Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

"LA NUIT DE WALPURGIS" (WALPURGISNACHT)


Chez les amateurs de l'étrange, ou lors de conversations de salon, on entend souvent parler de la fameuse Nuit de Walpurgis. Son évocation à elle seule suffit à éveiller la curiosité, sous entendre les pires maléfices, manifestations d'entités inquiétantes. Quant à ce qui est d'expliquer de quoi il s'agit et même de trouver de la documentation sur le sujet, c'est le plus généralement le blocage !
Les livres traitant de la nuit de Walpurgis sont relativement rares, même le Net est plutôt avare de renseignements. Alors, si vous le voulez bien, situons tout d'abord le sujet.

Pour ce qui est de la version littéraire, vous imaginez :

...un sombre village perdu près du sommet d'un mont sinistre, par une nuit d'orage. Le vent souffle en tempête et les rares habitants se sont colmatés chez eux, auprès de la lueur incertaine de leurs bougies, tandis que dehors, une enseigne vétuste clapote avec un grincement régulier qui fait inexorablement penser au mécanisme de quelque horloge malfaisante et hantée. Les douze coups fatidiques vont bientôt retentir, tels autant de couperets, sentences abominables du verdict annuel tant redouté : la nuit de Walpurgis !
Une silhouette se profile le long du versant, voûtée et encapuchonnée. Si l'on pouvait mieux y voir à cause de ce satané temps et jamais les conditions atmosphériques n'auront aussi bien porté leur nom, les spectateurs les plus téméraires auraient pu distinguer la nature de la canne sur laquelle s'appuie cet être sans âge. Il s'agit en fait d'une solide branche tordue, surmontée de crânes, sur laquelle vient se poser la paume d'une main squelettique, portant au doigt une bague dont chacun ici connaît la signification.

nuit de Walpurgis

Jadis, par une nuit encore plus épouvantable, cette soeur fut laissée pour morte sur le bas côté par une dame qui n'avait pas les moyens de lui offrir une sépulture. Celle-ci tenta alors de lui dérober la bague pour payer les frais. Mais la bague ne pouvait en aucun cas être dérobée car il s'agissait de celle du diable en personne ! La pauvresse n'arrivant donc pas à ses fins, sectionna le doigt de la malheureuse.

Le diable surgit alors, fit subir à la voleuse une torture inimaginable qui la laissa telle un pantin disloqué auquel on avait fait prendre des postures inconcevables. Cette femme avait été projetée, avec une violence inouïe, contre tous les murs de sa maison où elle s'était réfugiée, pensant pouvoir fuir la colère du malin. Ce que l'on avait retrouvé d'elle, le lendemain matin, n'avait plus qu'une apparence vaguement humaine...
Depuis, chaque année, la sorcière revient sur les lieux. Il lui manque toujours un doigt, mais la bague est toujours là et la colère du cornu n'est pas encore apaisée. Cette nuit, tout est possible ! Fantômes, spectres, sorcières feront la sarabande et malheur au mortel qui les surprendra !

Bon ! Sur ce, vous pouvez arrêter de frissonner, mais ne zappez pas ! Le reste est quand même plus joyeux et plus culturel !

En fait, l'origine de cette fameuse nuit de Walpurgis se perd dans la nuit des temps. On lui attribue une origine celtique ou viking. La date même de sa célébration peut varier énormément selon les témoignages. La plus communément admise réside dans la nuit du 30 avril au 1er mai, mais certains la voient à la Toussaint, d'autres vers la fin du mois de novembre ou même en décembre.

Voici quelques extraits relatifs à la nuit de Walpurgis :

La nuit de Walpurgis (Valborgsmässoafton) - le 30 avril
Dans les villes universitaires, à Uppsala par exemple, les étudiants, coiffés de casquettes blanches, se rassemblent, chantent, font des discours sur l'arrivée des beaux jours, puis font la fête. Un peu partout ailleurs, les gens se rassemblent sur des collines autour de grands feux alimentés par les branchages de l'hiver passé et chantent des airs traditionnels sur le printemps. Si ces feux étaient autrefois sensés chasser les sorcières, ils symbolisent aujourd'hui le début de la saison chaude. Le repas servi à cette occasion comprend notamment du saumon mariné à l'aneth.
(Traditions suédoises).

Le bruit de la pluie sur les toits en tuiles était assourdissant. Dans les maisons, on se serrait autour du feu de cheminée, inquiet, silencieux. C'était la terrible nuit de Walpurgis, la veille de la Toussaint pendant laquelle les sorcières quittent leurs antres pour aller réciter le sabbat impie et diabolique, la messe noire, dans les sombres forêts et sur les collines désertes. On savait tout cela dans le village. On savait que malgré la pluie, les sorcières et les serviteurs du Malin ne manqueraient pas à l'appel du Diable et quiconque serait assez inconscient pour les surprendre périrait sous le couteau sacrificiel des hérétiques, déversant ses entrailles pour la gloire de Satan et le nombre de la Bête.
(extrait) remarquez : "Toussaint".

