Le Parc Duden
J'ai considérablement écourté le texte qui suit, dont la version
originale prenait quatre longues pages de plusieurs écrans...
Forest, la commune bruxelloise où j'ai passé une bonne partie de mon
enfance, se distingue par la présence de deux parcs importants. Ils sont
importants évidemment par leur aspect écologique, touristique et même
culturel comme vous allez pouvoir le remarquer.
Mais outre des souvenirs datant de plus d'un demi siècle, qu'est-ce que
ces parcs peuvent nous apporter au niveau du CERPI ?
Le parc de Forest était tout proche d'où nous habitions, l'avenue
Wielemans-Ceuppens, qu'il suffisait de remonter pour arriver place de
Rochefort et, face à vous, se dessinaient les premières pelouses avec
leurs arbustes. Il s'agit d'un parc finalement très ordinaire et
j'ai envie de dire "bien sage" par rapport à son voisin immédiat, le
parc Duden que l'on constate immédiatement bien plus sauvage, plus
touffu, escarpé en certains endroits.
A priori, le parc Duden est un autre parc
comme tant d'autres à Bruxelles ou partout ailleurs.
On pouvait y accéder (entre autres) par
l'intermédiaire du square Lainé, que je me souviens avoir remonté avec
mon père et notre chien Simba ou
encore avec ma grand-mère, que j'aimais beaucoup. On aboutissait ensuite
à une série d'escaliers qui menaient, de manière très majestueuse, à une
plaine sablée et bordée de bancs où beaucoup d'enfants venaient jouer.
Si on se tournait vers le parc de Forest,
c'est-à-dire en somme vers le centre-ville, on avait une vue magnifique
sur le Palais de Justice mais voilà qui ne présentait qu'un
aspect tout à fait secondaire à mes yeux, c'était un détail un point
c'est tout. Je n'allais pas voir plus loin. Je ne pouvais pas
savoir, bien sûr, pas à cet âge et sans que quelqu'un ne me l'ait dicté,
que je me trouvais là quasiment sur une ligne droite qui venait du Palais
de Justice et se dirigeait vers le château de Beersel...
Je ne pouvais pas savoir que le premier était un haut lieu de l'occulte
à Bruxelles et que le second était réputé hanté, tandis que l'endroit où
je m'amusais, issu de Léopold II, roi controversé pour ses intrigues en
général, était supposé contenir un passage vers les cités obscures,
réelles ou imaginaires.
Évidemment, la topographie des lieux a bien changé depuis, mais l'esprit
général est resté le même. Au contraire, certains éléments sont venus
s'y ajouter, qui ne font que confirmer l'étrangeté des lieux. Vous
verrez ci-contre (à gauche) une statue d'Hermès,
qui se situe juste au bas de l'avenue du parc.
Faut-il le rappeler, Hermès a
donné son nom à l'hermétisme, important dans l'alchimie, un sujet qui
nous intéresse tout particulièrement et qui nous renvoie, entre autres,
à Nicolas
Flamel et,
pour les bruxellois, au célèbre Van Helmont. Ce dernier a
d'ailleurs sa rue tout près de la place Rouppe, une place qui m'a
marqué dans mes études et recherches à propos des anciens trams, une
place qui revêt une importance particulière dans l'étude de ce qui a
trait à ce fameux Brüsel si mystérieux.
Continuons, si vous le voulez bien, à mettre tout doucement nos éléments
en place et voyons aussi cette oeuvre artistique de Staccioli qui
représente un arc-en-ciel métallique et désormais rouillé, lequel trône
en pleine verdure, on se demande un peu pourquoi...
Bien sûr, l'oeuvre est
imposante par sa taille et ne manque pas de se faire remarquer comme il
se doit. Lorsqu'on l'a érigée sur place, on devait tout de même bien
s'imaginer que cela allait rouiller et ne plus présenter son apparence
initiale. Il y a là une certaine logique inattaquable, basique.
En ce qui me concerne et cette façon de voir les choses n'engage que
moi, il est plus que probable qu'il faille y voir une autre intention. Bon ! Soit, mais laquelle ?
Un arc-en-ciel est évidemment un phénomène
météorologique naturel bien connu, mais c'est aussi, de manière figurée,
une jonction, une transition, un rapport entre deux points ou, si vous
préférez, une liaison. Cet aspect des choses échappe probablement à de
nombreux observateurs et d'autres rétorqueront volontiers que je vais
chercher loin, mais l'importance des symboles est rarement aussi anodine
qu'on veut bien le dire et il me semble nécessaire de poursuivre, au
moins pour voir si l'on peut accréditer ma thèse ou si, au contraire, il
faut ranger cela dare-dare au rang des élucubrations gratuites.
