Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

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UNE PROPOSITION INATTENDUE


Je n'ai aucune raison de m'en cacher : je suis un lecteur acharné (un livre par semaine et souvent même plus, quel que soit le nombre de pages, sans compter ce que l'on peut trouver sur Internet, dans des revues, etc.) et je suis clairement bibliophile et propriétaire d'une bibliothèque comportant quelque 10 000 titres environ. Il est donc facile d'imaginer que mon bureau en soit envahi, mais d'autres bibliothèques figurent dans d'autres pièces de la maison. Et puis, faute de place, il y a le grenier et même des bibliothèques " délocalisées" . En parallèle, j'adore aussi écrire et, je l'avoue aisément, l'idée d'écrire un jour un livre " qui serait publié" m'a souvent titillé. Cependant, je concevais bien que ce rêve avait bien peu de chances de se réaliser : il ne suffit pas de savoir écrire plutôt bien, il faut que le résultat proposé soit à la hauteur de manière à satisfaire une maison d'éditions. Comme le dirait Stephen King, il faut faire un tapuscrit, ce qui prend du temps et représente un travail considérable. Il faut surtout présenter ledit tapuscrit à un maximum de maisons d'éditions en espérant que l'une d'elles soit intéressée. Or, souvent, très souvent même, les écrivains en herbe " rament" joyeusement et bien peu obtiennent des résultats, quand - en plus - ils ne se font pas arnaquer.

Je n'en croyais pas mes yeux, ou plutôt mes oreilles lorsque les éditions Jourdan me proposèrent d'écrire un livre ! Dans le but d'en discuter, son directeur me fixait un rendez-vous dans ses bureaux et je m'y rendis bien entendu, accompagné de mon assistante Nancy (c'était le bon temps, celui où le Président du CERPI avait encore une assistante !) Nous fûmes ponctuels et bien accueillis mais pas au bout de nos surprises. Car, en fait, le dirlo attendait plutôt de moi que je lui écrive un livre qui comprendrait tout un ensemble de témoignages de personnes ayant connu la deuxième guerre mondiale !
Alors OK, la fameuse WW2 (world war 2) était l'un de mes dadas avoués, nombre d'exemplaires de ma bibliothèque traitaient de ce gigantesque conflit, je ne manquais aucun reportage sur le sujet (Le jour le plus long, Il faut sauver le soldat Ryan, Dunkerque, la bataille des Ardennes, par exemple et sans tenir compte de la chronologie) Bien sûr, avec mes parents et grands-parents, j'avais pu recueillir nombre de témoignages de ce qu'ils avaient vraiment vécu : les bombardements, l'occultation, la sévérité des SS, les joies de la libération, les bruits de bottes - quant à ma grand-mère maternelle, sa maison avait même été réquisitionnée pour y établir la Kommandantür. Ce n'était donc pas la matière qui me manquait, sauf qu'ayant vu le jour 13 ans après la fin de la guerre je redoutais de ne pas pouvoir rendre correctement des témoignages de tiers, par ailleurs tant mon père que ma grand-mère maternelle étaient décédés et je ne pouvais donc pas compter sur leur collaboration, mais surtout j'estimais que c'était aux principaux intéressés de s'exprimer faute de quoi j'aurais eu l'impression d'être un usurpateur, un " voleur de propriété intellectuelle" .

M. Jourdan parut contrarié, mais pas trop, et me demanda ce que je pourrais alors écrire et qui soit dans mes cordes. C'était me tendre une énorme perche que je saisis à pleines mains en lui répondant que notre tasse de thé se situait plutôt dans le domaine des enquêtes sur les phénomènes inexpliqués. En quelques secondes d'un débit élevé de paroles, je n'eus guère de mal à le convaincre de ce que la petite Belgique pouvait aisément être considérée comme une plaque tournante du mystère : la grande vague d'OVNI de 89 en était un exemple frappant, on pouvait bien sûr aussi parler du fameux trésor des templiers et de l'hypothèse très sérieuse de Rudy Cambier, des sentiers de l'étrange de la région des collines, de son grand sabbat des sorcières, de la tour de l'Apocalypse à l'autre bout du pays et de bien d'autres choses encore. Il tiqua cependant quand je lui parlai de cette base de l'OTAN ultra secrète dissimulée dans une colline de cette partie sud de la Belgique. Moi, j'étais sûr de mon coup pour des raisons inattaquables mais lui qui connaissait bien l'endroit n'en avait jamais entendu parler et, à vrai dire, il mettait mes dires en doute. Il manifestait aussi quelques hésitations quant au sérieux et à l'objectivité de nos enquêtes. Comme il ne pouvait pas savoir - à l'époque - que l'existence de la base secrète dont je parlais allait être révélée au grand public quelques années après son démantèlement pour cause " officielle" de désamiantation, photos sur le Net y compris et témoignant du caractère gigantesque de l'établissement souterrain (une ville dans la colline, avec même des routes pour rallier diverses sections) et que les lieux seraient même accessibles aux visiteurs, de décidai de procéder à une petite expérience " en direct" dont il serait d'ailleurs lui-même l'acteur principal. Cela l'emballa et il convoqua même son personnel pour assister à cette démonstration. Elle avait intérêt à ne pas échouer sinon s'en aurait été fini de nos espoirs.

