Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

La coulrophobie (ou peur des clowns)

A part dans le titre (où nous y sommes bien obligés) nous remplacerons le mot qui vous fait peur par : AMI. Cela peut donner une impression étrange, voire loufoque, au texte. Mais ce sera afin de vous permettre de lire notre page sans mal. Sans quoi elle ne vous servirait à rien.

La coulrophobie, ça n'existe pas ! Voilà la sentence sans appel que vous entendrez peut-être prononcer de la part de ceux qui croient tout savoir et ne savent même pas qu'ils savent peu... Car la coulrophobie existe bel et bien, c'est la peur des amis donc, mais il est vrai que cette peur paraît invraisemblable et difficilement compréhensible car, par définition, les amis sont drôles, gentils, amusants, et font partie des scènes les plus appréciées des gosses (et parfois des plus grands) qui vont au cirque. Dès lors, pourquoi diable aurait-on peur de ces braves zigues qui, justement sont plutôt là pour que l'on se marre ? Et puis comment se manifeste cette peur ? D'où provient-elle ? Comment l'éviter ? Et puis comment la soigner ? Tout d'abord, il faut remarquer que l'apparence des amis n'est pas toujours si innocente qu'elle paraît. L'ami de ça ou "It" (de Stephen King), n'est peut-être pas un modèle d'épouvante, mais en même temps il n'inspire guère confiance, c'est le moins que l'on puisse dire. Dans Batman, c'est un ami bien pâle que campe Jack Nicholson et mis à part son grand rictus et le caractère déjanté de l'acteur, ça ne devrait empêcher personne de dormir. On obtient sans doute une assez bonne idée sous-jacente lorsque l'on imagine tout ce qu'il symbolise et sous-entend. Le Joker est l'adversaire de Batman, le super héros qui est là pour protéger sa ville. Si un super-héros est nécessaire, il est logique que son adversaire soit redoutable et, comme de fait, il apparaît clairement que ce n'est pas un enfant de chœur. Son rire est donc factice, ou ironique, faux, voire agressif : le rire du sadique qui se satisfait de la douleur, du désarroi, de la défaite et de la mort de ses victimes. En disant cela, nous ne sommes déjà pas très loin de la vérité ou de l'une des vérités car, on s'en doute, les choses sont un tantinet plus complexes. Mais empressons-nous de signaler, avant de poursuivre, qu'il existe quantité d'amis dont le faciès et l'apparence générale se départissent radicalement de l'image traditionnelle de l'ami marrant. Si vous ne nous croyez pas, cliquez donc sur le lien suivant et demandez-vous si ces amis sont vraiment aussi marrants que ça :

Dix amis qui font peur (Ne cliquez pas si vous avez peur des..."amis" !).

Il y a pire, direz-vous peut-être. Sans doute, cependant il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'amis et que ceux qui sont présents dans le document sont en totale disharmonie avec l'archétype de l'ami au divertissement burlesque et humoristique. Nous tournons toujours autour du pot. Alors venons-en avec la grosse artillerie et les explications plus directes. Évidemment, nous faisons exprès de ne pas présenter, dans cet article, d'images directes qui risqueraient de dissuader les coulrophobes de le lire.

