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LA DANSE SUR LE FEU - ou NESTINARSTVO
Svetlana nous présente d'abord cet événement sous l'angle du folklore, quant à ses origines, son déroulement, etc. Ensuite, notre équipe réalise un ensemble de recherches sur les multiples facettes de cet étrange phénomène et, ce qui ne gâche rien, présente la solution de l'énigme. Nestinarstvo représente une ancienne coutume, une danse sur la braise. La danse sur le feu est connue de beaucoup de peuples. En Bulgarie, au XIXe siècle, le nestinarstvo s'est répandu dans la Thrace de l'est, plus tard il ne s'est conservé que dans la région de la montagne Strandja. Jusqu'à nos jours son centre est le village de Balgari (au sud-ouest de Tsarévo). Cette coutume a lieu le 21 mai (la fête des Saints Constantin et Hélène) et, plus rarement, le 26 juillet (la fête de Saint Ilya). La fête nestinarski commence par un service dans la chapelle qui porte le(s) nom(s) des saints, après on va à la source et le soir, on danse sur la braise. On continue la fête sur la place centrale du village en dansant le khoro (ronde, danse bulgare traditionnelle), on prend le repas rituel et on visite les maisons des habitants du village.
Mais l'événement principal de la fête est bien sûr la danse sur la braise. Le soir, après que le grand feu ait brûlé, on enlève les fumerons. La braise est étalée en forme de cercle régulier d'un diamètre de 3 à 5 m et d'une épaisseur de 3 à 5 cm. Au son d'une mélodie spéciale, au rythme de la grosse caisse, les danseurs et les danseuses dans les costumes nationaux mais aux pieds nus (les nestinari) commencent à danser. Ils se penchent, se tapent les cuisses, se redressent, claquent des mains, s'écrient: "Vakh ! Vakh !" Peu à peu ils entrent en transe. Tantôt l'un, tantôt l'autre saisit l'icône nestinarska et entre dans le cercle de feu. A ce moment-là,les nestinari prévoient l'avenir. Le plus impressionnant est que la peau des pieds des nestinari ne soit pas brûlée. Malgré qu'ils dansent assez longtemps (10 minutes minimum), il n'y a de brûlures nulle part sur leurs pieds. Ce qui aussi intéressant c'est que
les objets que les nestinari laissent tomber par hasard, ne brûlent pas non plus. Selon quelques témoins, parfois
les nestinari peuvent s'asseoir ou même se coucher sur la braise. L'insensibilité à la douleur pourrait être expliquée par l'état
d'esprit, une préparation psychologique, mais l'absence de brûlures ? Selon la légende, pendant les grandes invasions, les Protobulgares étendirent le nestinarstvo aux quatre coins du monde : en Grèce, dans
les pays arabes, dans le Caucase et sur les îles japonaises. Mais il n'y a qu'en Bulgarie que les nestinari peuvent non
seulement danser sur la braise mais aussi porter le feu dans leurs mains. Habituellement, cet art de danser sur la braise est transmis de génération en génération, mais
parfois il arrive qu'en regardant les danseurs, d'autres gens se hasardent eux aussi à entrer dans le cercle de feu. Ils peuvent alors devenir nestinari. Le paganisme et le christianisme, le mystère et la foi, le passé et le présent liés dans une coutume, ce n'est pas un cas unique en Bulgarie. Quel est ce pouvoir sur l'esprit qui vient du temps jadis et représente le fil de la Bulgarie du khan Koubrat à la Bulgarie contemporaine, qui unit tous les Bulgares dans le monde entier en une expression : "cela est déjà arrivé autrefois" ? Quel est cet élan d'entrer dans le cercle de feu, incompréhensible pour les autres mais qui, comme le dit le poète : "... me fait mettre à merveille et, un jour, mener tout le monde C'est ce qu'on nomme l'appel des ancêtres. L'appel des ancêtres, qui est lié au culte des chamans, sacrificateurs des Protobulgares, tire
sa croyance dans la force de leurs danses magiques et de leurs capacités de traiter, de conseiller et de prédire, à leur rôle de médiateurs entre le peuple et le dieu
suprême Tangra ? Ou est-ce la foi à un autre sauveur crucifié au Calvaire qui protège ses croyants, la foi qui n'a pas été trahie pendant les cinq cents ans du joug. Nous devons cet article à Mme Svetlana Popova, correspondante du CERPI que nous remercions vivement. |