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Il s'agit de ce que l'on considère
encore aujourd'hui comme le seul test vraiment scientifique que l'on puisse
appliquer lorsque l'on est en présence d'un médium ou d'une personne
supposée avoir des facultés médiumniques, afin de vérifier l'existence
ou l'absence desdites facultés. Il se présente sous la forme d'un
"jeu" de cartes, encore que cette appellation soit déplacée (il serait
en effet vain d'essayer d'en faire une "partie" !), composé de 25 cartes
représentant 5 séries de 5 symboles. Ce qui fait bien 25 cartes.
Les symboles sont eux aussi très simples, mais ils présentent déjà la
particularité de proposer un nombre croissant de "lignes". Ainsi,
on a, dans l'ordre croissant : le cercle qui comporte une ligne (la circonférence), le signe "plus" (+) qui comporte deux lignes, les petites
vagues qui comportent trois lignes, le carré qui en compte quatre et
l'étoile à cinq branches qui en a cinq...
On procède au tirage de chaque carte du paquet soigneusement mélangé au
préalable, sans la montrer au candidat bien sûr, et ce dernier doit
deviner le symbole qui figure sur la carte. On passe à la carte
suivante après avoir noté le résultat du tirage et ce que le médium a
annoncé de manière à pouvoir comparer ultérieurement et on recommence
autant de fois qu'il n'y a de cartes jusqu'à épuisement du paquet.
A ce moment, on a donc procédé à 25 tirages aléatoires et obtenu 25
réponses à comparer. On peut procéder à ce type de test seul (en
tentant de deviner chaque carte sortie avant de la retourner), via
l'ordinateur (au moyen d'un logiciel approprié) ou, évidemment à deux ce
qui permet, en principe, d'éliminer les tricheries (tout dépendant alors
de l'expérimentateur).
Le principe de base veut qu'en comparant les tirages et les résultats
obtenus, on devrait obtenir un nombre de "bonnes réponses" de l'ordre
d'environ 5/25. C'est évidemment logique, en apparence du moins,
puisqu'il y a cinq fois cinq symboles (=25) et que le candidat a chaque
fois une chance sur cinq de donner la bonne réponse, si on se base sur
les lois de probabilité liées au seul hasard. Cette même
probabilité est reproduite cinq fois et le candidat devrait donc obtenir
5/25 (ou à peu près, vu que le hasard peut le servir ou le desservir).
En présence d'un tel résultat ou d'un résultat très voisin, on conclura
à une absence de phénomène particulier. Entendez par là que c'est
le résultat que le commun des mortels devrait théoriquement reproduire
quasiment à l'infini s'il n'était pas investi de pouvoirs spéciaux.
Si le résultat est nul (0/25) on
parlera de "médiumnité négative" et nous devrons nous interroger sur
cette terminologie.
Si le résultat dépasse les 5/25, il
faudra apprécier la différence. En effet, il ne sera pas rare
d'obtenir tantôt 6/25; 7/25; voire davantage, ou 4/25; 3/25; etc.
Le phénomène est bien connu des joueurs qui ont affaire au facteur
"chance", si vous jouez à la roulette par exemple et que vous misez soit
sur le noir soit sur le rouge, vous avez théoriquement une chance sur
deux de gagner ou de perdre (Précisons tout de suite que dans le cas de
la roulette, ce n'est pas tout à fait exact puisqu'il existe un 0 qui
n'est ni rouge ni noir et présente donc une possibilité alternative
perdante, et même parfois un double, voire un triple 0. Mais
supposons que ces cas ne soient pas présents dans notre exemple et
poursuivons le raisonnement. Le joueur a chaque fois une chance
sur deux. Mais dans la réalité de terrain, le rouge (ou le noir)
peut aussi sortir plusieurs fois de suite. La couleur ne
respectera en tous cas pas forcément et systématiquement la probabilité
de base de 1/2, mais on verra que plus on augmentera le nombre de
tirages plus on se rapprochera du 50% tout à fait normal. C'est un
peu le principe de la loi des grands nombres. En gros, cela
signifie que l'on peut rencontrer de nombreuses exceptions apparentes à
la probabilité de départ mais que, en finale, celle-ci sera bel et bien
respectée). Nous vous avions dit que les choses
n'étaient pas si simples qu'elles n'y paraissent. Nous allons le
voir à suffisance. Il existe en effet un premier principe qui a
tendance à modifier les résultats. Il réside dans le fait qu'un
candidat aura presque invariablement tendance à ne pas reproduire deux
fois le même symbole. Il dira rarement deux fois "carré" à la
suite par exemple, alors que la chose est parfaitement possible
puisqu'il y a cinq carrés dans le "jeu". Pourquoi ne le dira t'il
pas ? Hé bien tout simplement parce qu'il s'agit d'un phénomène que
nous qualifierons, peut-être abusivement, de "psychologique", qui fait
qu'à chaque tirage le sujet se représente une possibilité sur cinq et
qu'à chaque itération, le symbole ne peut pas être le même que celui
qu'il vient d'énoncer puisqu'il est supposé "parti", ne plus figurer
dans les possibilités. C'est évidemment faux, du moins tant qu'il
reste suffisamment de cartes. En tout état de cause, le principe
est basé sur un vrai-faux raisonnement capable de jouer des tours et de
fausser les résultats. Pour parer à cette objection, on dira que
les résultats dépendant du seul hasard seront de l'ordre de 20% (1/5) ou
25% (1/4) si on tient compte de ce phénomène, nous qualifierions cela de
"marge d'erreur".
