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Les archers fantômes de MonsUn mélange de surnaturel, de médiumnité, d'ufologie...
L'affaire remonte au 23 août 1914, de l'histoire ancienne donc, nous sommes au début de la première guerre mondiale. Des forces britanniques stationnées à Mons, ville belge aujourd'hui relativement importante, se trouvent dans une situation quasiment désespérée car prises en encerclement devant les armées allemandes. La situation est à ce point grave que l'issue du combat ne fait pratiquement plus aucun doute, ce n'est plus qu'une question de temps pour que ce soit la débâcle. Mais c'est alors qu'un événement vraiment très particulier (et surtout très inattendu) se produisit à en croire le témoignage des survivants. Selon certains, on vit dans le ciel une formation nuageuse se dessiner, laquelle devait assurer un soutien inespéré et très efficace aux troupes en déroute. Pour d'autres, ce nuage n'était autre qu'un essaim d'anges armés d'arcs et de flèches qui prirent les allemands à parti, leur apportèrent un renfort substantiel et leur permirent de se retirer. Quelques témoins y virent même St-Georges et son armée céleste, le bourreau de dragons est célèbre dans la ville. Quoi qu'il en soit, ce qui venait de se passer sortait assurément de l'ordinaire et semblait totalement inexplicable. Il s'agit là d'un épisode de la première guerre mondiale assez peu connu de nos jours puisque l'on a forcément tendance à focaliser sur la deuxième guerre mondiale, plus proche de nous. Mais à l'époque l'affaire fit grand bruit, se propagea largement au-delà de nos frontières et connut de vives répercutions, surtout en Angleterre. Marcel Gillis, peintre montois, en a fait un tableau dont vous pouvez voir une reproduction ci-contre. Cette image semble sous copyright, merci donc à toute personne éventuellement concernée de prendre contact avec nos services en cas de problème (voir rubrique "contacts" en page d'accueil) Mais sommes-nous ici en présence d'un phénomène grandiose qui pourrait être de nature à authentifier le surnaturel ou le paranormal, voire les OVNI ou bien d'une simple légende, une rumeur urbaine parmi tant d'autres, pas plus fiable que n'importe quelle autre ? Il semblerait bien que les choses ne soient pas aussi simples à démêler, nous allons le voir. Tentatives de démystifications, logiques, sceptiques et zététiques...Marcel Gillis n'est pas le seul à avoir immortalisé l'événement en peinture, H-H Margetson en a fait de même (voyez : http://neoconscienceblog.wordpress.com/2008/05/02/lange-de-mons/
Ce n'est qu'en mai de 1915 qu'une immense controverse éclata lorsque les anges furent utilisés dans des sermons à travers la Grande-Bretagne pour prouver l'action de la providence divine au côté des Alliés. Machen, stupéfié par tout ceci, essaya de couper court aux rumeurs en republiant l'histoire en août sous la forme de livre avec une longue préface affirmant que les rumeurs étaient fausses et tiraient leur origine de sa nouvelle. Le livre fut un best-seller et eut seulement pour conséquence la publication d'une vaste série d'ouvrages prétendant apporter la preuve de l'existence des anges. Ces publications comprenaient des chansons populaires et des rendus artistiques des anges. L'étude de Kevin McClure décrit deux types d'histoires circulant, certaines nettement plus inspirées de Machen et d'autres avec des détails différents. Cependant, tous ces rapports confirmant des observations d'activités surnaturelles étaient au mieux de seconde main et certains d'entre eux citaient même des soldats qui n'étaient pas à Mons. Une enquête circonspecte menée par la Society for Psychical Research (SPR) en 1915 indiqua à propos des témoignages de première main : «nous n'en avons recueilli aucun, et parmi ceux de seconde main, aucun ne justifierait que nous affirmions la réalité d'un quelconque phénomène surnaturel.» La SPR poursuivit en indiquant que les rapports relatant des «visions» sur le champ de bataille circulant au cours du printemps et l'été de 1915 «s'avèrent après enquête être fondés sur l'unique rumeur, et ne peuvent être rattachés à aucune source sérieuse.» La diffusion soudaine des rumeurs au printemps de 1915, six mois après que les événements se sont produits, est aussi énigmatique. Les récits publiés à cette époque attribuent fréquemment leurs sources à de mystérieux dirigeants britanniques anonymes. La dernière et la plus détaillée des enquêtes sur l'histoire