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L'histoire qui suit n'a, en elle-même, strictement rien de paranormal ou de surnaturel, il s'agirait plutôt d'une anecdote dans la vie d'un chauffeur de bus. Elle prend toute son importance lorsqu'on la met en rapport avec d'autres événements et notamment l'affaire du bibliothécaire de Bruxelles, survenue bien longtemps avant... A l'époque, j'occupais une place en série sur l'Intra Muros de Mons. Par opposition avec les chauffeurs "supplémentaires", ceux qui effectuent toutes sortes de lignes, par exemple en remplacement de collègues malades, blessés, en congé, etc. les chauffeurs "en série" sont affectés de manière permanente sur certaines lignes bien spécifiques. Et donc, ce jour là, j'étais "en blanc". Je devais donc assurer une ligne régulière en remplacement d'un collègue manquant. Mais comme il s'agissait de ma première année dans la société, je ne connaissais encore que très peu de lignes et celle qui m'avait été réservée figurait parmi celles qui échappaient à mes pauvres connaissances d'alors. C'était un 14, un "grand 14" comme on dit entre chauffeurs, pour le distinguer du 14B qui ne fait qu'un circuit dans la ville de Ghlin alors que le "Grand" réalise tout un périple qui va de Mons à Saint-Ghislain en passant par Ghlin, Baudour, et Tertre. En ce qui me concerne, mis à part Ghlin que je connaissais pour avoir déjà fait du 14B, me parler de Baudour ou de Tertre et même de Saint-Ghislain, c'était pareil que si cela avait été Casablanca, Rio de Janeiro et Prague : complètement inconnu pour moi ! Pour couronner le tout, le trajet partait de Saint-Ghislain (je ne pourrais donc pas gagner du temps en commençant par des tronçons connus, je serais directement "dans le bain" en pleine terra incognita !) et l'on m'avait attribué un R312, c'est-à-dire un modèle de bus plus difficile à conduire pour un débutant (l'empattement est plus important et rend les virages plus larges, les réactions du véhicule sont plus brusques, celui-ci est légèrement plus large, plus lourd et plus long, les commandes sont disposées tout autrement, enfin la plupart présentent la fâcheuse tendance à vibrer de partout de manière très impressionnante - un excellent cocktail pour mettre à l'aise !) Bien sûr, pas question de se lancer dans pareille aventure sans avoir pris les précautions d'usage et notamment averti mes chefs que je ne connaissais pas la route. Ceux-ci tentèrent de me rassurer en précisant qu'un contrôleur viendrait sur place en m'indiquerait le chemin et en ajoutant que "de toute façon, il y aurait des voyageurs" ce qui sous-entendait qu'il serait possible de leur demander. Dans l'immédiat, ils m'expliquèrent comment rejoindre Saint-Ghislain par l'autoroute de façon à pouvoir arriver au moins au terminus départ, là où un contrôleur viendrait donc me prêter main forte. Je ne crois pas qu'il soit utile de vous préciser que j'étais passablement stressé en me rendant sur les lieux ! Il est difficile de ne pas s'imaginer le pire : se perdre complètement avec un véhicule particulièrement encombrant et difficile à manœuvrer, dans le noir le plus complet car le service commençait très tôt, les pertes de temps, les plaintes des clients, leurs quolibets éventuels (qu'est-ce que c'est que ce chauffeur ?), la situation ridicule, etc. Me voici donc parti aux commandes de ce
monstre. J'arrive toutefois sans encombres face à la gare de
Saint-Ghislain, où se situe donc le terminus départ et mets le bus à
quai. Personne. Le quai est vide, rigoureusement vide ! Au risque de passer pour un pessimiste,
tout ceci ne me dit rien qui vaille ! La seule chose qui soit
sûre, c'est que le contrôleur est parti. Quant au voyageur, il
peut simplement me demander un renseignement, ne pas connaître la ligne,
ne pas aller jusqu'au bout de celle-ci... Le voilà qui s'approche,
lui et son chien. Un grand berger allemand... J'ai
maintenant deux ou trois minutes de retard et je me cogne le front sur
mon volant : comment vais-je me sortir de cette situation aussi ridicule
qu'embarrassante ? Je ne vais tout de même pas demander à un
aveugle de me montrer le chemin ! Plus tard, bien plus tard, quand
je raconterai cette histoire aux collègues, je leur dirai pour rigoler
que j'ai demandé au chien ! Mais pour l'instant, je suis loin de
rigoler ! Ce n'est que plus tard, une fois de plus,
qu'en me repassant mentalement le film de l'histoire je me suis rappelé
de cette hypothèse et de sa corollaire. Dans un certain sens, on
pourrait me qualifier de "voyant", bien que je n'aime guère ce terme.
Or donc, on pourrait dire qu'un voyant a été guidé par un aveugle ! La seule différence, c'est qu'on parlait de
trams et qu'il s'agit ici de bus. Mais s'il ne s'agit pas d'une
coïncidence remarquable, je me demande ce que c'est ! Plus tard encore, j'ai obtenu confirmation de la part de collègues en série sur cette ligne que, d'habitude il y avait effectivement toujours des voyageurs à cette heure pourtant matinale. Il n'est absolument pas étonnant d'avoir rencontré un aveugle sur la ligne puisque Ghlin comporte un centre destiné à leur effet. Ce qui est totalement invraisemblable, c'est d'avoir vu la réalisation incroyable d'une "prédiction" - textuellement exacte - exprimée par un personnage fantôme (comment dire autrement ?), soudainement apparu dans un établissement qui n'existait pas (ou n'existait plus ?), situé dans une rue qui avait disparu (ou n'avait jamais existé ?) Note sur les photos : en reconstruisant
ce site, j'ai rapatrié des terras de documents de toutes sortes et
notamment d'images, en provenance de l'ancien site. Ce dernier était
alimenté, entre autres, par quantité de correspondants qui avaient pour
consigne d'être respectueux des droits d'auteurs mais qui n'ont
peut-être pas toujours suffisamment surveillé ce point. Dans l'état
actuel des choses, face à cette quantité colossale, je ne peux pas tout
vérifier. ce serait humainement impossible ! Si certains s'estiment
lésés des publications figurant ici, j'attire leur attention sur les
points suivants : |