Comme dans la plupart des cas, les raisons de la coulrophobie sont à chercher dans l'enfance, voire la prime-enfance de l'individu, alors que les choses ne sont pas encore bien fixées dans son cerveau. On peut se douter que si le jeune enfant a vécu un traumatisme assez fort dans lequel un ami était impliqué ou l'acteur principal, qu'il ne pourra que garder un très mauvais souvenir de cette expérience et que, plutôt que d'associer l'image de l'ami au rire, il l'associera à une gêne plus ou moins marquée, une sourde inquiétude qui pourrait se muer en peur profonde en fonction de l'importance du traumatisme. Dans une vidéo (que nous ne présenterons pas) on voit des adultes confrontés à un ami dont le comportement est pour le moins effrayant. Sauf un, pas très rassuré quand même, tous prennent leurs jambes à leur cou. Imaginez donc ce que cela peut donner pour un jeune enfant, même si les stimuli sont bien moins forts.
Quand on pose la question à un coulrophobe : que ressens-tu lorsque tu vois un ami ? Qu'est-ce qui te fait peur dans ce personnage ?
La réponse est généralement de ce type : "Moi, j'ai instantanément envie de pleurer. Le seul mot "ami" écrit quelque part et ça y est, le malaise s'installe en moi, très profond, vraiment prenant. J'ai envie de me retrouver instantanément loin, très loin de là. A la limite, c'est une peur panique qui s'empare de moi et je vous garantis qu'il n'y a vraiment pas de quoi en rire !
Ce qui me fait peur dans le personnage ? Je ne sais pas. Je sais que beaucoup trouvent ça anormal, mais je ne trouve pas cela plus stupide que d'avoir peur des souris ou des araignées, du noir, etc. N'oubliez pas qu'il existe des phobies bien plus invraisemblables et sur lesquelles le CERPI pourrait aussi se pencher, par exemple la peur des fruits ! Vous imaginez : une pomme ! Whaaaaaaa ! Au secours ! Eh bien cela existe pourtant aussi.
Bon ! Ce qui me fait peur dans le personnage... voyons... ah oui, sans doute le rire, la démesure du rictus, la sourde idée d'une menace cachée, de quelque chose de faux, qui se présente sous une forme fallacieuse, vous comprenez : c'est l'impression d'être confronté à un piège en puissance. OK, c'est un ami, mais c'est aussi un masque. En dessous de ce dernier, qu'est-ce qu'il y a ? On n'a pas besoin de le savoir et le fait de l'ignorer est peut-être justement encore pis car cela laisse l'esprit vagabonder et imaginer toutes sortes de choses plus épouvantables les unes que les autres. Ces images-là ne défilent pas clairement devant mes yeux, mais je crois qu'elle me passent par la tête de manière subliminale. Je peux tout imaginer dans cette image trompeuse de l'ami souriant et donc, s'il sourit, c'est que ce qu'il cache ne donne vraiment pas envie de sourire ou qu'il rit du mauvais tour qu'il s'apprête à jouer, quelque chose de potentiellement épouvantable ! On peut parler d'autre chose ?

Et voilà le genre de réponse assez classique de la personne coulrophobe qui essaie de se dégager de la fâcheuse situation dans laquelle elle se trouve et où l'on aborde sa phobie. D'après les psys, les choses sont assez claires et aucun d'eux ne rira de la coulrophobie qu'ils confirmeront constituer une peur tout à fait réelle et existante. Selon eux, vers deux ans, ou disons entre deux ans et quatre ans pour donner une fourchette évidemment variable, alors que l'esprit et les idées ne sont pas encore très fixées, si l'enfant est confronté à un ami, il va constater la présence d'un masque qui travestit la réalité. Peut-être est-ce ami peut-être est-ce ennemi, en tous cas il ne reconnaît pas quelque chose de familier. Ce n'est pas le visage de maman ou de papa ou de quelqu'un d'autre qu'il connaît, voilà qui est très ennuyeux et même inquiétant. Le sourire peut être large et en principe engageant, il n'en reste pas moins vrai qu'il est figé et pas naturel, il est exagéré. L'enfant est donc en proie à des considérations contradictoires qui l'embrouillent, sèment la confusion, ne lui conviennent pas.
Bien qu'il ne soit pas certain que ce genre de détail enfonce le clou, tout le reste de l'ami est démesuré : les vêtements (et surtout les godasses) sont beaucoup trop grands, de couleurs criardes, le nez n'est pas normal du tout, le maquillage est totalement inhabituel, etc. Détails ou pas détails, l'ensemble constitue une apparition contraire à la normalité des choses dans son entendement.
Pour couronner le tout, si on laisse faire l'ami, le voilà qui s'esclaffe et parle fort. Rien que cela, ça peut effrayer l'enfant et s'il hésitait encore quant au comportement à adopter, voilà qui le décide. C'en est trop pour lui et le voilà qui a peur et réclame sa maman.
Si les choses se poursuivent, c’est pis encore : de la fleur qu'il porte à la place de la cravate, l'ami arrose le bambin d'un jet d'eau qu'il prend en pleine figure. Ça aussi peut être suffisant pour classer l'ami parmi les entités effrayantes, ça où l'ensemble. Cela peut paraître incroyable, mais j'ai connu des personnes qu'une forte voix grave donnait envie de pleurer. On comprend peut-être plus facilement qu'une voix criarde et très aiguë casse les oreilles et devient très désagréable, comme celle d'une sorcière.