Forts de ce principe avéré, nous dirons que l'on ne peut raisonnablement
pas prêter trop d'attention à des 6/25 ou des 7/25 et qu'il faudra
apprécier la propension du candidat à obtenir des résultats nettement
supérieurs et de les reproduire en multipliant le nombre de tests.Un premier principe de discorde
Les zététiciens en rajoutent
une couche...
Mais ce raisonnement correspond t'il à la réalité ? Assurément non. Il est facile de le démontrer.
En effet, si le candidat pouvait voir les cartes qui sont sorties, il pourrait retenir le symbole tiré et l'éliminer des possibilités restantes (Dans le cas du carré, il saurait donc qu'il en reste quatre. Il lui faudrait cependant une excellente mémoire pour retenir à la fois les symboles concernés et le nombre de tirages déjà effectués. En outre, cela ne lui dirait nullement quand ces symboles vont sortir. Mais si on part du principe que la mémoire du candidat était suffisante, cela ne pourrait jouer que vers la fin du test et très peu au début, voire pas du tout.) Le phénomène ne se produit pas car les cartes ne sont pas présentées, il n'y a donc aucune possibilité de mémorisation ni d'élimination. D'autre part, le cas échéant, on devrait remarquer de meilleurs résultats à la fin du test, ce qui n'est pas le cas dans la pratique.
En poursuivant sur le sujet de l'objection zététique, on voit que la probabilité théorique changerait à chaque itération : 1/23, 1/22, 1/21... pour en arriver à la fin à des probabilités de 1/3, 1/2 et 1/1. Or donc si cet axiome était correct, le test se terminerait pratiquement toujours par une bonne réponse. Il n'est nul besoin de continuer les explications pour se rendre compte que c'est faux.
Avant d'aller plus loin (et vous allez voir jusqu'où cela peut aller !), disons encore quelques mots des interventions zététiques de tout poil dont le test a fait l'objet.
Les débuts du test de Zener furent très décriés dans les milieux que nous avons évoqués. On rétorqua tout d'abord à Rhine que ses cartes étaient translucides, ce qui permettait évidemment au candidat de voir au travers et d'avoir immédiatement une idée du symbole qui se trouvait au verso. C'était bien sûr une drôle d'idée que d'avoir utilisé des cartes translucides, un manque de prudence élémentaire lorsque l'on veut accréditer un test de cette nature ! Par la suite, il fut reproché à Rhine d'utiliser des cartes dont les motifs qui se trouvaient au dos des cartes pouvaient donner des indications au candidat. La même remarque est évidemment d'application : s'il y a quoi que ce soit au verso des cartes, il faut que ce qui y figure soit rigoureusement semblable sur toutes les cartes, qu'il n'y ait pas de supercherie possible. Mais cela nous paraît tellement évident que l'on se demande même pourquoi cela n'a pas été le cas dès le début. Le mieux est évidemment que le dos des cartes soit parfaitement neutre, qu'aucune carte ne puisse être identifiée de quelque façon que ce soit. Mais dans ce même ordre d'idées, vous verrez aussi qu'on peut aller beaucoup plus loin et nous ne manquerons d'ailleurs pas de le faire...
Pour revenir à nos moutons, disons tout de même que la remarque des zététiciens, pour opportune quelle soit, était tout de même déplacée (c'est le cas de le dire) lorsque l'on saura que le candidat se trouvait dans une autre pièce ! Dans ce cas, à moins de pousser le bouchon jusqu'à avoir laissé la porte ouverte...