Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

Le guide


On a parfois bien tort de croire que le hasard seul régit le déroulement de notre vie. En tous cas, si les choses devaient se passer ainsi, ce qui régit le hasard lui-même doit être bien avisé.

Nous étions donc dans une période pendant laquelle l'abbaye de Cambron-Casteau commençait sérieusement à éveiller ma curiosité. Mes parents m'y avaient amené, il y a bien longtemps, j'y avais connu une première expérience médiumnique (la première ?) pour le moins étrange et incompréhensible. Je m'y étais retrouvé, en famille, de manière purement fortuite. Entre temps, le décès de mon beau-frère mais surtout celui de mon père m'obligeaient à tenter d'établir certains rapprochements dont je ne voyais pas encore la finalité. Mon père étant décédé, y avait-il une allusion via le mot "Paradisio" ? (lequel évoque évidemment le "Paradis"), mais une allusion à quoi ? Le mot Paradisio avait-il une autre signification encore qu'il me fallait découvrir,? Dans l'état actuel des choses, il m'était impossible de répondre à ces questions. Peut-être d'ailleurs n'y avait-il aucune réponse à trouver, peut-être tout simplement étais-je occupé de me faire mon propre cinéma et de tenter de vouloir trouver des rapprochements à tout prix, comme le font volontairement ou involontairement nombre de personnes qui viennent de connaître le deuil. Le livre sur l'Histoire de l'abbaye de Cambron et de son culte m'était tombé, presque miraculeusement, dans les bras, tout cela faisait tout de même déjà pas mal de choses et même s'il n'y avait pas de quoi crier au fantastique, il y avait au moins des coïncidences remarquables.

Ce jour là, j'étais allé à la messe dominicale en compagnie de mes deux enfants, Jonathan et Maylis. Il n'y avait là rien de bien particulier puisqu'ils allaient bientôt faire leur grande communion. J'en avais profité pour leur faire découvrir les beautés de la collégiale Saint Vincent, cette même collégiale où avait jadis sévit la fameuse Mygalomorpha sonegiensis qui terrorisait les habitants et pour prendre quelques photos.
Nous étions arrivés dans le magnifique chœur de l'église lorsqu'un inconnu nous accosta. Un inconnu ? Pas tout à fait car nous avions déjà vu ce monsieur lors d'autres célébrations de la messe et nous avions l'habitude de l'entendre chanter, bien plus haut et fort que tout le monde, fort bien d'ailleurs (et cela valait mieux donc...), mais nous ne le connaissions ni d'Ève ni d'Adam. Nous ne lui avions jamais adressé la parole, nous ne connaissions pas son nom.

En quelques instants, nous fûmes transportés par son savoir intarissable et il nous présenta la collégiale comme peu auraient pu le faire, détaillant des faits historiques, des particularités à propos de certaines statues évoquant tantôt un saint, tantôt le patron de la paroisse, établissant le lien avec la collégiale de Mons. Nous étions bien sûr ravis de ces commentaires avisés que nous n'attendions pas et ce ne fut guère une surprise que d'apprendre qu'il avait jadis été guide touristique dans cet établissement. Voilà qui expliquait ses connaissances.
Mais je restai coi lorsqu'il me dit avant de prendre congé de nous :
"Et si vous voulez, je peux aussi vous fournir beaucoup de renseignements à propos de l'abbaye de Cambron-Casteau. Je possède d'ailleurs plusieurs livres sur le sujet..."
Peut-être n'est-ce qu'une impression, mais je crois qu'il me fit un clin d'œil avant de s'éclipser.

Encore une fois, rien de vraiment mystérieux dans cette affaire. Nous avions probablement tout simplement eu affaire à une personne charitable qui s'ennuyait de sa solitude et désirait seulement faire un brin de causette.
Compte tenu des éléments précédents, cela commençait toutefois à faire beaucoup et cela résonnait un peu dans ma tête comme un ordre qui aurait dit : "Intéresse-toi donc de plus près à l'abbaye de Cambron-Casteau !"