des anges de Mons, menée par David Clarke, suggère que ces hommes auraient pu être impliqués dans une tentative secrète par les services secrets militaires de diffusion de propagande psychologique. La seule preuve réelle des visions apparue au cours des débats vint de soldats véritablement en service qui ont déclaré qu'ils avaient eu des visions de cavaliers fantômes, pas d'anges ou d'archers, et ceci s'était produit durant la retraite plutôt qu'au cours de la bataille elle-même. Puisque au cours de la retraite énormément de soldats étaient épuisés et n'avaient pas dormi correctement depuis des jours, il se peut que ces visions furent des hallucinations. Il semble par conséquent que la nouvelle de Machen ait généré la majorité des récits d'apparition angélique à cette époque. Ces récits ont sans doute relevé le moral de l'arrière tandis que l'enthousiasme populaire chutait en 1915. Ils témoignent aussi de la diffusion rapide des rumeurs et des mythes en temps de guerre et peuvent être comparés au phénomène moderne d'observations d'OVNI. (...) Contre argumentation
Même en se documentant de manière traditionnelle, uniquement sur le plan historique, on remarque déjà de sérieuses contradictions. Les forces britanniques présentes à Mons varient très curieusement entre 300 (?) hommes et 72.000. Soyons sérieux, comment pourrait-on imaginer un seul instant que les forces aient été aussi disproportionnées que dans le premier exemple ? Disproportionnées, elles l'étaient bel et bien, et nettement en faveur des allemands, mais non ! Décidément, non : pas à ce point ! Il faut rappeler ici que, dans le contexte de la bataille, il ne s'agissait évidemment pas de vaincre l'Allemagne, laquelle venait d'envahir rapidement la quasi totalité de la Belgique (en rencontrant toutefois une résistance acharnée et héroïque mais vaine, notamment à Liège, à Namur et à Charleroi où des civils furent même utilisés par l'envahisseur comme boucliers humains !) Il s'agissait tout au plus de freiner l'avance allemande au maximum en vue de ce qui allait se dérouler par la suite sur la Marne. Prétendre que la bataille de Mons fut une victoire anglaise serait certainement exagéré sur le plan strictement militaire, puisque les anglais ont pratiquement été massacrés et mis en déroute, subissant la supériorité numérique et une manœuvre d'encerclement rendue plus aisée par le décrochage du côté français. Dire qu'il s'agit d'une cuisante défaite ne serait pas totalement faux au regard des lourdes pertes subies mais ce serait aussi faire affront aux forces expéditionnaires qui, dans des conditions extrêmement difficiles ont malgré tout vaillamment résisté durant pratiquement vingt-quatre heures, ce qui constituait sans nul doute un exploit ! Les anglais ont au contraire opposé une résistance remarquable, grâce à une puissance de tir (inattendue du côté allemand), une bravoure légendaire et un professionnalisme hors pair. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que la bataille de Mons fut l'une des premières réellement représentatives de la violence du conflit, qu'il s'agissait de la première intervention anglaise dans notre pays depuis Waterloo et qu'elle témoigne de l'engagement de la guerre proprement dite. Dans un certain sens, les anglais n'avaient donc pas failli à leur mission en retardant effectivement la progression allemande mais aussi en lui infligeant de lourdes pertes. On retrouve bien l'esprit de mauvaise foi quand on entend parler les sceptiques qui évoquent la toile de Marcel Gillis comme figurant dans un petit musée
miteux et poussiéreux. (En 2017, en tous cas, j'ai visité moi-même un musée montois où se trouvait le dit tableau. Il se trouvait au lieu-dit "La Machine à Eau" et n'avait
franchement rien de miteux, bien au contraire !) Peu importe l'état réel du musée et que les montois d'aujourd'hui se souviennent ou non des faits, la représentation
existe bel et bien, n'en déplaise à qui que ce soit et rien ni personne n'empêchera que la bataille ait bien eu lieu. Lorsque l'on entend la voix juvénile de certains
sceptiques qui s'expriment au micro, on comprend immédiatement qu'ils n'ont pas même connu la seconde guerre mondiale et qu'ils sont donc bien mal placés pour parler de la
première ! Une chose est certaine : il n'y a plus actuellement le moindre témoin vivant de cette bataille, tout ce que l'on pourra donc en dire maintenant sera sujet à
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