Pour l'enfant en bas âge, qui ne se cherche pas de complications, a vite fait de généraliser ou d'associer sommairement, l'image de l'ami peut donc facilement devenir synonyme d'inconnu déplaisant, désagréable, voire agressif ou même dangereux. Piège dangereux, chausse-trappe trompeur, mensonge et trahison, extravagance désobligeante, menace cachée, méchanceté exacerbée et sadisme atroce, sans compter toute la puissance de l'imagination tacite, voilà ce que suggère immédiatement l'image de l'ami à un coulrophobe, lequel aura mis consciencieusement celle de sa mauvaise expérience enfantine de côté, dans un coin obscur de sa mémoire où elle se tient tapie en permanence, prête à surgir comme le croquemitaine qui saute sur les petits enfants dès que l'on ouvre la porte de la cave et si l'on n'a pas encore allumé la lumière. Brrrr !

Naturellement, certaines productions telles que Batman, It ou Ça, etc. qui mettent en scène des amis maléfiques ne sont pas faits pour arranger les choses. Là ne se trouvera pas forcément l'origine, cela dépendra notamment de qui regardera ces images, quand (à quel âge) et dans quel contexte. Pour certains, cela passera comme une lettre à la poste. Pour d'autres ça coincera et pas qu'un peu. Il y a aussi des histoires terribles, cauchemardesques, dans lesquelles les personnages (réels) ont été des amis. Voyez par exemple l'affaire Grimaldi, ami célèbre s'il en fut... ou celle de Jean-Gaspard Deburau ou encore celle de John Wayne Gacy. Vous comprendrez que, sauf sur scène, ils n'avaient pas grand-chose de marrant. Ils étaient plutôt tristes, sinistres ou... meurtriers ! Il n'est pas sûr que cela ait influencé, mais si influence il y a eu, elle ne pouvait qu'être négative.

Éviter la coulrophobie sera notamment affaire de surveillance parentale. Le problème réside cependant dans le fait que les parents eux-mêmes ne comprendront pas forcément la peur déraisonnée de leur enfant et adopteront peut-être involontairement un comportement inadéquat. Le mot d'ordre pourrait être : ne pas forcer ! Si l'enfant à peur, rassurez-le plutôt et expliquez-lui gentiment que l'ami est un ami, que c'est un gentil et qu'il n'y a aucune raison d'en avoir peur. Si cela ne fonctionne pas, n'insistez pas ! Un truc pourrait aussi se trouver de la sorte (dans le cas où la chose est possible naturellement) : l'ami bat le masque et se montre à visage découvert (finie l'image grimaçante et incongrue, voilà un visage peut-être inconnu mais "neutre") et, comprenant la peur de l'enfant, l'ami redevenu "personne normale" s'exprime d'une voix calme et rassurante. S'il en est encore temps, un bisou une petite caresse sur la joue, une petite conversation ordinaire : "Comment tu t'appelles ? Moi c'est Patrick..." etc. et le coup sera peut-être rattrapé, de justesse. Ne riez pas des coulrophobes, toutes les phobies sont handicapantes, difficiles à vivre et pas joyeuses. Elles se dispensent donc des moqueries. N'avez-vous jamais vu un enfant fondre en larmes devant le Père Noël ou Saint-Nicolas ?

COMMENT SOIGNER LA COULROPHOBIE...