Au printemps, les vikings célébraient son arrivée. Ils faisaient des grands feux dans l'espoir que le printemps viendrait plus vite. Nous pouvons voir la même chose aujourd'hui quand nous fêtons la nuit de Walpurgis. Même si on peut croire que les deux fêtes vont ensemble, c'est à peine probable. Selon des chercheurs, la nuit de Walpurgis est originaire d'une sainte anglaise.
Texte sur les fêtes des Vikinks (remarquer: Vikings=Suédois)

WALPURGISNACHT
carte de Brocken30 avril 1999 en Hessen
De Leipzig, nous sommes partis en voiture pour Aschersleben, tout près de la Harz. Julianne et Franck nous ont emmenés fêter la nuit de Walpurgis dans deux bourgs des environs.
Faisant référence à un épisode du Faust de Goethe, cette "fête des sorcières" symbolise également la fin de l'hiver. C'est l'occasion d' immenses rassemblements où l'on boit de la bière accompagnée de saucisses. On peut aussi se laisser tenter par un verre (ou une bouteille !) de Honigwein.
Après la reconstitution de scènes moyenâgeuses et quelques animations pour les enfants, la fête continue autour d'un grand feu, où l'on peut encore voir quelques sorcières !
(mini-reportage sur la Walpurgisnacht)

Les 6, 7, 8 avril : les fêtes de Pâques

On célèbre dans l'Europe chrétienne la résurrection du Christ qui marque la fin de la période du Carême, période de jeûne. Pendant la Semaine Sainte : A Séville, les confréries encapuchonnées effectuent leur acte de pénitence lors de processions rythmées par les tambours.
En Suède, les enfants, déguisés en sorcières, quêtent dans les rues bonbons et œufs de Pâques.
En Grèce, le 15 avril, les cloches des églises invitent les fidèles à la fête de l'Agapi. Cette fête, inspirée des festins - appelés "Agapes" - que donnaient les premiers chrétiens, symbolise la fraternité avec son prochain.
On retrouve donc, en avril la présence de sorcières !

Le 30 avril : la nuit de Walpurgis en Allemagne et en Suède.
La nuit du 30 avril est connue sous le nom de "nuit de Walpurgis", le symbole de la fin de l'hiver. De grands feux sont allumés dans les vallées et la population se laisse aller aux chants et aux danses, honorant ainsi l'arrivée du printemps.

Nuit pendant laquelle, en Allemagne, en Roumanie, et dans certains pays de l'Est, tous les esprits maléfiques, fantômes et vampires, sont libérés et sont censés se livrer à des bacchanales infernales, dangereuses pour tout mortel qui les découvrirait. Elle tomberait, pour certains, la nuit de la Saint-André, celle du 30 novembre au 1er décembre, d'autres la situent la nuit du 1er mai, ou, comme dans la nouvelle, L'invité de Dracula, de Stoker, la nuit de la Saint-Georges, c'est à dire pendant la nuit du 4 au 5 mai. Curieusement cet épisode a rarement inspiré les réalisateurs de cinéma puisqu'un seul film semble s'y référer, bien que très librement : La noche de Walpurgis de Leon Klimovsky en 1972 avec Paul Naschy.
La nuit de Walpurgis (Walpurgis Nacht) est également le titre d'un roman de l'Autrichien Gustav Meyrinck, l'auteur du fameux Golem.

Disons encore que Brocken est le point culminant du Harz, en Allemagne, avec ses 1142 mètres. La légende y plaçait la réunion des sorcières pendant la nuit de Walpurgis (du 30 avril au 1er mai). Walpurgis, ou Walburge est une sainte. Religieuse anglaise, née à Essex (710) et décédée à Heidenheim en Allemagne (779), elle fut abbesse du monastère de Heidenheim et son tombeau devint un centre de pèlerinage. Sa fête, qui se célébrait le 1er mai, fut associée par la ferveur populaire à d'anciennes légendes du folklore germanique sur le retour du printemps.

Il semble assez clair qu'au travers de tous ces témoignages, on retrouve la symbolique de la lutte entre le bien et le mal, l'idée sacrificielle et la résurrection (Pâques) tout autant que la mort. Que l'on ait affublé cette fête de connotations étranges et surnaturelles, d'idées lugubres et de contes inquiétants n'a rien d'étonnant. L'époque de l'année s'y prête à merveille : les journées rallongent, c'est la victoire de la clarté sur l'obscurité et donc du blanc sur le noir, symboles de la vie et de la mort. Le printemps est la saison au cours de laquelle la nature toute entière reprend vie. Spectres et fantômes sont donc des manifestations folkloriques, perpétuées en quelque sorte pour canaliser ou exorciser nos peurs en les tournant en ridicule. L'étrange subsiste malgré le siècle des inventions et les progrès technologiques car il a la vie dure, que les ténèbres font travailler les imaginations et... qu'il y a toujours un je ne sais quoi de ..."et si c'était pourtant vrai ?"...

C'est dans cette optique que nous clôturerons ce chapitre par une question sur laquelle vous aurez le loisir de débattre :
Sainte Walburge vécut au VIIIè siècle, n'est-ce pas ? Or, Celtes et Vikings lui étaient largement antérieurs... alors ?

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