Bien qu'il fallait s'en douter comme on le
verra plus loin puisque le parc a un rapport direct avec notre royauté,
on trouv(ait) également un buste de Léopold
II, lequel
agrémente de sa présence les ballades des visiteurs du parc. (Comme
quoi, tout passe, tout casse, tout lasse sauf les glaces, ce buste a été
remplacé par celui de Nelson Mandela !)
Comme je vous sens dubitatifs (et je vous
comprends car ces choses ne sont pas si évidentes), nous allons
poursuivre, varier les époques, voir l'histoire du parc, son évolution,
ses origines, etc. et vous m'en direz des nouvelles !
Nous allons à présent voir un tout autre
aspect du parc Duden, comme si l'on passait de l'autre côté de la
barrière, que l'on arrivait dans les faubourg des cités obscures, ou que
l'on passait de l'autre côté du miroir...
Le parc Duden
sous son aspect mystérieux
Tous les Forestois le savent fort bien,
lorsque le brouillard tombe sur la ville, les abords des parcs de
Forest, mais surtout ceux du parc Duden deviennent fantomatiques et
inquiétants. Il n'est plus guère de quidam qui s'aventure dans cette
étendue boisée aux dimensions plus qu'honorables, sans être franchement
gigantesques, mais largement suffisantes pour une embuscade, un mauvais
coup. Avec un peu d'imagination, on se croirait à Londres et l'affaire
de Jack l'Éventreur viendrait
facilement à l'esprit, ou plutôt celui du dépeceur
de Mons, son équivalent belge, puisque le début du
millénaire a été marqué par une sordide histoire... Des passants médusés
ont eu la très désagréable surprise de retrouver des restes humains
soigneusement découpés... Voilà déjà de quoi donner des frissons !
Au soir, le parc est fermé à la population. De
lourdes grilles en interdisent l'accès. Jadis, et probablement encore de
nos jours, un gardien ou un agent de police, voire deux, font le tour du
parc pour inviter les derniers promeneurs à quitter les lieux pour des
raisons de sécurité. Mais il est évident que les endroits où se cacher
ne manquent pas !
Toutefois, une fois l'obscurité tombant sur la ville, qui oserait
s'aventurer dans le parc où s'y faire enfermer ?
C'est
que, nous l'avons déjà dit, le parc de Duden est très différent du parc
de Forest. Le parc Duden est situé sur le versant droit de la vallée de
la Senne, beaucoup plus abrupt que le versant opposé. Ceci confère au
parc son relief vigoureux et même accidenté par endroits. Le plus haut
de ses coteaux culmine à plus de 90 mètres tandis que les points les
plus bas du parc sont à moins de 55 mètres d'altitude. Il est
pratiquement impossible de réaliser une visite du parc digne de son nom
sans être impressionné par l'une ou l'autre vue vertigineuse.
La rue du mystère le délimite d'ailleurs
sur son versant le plus abrupt et tout gosse du coin a, au moins une
fois dans sa vie, tenté la grimpette à vélo: dure expérience pour les
mollets !
Très jeune déjà, j'avais donc remarqué
cette différence entre les deux parcs. On y faisait les quatre cents
coups avec des copains et les fortes déclivités permettaient
effectivement de terribles cabrioles. Parfois, une ambiance assez
exceptionnelle régnait au parc, notamment le dimanche après-midi
lorsque l'Union
Saint-gilloise, alors encore en première division du
championnat belge de football, recevait un adversaire. A ces moments là,
les allées du parc étaient envahies de spectateurs qui pouvaient alors
percevoir une partie du terrain sans bourse délier. Il arrivait qu'un
agent de police vienne demander de circuler, mais on revenait aussitôt
après.
Si l'on consulte l'histoire de ce parc, on
s'aperçoit qu'il correspond finalement assez à l'impression un peu
mystérieuse qu'il rend au premier abord et, tout gosse déjà, j'avais
ressenti des choses bizarres en cet endroit, des choses que je
n'arrivais pas à comprendre, ni même à identifier mais qui provoquaient
parfois une espèce de haut le cœur...