Nous serions tentés de dire qu'une fois que le mal est installé, il ne sera pas évident de s'en débarrasser. Il faut donc commencer à veiller, par l'aspect préventif que doivent surveiller les parents, à ce que cela ne survienne pas comme nous l'avons décrit plus haut. Sauf que, voilà, nous l'avons dit aussi, les parents ne sont pas tous des spécialistes de la psychologie enfantine et que, pour eux aussi, la peur de l'ami ne semble pas raisonnable. Mais "pas évident" ne signifie pas impossible. Dans le présent article nous avons quelque peu démystifié la coulrophobie et insisté sur le fait qu'il ne fallait pas s'en moquer. Nous pensons que le fait d'identifier les origines et le fonctionnement de cette peur peut aider l'individu à se raisonner ou, à tout le moins, à atténuer ses réactions de panique. Il y a dans ce cas évidemment tout un travail sur soi à réaliser et là non plus, il ne suffit pas de le dire. Parler de sa phobie à son entourage nous semble indiqué et ce dernier, plutôt que de se moquer, devrait aider la personne du mieux qu'elle peut, à vaincre sa peur, la diminuer ou la contrôler.
Le deuxième conseil consiste à ne pas faire le déni de cette peur et ne pas hésiter à dire "stop" aux conversations embarrassantes ou aux situations provocantes. Il est aussi possible d'opter pour les spécialistes concernés (les psys, dont c'est la spécialité) et notamment la TCC où thérapie cognito-comportementale.
Ensuite, nous supposons, mais peut-être est-ce une erreur (nous pourrons vous le dire d'ici quelques temps) que la lecture d'un livre tel que Joyland, de Stephen King, ne sera certes pas une thérapie mais pourrait aider à contribuer à se départir de la peur en question en entrant dans le contexte par un seul contact visuel littéraire (et non visuel descriptif, complet). Il faudrait alors idéalement accompagner cette lecture de celle du présent article (pour l'identification et la démystification ainsi que les autres possibilités) et de discussions calmes, progressives, douces, avec quelque réel connaisseur en la matière qui serait à même de désamorcer la situation en la décortiquant par des développements rationnels. Important : ici encore, ne pas forcer (ou en tous cas pas outre mesure), y aller par paliers en concertation avec la personne concernée qui devra toutefois bien elle-même faire quelques efforts. Enfin, nous pensons aussi à l'hypnose, qui pourrait établir de nouvelles associations, positives celles-là, dans le subconscient, l'inconscient ou le terme exact qui convient en la matière (Eh oh ! On n'est pas médecins, ni psys, nous...) Pour démontrer qu'il existe des phobies apparemment saugrenues et les possibilités de l'hypnose en la matière, nous vous proposons la vidéo ci-dessous (avec un accent canadien à couper au couteau... et qui commence par le sujet de l'acoustophobie avant qu'intervienne un artiste coulrophobe) puis celle d'un psychologue professionnel que nous connaissons déjà assez bien... Séance d'hypnose contre les phobies par PsyBenjaminLubszynski :

QUEL RAPPORT AVEC LES ACTIVITÉS DU CERPI ?

Ben quoi ? Vous êtes bouchés ou quoi ? Les amis, c'est "It" ou «Ça», des films désormais cultes du grand Stephen King, le maître de la littérature d'épouvante, de la terreur dans les histoires du paranormal. Qui dit phobie dit peur et la peur est le sentiment qu'éprouvent la plupart des gens qui sont confrontés à des manifestations étranges. Notre but n'est pas seulement d'exposer les phénomènes et de tenter de les expliquer mais aussi de venir en aide aux personnes qui se trouvent aux prises avec des peurs. Nous abordons rarement cet aspect psychologique des choses mais nous sommes tout à fait dans notre sujet. Na ! Nous rappelons ici que tout au long du texte (sauf dans le titre) nous avons remplacé le mot qui désigne l'objet de la phobie par le mot "ami", ceci explique certaines bizarreries du texte. Certains coulrophobes ne supportent en effet même pas de voir le mot écrit. Nous avons voulu leur faciliter la tâche en espérant les sortir de leur peur. Si cela fonctionne, envoyez-nous donc un petit mail...

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