastère chartreux dans le
coin avant Saint Louis... C'est ce roi qui offre les lieux aux moines. Pourquoi auraient-ils usé d'un stratagème débile pour agrandir leur
domaine ? La mauvaise réputation des ruines du château du roi Robert était bien antérieure.
Problème... Ce monastère est-il celui de Gentilly (prolongez le sentier qui va de la poterne Saint-Jacques à la barrière
d'Enfer, vous tombez sur le Gentilly d'hier et même, en continuant un peu, sur celui d'aujourd'hui) ? Vauvert à Gentilly ? Ou à l'emplacement du
Luxembourg ? de Port-Royal ? Je n'en sais fichtre rien... Quelqu'un a une idée ? En tout cas, c'est dans le coin, et le coin n'est pas si grand que
ça...
La prudence (brigands ou moines...) du N.L.I. se retrouve dans le Larousse du XXe siècle, mais non dans le Grand Larousse universel
(1982-1986)... qui oublie les brigands... et qui en outre confond Louis IX (Saint Louis) et Louis XI (mauvaise lecture des épreuves, sans doute...), ce
qui n'incite guère à le croire sur sa bonne mine (c'est pourtant le meilleur dictionnaire encyclopédique actuel, et de loin...). Quant à Maurice Rat
(Dictionnaire des locutions françaises, Larousse), il semble confondre Philippe Auguste et Philippe le Bel...
[Sur la date de parution du Nouveau Larousse illustré en 7 volumes] De 1897 à 1904, selon les volumes (1 à 7), si vous avez la première édition (j'ai le numéro 00018...), car cet ouvrage a été publié et modifié (j'ai aussi le numéro 245287...) jusqu'à la parution de son successeur (Larousse du XXe siècle, 1928-1933 pour la première édition).
Si l'on vous suggère un jour d'énervement d'aller au diable Vauvert (traduction : allez vous faire voir, et si possible ne revenez pas !),
rétorquez-leur : " d'accord, mais après vous. "
Voici l'origine de cette locution, plus usitée au XIXème siècle que de nos jours, il est vrai. Et c'est dommage.
L'imposant et sinistre château de Vauvert (ou Val Vert) fut autrefois planté, en plein Moyen Age, à Paris, tout près de l'actuel jardin du Luxembourg, en face
des allées de l'Observatoire, dans la rue Denfert, plus justement nommée, en ce temps-là : d'Enfer.
C'était un vaste bâtiment de lamentable réputation : ses entrailles voûtées étaient peuplées de bruits, de ricanements, de cris lugubres, de grincements
rouillés, ses murs suaient du sang à certaines heures de la nuit, des lueurs apparaissaient et disparaissaient sans raison, bref, il était hanté par un
démon, le Diable Vauvert, très puissant et très misérable délégué de Satan en la capitale.
A force de suppliques émanant de passants terrorisés, et de voisins épouvantés et insomniaques, le Roi Saint Louis fit don du domaine aux Chartreux, ce qui eut
le mérite de faire taire quelques temps le remuant occupant de la demeure en ruines. Le bâtiment s'effondra, mais les Chartreux avaient surtout aménagé les
carrières, qui se croisaient en dessous, en magnifiques caves voûtées où ils brassèrent de la bière et alambiquèrent des liqueurs fortes.