La démonstration était basée sur l'usage du pendule, à propos duquel j'expliquai que l'objet n'était doué d'aucune propriété surnaturelle et ne faisait qu'amplifier les ressentis personnels. Tout ce dont il avait besoin, c'était d'une feuille de papier, un bic et... mon pendule.

" Voilà ! (Vous pouvez, vous aussi, tenter cette expérience et l'éprouver par vous-mêmes), veuillez, sur la feuille de papier, tracer une ligne horizontale et une autre, verticale. Bon, voilà, vous êtes donc maintenant face à une sorte de croix. Prenez le pendule, donnez lui une impulsion de départ de manière à ce qu'il se mette à osciller. Nous sommes donc bien d'accord que c'est vous qui avez lancé le mouvement du pendule : rien de paranormal ! A présent, concentrez-vous sur l'une des lignes que vous avez tracées, soit l'horizontale, soit la verticale ! Il s'exécuta. Je ne me rappelle plus de quelle ligne il s'agissait mais cela n'a aucune importance, supposons qu'il se soit agi de l'horizontale. En lui donnant mes explications, je m'arrangeai pour prononcer plusieurs fois le mot " horizontale" (histoire d'amplifier moi-même son état d'esprit) : " Concentrez-vous bien sur la ligne horizontale ! Et, bien sûr, après quelques instants, son pendule se mit à osciller à l'horizontale ! Cela n'avait rien de merveilleux, c'était parfaitement prévisible (pourtant, certains individus semblent y être hermétiques, il y avait donc bien un certain risque d'échec) mais ça l'épata à l'instar de la petite assemblée de secrétaires.
Pour couronner l'expérience, j'invitai le directeur à procéder de même avec l'autre ligne. Suspens : là aussi certaines personnes ne parviennent pas à passer de l'un à l'autre et il est vrai qu'il y a toujours une période de latence et de flou pendant ce changement. Mais cela fonctionna.

L'affaire était désormais conclue et je décrochais un contrat en bonne et due forme pour 3 livres ! Heureux, il ne me restait plus qu'à me mettre au travail qui ne consistait pas du tout à faire un simple copier-coller des articles du site, c'était bien plus complexe que ça et il fallait aussi suivre une certaine ligne éditoriale. De même, au fur et à mesure de l'évolution de la maquette, une réunion s'imposait pour corriger les erreurs, modifier ceci cela, recevoir les appréciations intermédiaires. Peu de gens savent à quel point la réalisation d'un livre est loin de ne consister qu'à écrire et présente nombre d'exigences !

Il y eut même parfois certains moments de " panique" , notamment lorsque éclata l'affaire de Petit-Rechain qui, pour certains, remettait toute la vague belge en question. En fait, il était facile de démontrer que " l'imposture de la maquette en frigolite" n'avait aucune incidence sur les événements ufologiques très étranges qui survinrent à partir de 1989.

Arrivé aux portes de l'aboutissement, peu avant la mise sous presse, je dus malgré tout introduire une précision prudente à l'égard de mes futurs lecteurs : l'affaire d'Arc-Wattripont, l'archétype même de la maison hantée et du poltergeist avec exorcisme en prime était supposée pouvoir connaître des rebondissements. En effet, jusque là nous ne pouvions la présenter que dans ses grandes lignes et il était tout à fait possible qu'elle n'ait reposé que sur une imposture. Tant de travail allait se présenter devant nous... tant de bâtons dans les roues aussi, sans compter les coups bas du " gardien du seuil" . Nous ne savions pas encore que nous allions connaître une aventure vraiment hors du commun ainsi qu'une adversité implacable et sournoise.

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