D'un point de vue géologique, le parc est à
cheval entre deux terrains : la lisière est située sur du laekenien,
tandis que la partie ouest est de l'yprésien, constitué de sable très
fin dans lequel il n'est pas rare de découvrir des fossiles, nummulites,
dents de squales (?) ou fragments de coquilles d'huîtres… Voilà le genre
de choses auxquelles on ne s'attend guère ! D'autant que ces
nummulites sont les témoins principalement de l'éocène et de
l'oligocène, première partie de l'ère tertiaire (de - 65 à - 23 MA)
appelée justement le "nummulitique". Dans ces couches, elles y sont
parfois si nombreuses que leur agglomération constitue la roche
elle-même. Cette roche est localement appelée "pierre à liards" (voir
ci-dessous).
Pour la petite histoire, "liard" est un ancien mot qui, par déformation
est devenu le "iard" des wallons, qui signifie "sous, argent" (avoir
beaucoup d'argent= avoûr branmé des iards")
Lieu où Charles Quint s'adonnait à la
chasse, le parc Duden commence son histoire en 1106. Voilà un point déjà
remarquable : je n'aurais jamais cru que son histoire fut aussi longue
et dépasse allègrement celle même de la Belgique puisque cette dernière
n'a connu son indépendance qu'en 1830. C'est à cette date que le prieuré
bénédictin pour femmes de Forest est né. Dépendant tout d'abord de l'abbaye
d'Afflighem, il devient abbaye à part entière en 1238. Ce prieuré
s'est constitué un important domaine, dont les propriétés se
répartissent en peu partout dans le duché de Brabant, avec entre autres
des bois comme le bois de Linthout, le bois de Roodebeek et surtout le
bois de la Croix à Forest (appelé Kruysbosch). Ce dernier doit son
nom à l'existence d'une croix de pierre d'origine mystérieuse. Il est
intéressant de signaler à ce propos que cette croix existe toujours et
se situe presque juste au bas de la rue du mystère ! Cette
fameuse rue du mystère (qui s'appelait jadis "rue de la croix") délimite
le bout du parc Duden. Après, on arrive dans une cité et, encore plus
loin, à Forest National, le célèbre lieu de spectacles où de nombreuses
vedettes de la chanson viennent régulièrement se produire. Comme quoi,
de très nombreuses personnes ignorent complètement qu'en venant se
divertir et s'amuser à Bruxelles, à grands coups de décibels, ils se
trouvent en fait à deux pas de choses étranges...
Le
3 mars 1792, le Directoire vend le Kruysbosch à un certain Mosselman qui
y bâtit une maison de campagne, devenue à présent la maison des gardiens
du parc.
C'est en 1869 que monsieur Duden, Guillaume de son prénom, homme
d'affaires allemand, rachètera ce qui avait été rebaptisé "le bois de
Mosselman". Il y fera édifier un spacieux château, aujourd'hui devenu
une école de cinéma et de photographie, l'INRACI.
Il lèguera sa propriété à son ami qui n'est autre que le
roi Léopold II, qui à son tour le cèdera à l'État. Ce
n'est qu'en 1912 que ce lieu de promenade deviendra public. La création
du stade sportif de l'Union Saint-Gilloise date de 1914.
Il faut également impérativement parler de
l'incroyable vue que l'entrée du parc Duden permet sur le
Palais de Justice de
Bruxelles. Lorsque j'étais bambin, cela ne représentait qu'une curiosité
plutôt banale, un élément du décor parmi tant d'autres, mais c'est vrai
qu'on le voyait vraiment tout particulièrement bien, ce palais. Si on
réalise une petite étude sur les dates respectives, on s'aperçoit qu'il
est tout à fait possible que le roi ait influencé la topologie des lieux
dans ce but bien précis, lieu où Charles Quint se prélassait souvent et
ce fameux Charles est bien connu dans les annales de l'étrange.
Indirectement, Léopold
II rejoint cette particularité puisqu'il était
contemporain du Palais de
Justice qu'il a d'ailleurs lui-même inauguré. En fait, Léopold
II, personnage très ambitieux et désireux d'apporter
à Bruxelles toute la grandeur qu'il voulait conférer à une capitale
extrêmement majestueuse, la capitale de l'Empire, s'était indirectement
manifesté un peu partout dans la ville. Le Palais
de Justice de Poelaert est un exemple frappant, mais il
est loin d'être le seul et se retrouvait notamment dans les avenues
Louise, du Souverain, la rue du trône, etc. et il avait effectivement
projeté d'apporter à Bruxelles une importante zone de verdure (Parcs
Duden, de Forest, Longchamp, le Bois de la Cambre, forêt de Soignes...).
Certains de ces projets ne furent jamais
finalisés, néanmoins ont trouve des traces éclatantes de son passage et
un fait curieux en rapport à la fois avec ces étendues boisées et
l'étrange. Ainsi, en partant du fameux Palais
de Justice, situé à deux pas du Palais Royal et de
l'avenue Louise ou de la Place Stéphanie, on peut tracer une longue,
très longue ligne droite, parfaitement droite d'ailleurs sur de nombreux
kilomètres. Cette ligne droite passe étonnamment par la porte
de Hal (deuxième lieu de passage vers les cités obscures
connu), traverse Saint-Gilles en frôlant l'ancien Hôtel des Monnaies et
en remontant la chaussée de Waterloo par la barrière de Saint-Gilles, en
passant à proximité de la prison de Forest et de la place communale, on
traverse le rond-point et on poursuit toujours la longue ligne droite.
On traverse ainsi Uccle et, par après, la ligne devient moins
rectiligne. Toutefois, les sinuosités ainsi trouvées ne sont qu'un
leurre car si l'on en fait abstraction et que l'on persiste dans la même
direction (la route revient d'ailleurs toujours dans le tracé rectiligne
"virtuel", on aboutit à un autre rond-point situé bien loin de notre
point de départ, il reste à parcourir une assez faible distance pour se
retrouver au... château de
Beersel, lieu réputé hanté ! Faut-il le dire, la ligne
droite frôle le parc Duden, permettant quasiment au gardien de se
diriger immédiatement soit vers le centre-ville, soit vers le château en
question !
Par ailleurs, mes recherches finissent par
mettre en évidence que Léopold
II avait effectivement bien fait le nécessaire et
donné les directives nécessaires à ce que la perspective du Parc Duden
s'aligne sur le Palais
de Justice.
Avec les éléments en notre possession, certes
relativement subjectifs parfois, mais dont le nombre devient
impressionnant on ne peut qu'adhérer à cette hypothèse selon laquelle
l'un des endroits du parc posséderait bien un passage vers les cités
obscures, un monde parallèle auquel Léopold II voulait accéder (ou
aurait accédé !) D'autant que Forest comportait jadis l'une des plus
importantes voies reliant la France.
Résumons nous : le parc Duden abrite ou
souligne de biens étranges faits, symboles et relations. Jugez
plutôt : Léopold
II , une croix mystérieuse, des vestiges
préhistoriques sous la forme de fossiles déphasés, des perceptions
extrasensorielles au moins suspectes, quelques bâtiments d'époque
typiques, la perspective vers le Palais
de Justice, la liaison occulte vers le château
de Beersel, le lien avec la porte
de Hal une ambiance à couper au couteau qui fait
parfois en sorte que le parc Duden ressemble au Hyde Park des films
d'horreur , des faits similaires à ceux du dépeceur de Mons, quelques
affaires louches propres à tous les parcs, l'arc en ciel symbolique, la
statue d'Hermès, peut-être l'affaire
Simba... les points troublants ne manquent pas !
Note sur les
photos : en reconstruisant ce site, j'ai rapatrié des terras de
documents de toutes sortes et notamment d'images, en provenance de
l'ancien site. Ce dernier était alimenté, entre autres, par quantité de
correspondants qui avaient pour consigne d'être respectueux des droits
d'auteurs mais qui n'ont peut-être pas toujours suffisamment surveillé
ce point. Dans l'état actuel des choses, face à cette quantité colossale
de documents, je ne peux pas tout vérifier. ce serait humainement
impossible ! Si certains s'estiment lésés des publications figurant ici,
j'attire leur attention sur les points suivants :
- Il y a absence totale de mauvaise intention de ma part.
- Il y a absence totale de but commercial (le CERPI a toujours été
totalement bénévole et le restera. Je n'ai pas changé d'optique)
- Je vous invite, le cas échéant, à prendre contact avec moi soit : 1)
pour mentionner clairement la source originale, avec lien hypertexte,
remerciements, excuses, etc. 2) supprimer éventuellement la publication
du ou des documents concernés.
En tout état de cause, retenez bien que je ne veux nuire à personne, pas
plus que j'apprécie que l'on me nuise. Si vous êtes concerné, veuillez
dès à présent accepter mes excuses ! |