Le Sabbat d'Ellezelles 12

Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

LE SABBAT DES SORCIÈRES
À ELLEZELLES (SUITE)


Peu de choses à dire sur le ballet auquel on a pu assister sinon qu'il était réussi et très beau.

Quant aux personnes qui en constituent la troupe, vous pourrez voir également sur les photos de la répétition, que ces demoiselles n'ont absolument rien de sorcières, loin s'en faut d'ailleurs.

On remarquera néanmoins l'aspect figuratif et l'absence de réelle transition entre certains épisodes du sabbat. Par exemple, comment les sorcières se sont-elles transformées en jeunes danseuses vertueuses à la grâce et à la féminité affirmées ? Par la suite, comment la belle Quintine, élue du diable, redeviendra t'elle une vilaine sorcière qui terminera en chiffon dans le brasier ?

C'est qu'il nous faut sans doute un peu d'imagination. Ici tout est sorcellerie et on peut imaginer que pour la circonstance tout soit apparu momentanément très différent dans ces ébats, cette espèce de parade nuptiale. Pour une fois, même dans le cadre de ce sabbat, l'amour reprend provisoirement ses droits et fait voir les choses sous un aspect très différent, les yeux de l'amour !

De toute façon, ne cherchons pas la petite bête, le spectacle était plaisant à regarder et n'est-ce pas tout ce qui compte ?

Mais voilà que les choses se corsent, la colère gronde et, vifs et intrépides, les villageois en courroux, avides de trucider de la sorcière, font irruption dans le ballet et tentent de s'emparer d'au moins une sorcière. Après une énorme confusion, une véritable bataille rangée dans laquelle on se demande bien ce qu'est devenu le diable - s'est-il prudemment éclipsé, laissant là ses protégées à leur triste sort en se rendant coupable d'un acte de félonie dont il a le secret ? - malgré une défense acharnée et une fuite éperdue, les paysans parviennent à mettre la main sur une malheureuse et il ne faut dès lors surtout plus la lâcher ! Elle paiera pour les autres !

Ajoutons encore à toute cette affaire que les metteurs en scène n'ont pas lésiné sur les moyens ni sur les effets pyrotechniques et autres grands jets de fumée. Situé en hauteur comme il l'était, crevant l'obscurité nocturne, les lueurs du sabbat devaient être visibles de loin ! La musique, toujours très appropriée, qui accompagnait les divers épisodes du sabbat, n'était pas plus avare en décibels, pour le plus grand plaisir de l'assistance.

Il est incontestable que cette attaque de la vindicte populaire, armée de fourches, de croix, de bâtons, de râteaux et de tout ce qui pouvait servir d'arme à l'époque, constitue l'un des moments forts du spectacle et elle amènera au dénouement final que chacun attend.

Après tant de diableries, il commençait à être temps que le bon droit reprenne le dessus, pour que la morale soit intacte et que l'on puisse terminer par une happy end. Sans doute les plus petits n'auraient-ils pas compris que les sorcières puissent continuer d'évoluer impunément, cela ne pouvait pas se terminer ainsi !

Les villageois attaquent ! C'est la débandade chez les sorcières, mais aussi chez les danseuses. D'ici quelques instants, il ne fera pas bon de se trouver sur les lieux.

C'est le cas de le dire : ça sent le roussi !

Et on en vient tout naturellement au dénouement du sabbat, auquel désormais chacun s'attend bien entendu.

Après un véritable "débarquement", une attaque massive à grands renforts d'armes aussi hétéroclites que diverses, une terrible bataille rangée se tient sur la butte de l'Aulnoit, entre tous ceux qui ont eu à subir les sortilèges de Quintine et de ses semblables et les sorcières elles-mêmes. Et c'est qu'il y en a de ces pauvres bougres qui ont à se plaindre d'elles ! Pensez ! Il n'y a pas que le meunier, mais aussi la plupart des éleveurs de bétail qui ont vu leurs animaux périr, leurs granges brûler, le lait se mettre à tourner, leurs enfants tomber malades ou leurs affaires tourner en eau de boudin...

C'est quasiment un enfer qui se déclenche sous nos yeux ébahis, il en vient de partout, en costume d'alors, portant des casquettes, des foulards, plus ou moins dépenaillés, le feu prend de ci de là et le théâtre des opérations devient une espèce de brasier, les fumigènes font rage, les jeux de lumière s'en donnent à cœur joie, l'assistance retient son souffle. Le spectacle est grandiose.

Les villageois se sont emparés de la principale responsable de leurs tourments et l'ont placée dans une cage en bois pour être transportée vers le lieu du supplice et exposée aux regards de la population. On l'entendra se plaindre et supplier, proposer un marché : "je vous donnerai tout ce que vous voudrez, de l'or, des bijoux..." mais elle sait que sa fin est proche. Le diable, son terrible protecteur est désormais aux abonnés absents. On se demandera néanmoins comment il se fait qu'elle ne puisse utiliser l'un de ses pouvoirs pour se tirer de la fâcheuse posture dans laquelle elle se trouve à présent. Peut-être est-ce parce qu'elle ne peut plus avoir accès à ses grimoires et à ses potions malfaisantes, peut-être aussi est-ce parce qu'elle n'est plus libre de ses actes ou bien le diable a t'il considéré que son pacte était arrivé à expiration et qu'il devait maintenant entrer définitivement en possession de son âme, l'objet principal du contrat ? Peut-être ses dons ne fonctionnent-ils plus car les paysans sont armés de croix.

Peut-être aussi n'est-elle pas une sorcière...

Toujours est-il que les faits sont là, la terrible Quintine, la réputée sorcière d'Ellezelles est bel et bien capturée, immobilisée, vaincue avant d'être torturée et mise à mort.

Quintine, la terrible sorcière d'Ellezelles est emmenée dans une cage en bois... ses pouvoirs lui semblent désormais inaccessibles et vains.

Quintine sera donc jugée par un tribunal également haut en couleurs, on remarquera notamment les habits utilisés, l'arrivée du seigneur d'Hubermont sur son fier destrier blanc (à taches noires), en grande tenue, avec son casque et son épée. Décidemment, tous les éléments sont là pour réussir unene fidèle reconstitution historique, ou en tous cas, pour plaire aux spectateurs qui en veulent pour leur argent et se trouvent comblés. L'entrée était de 6 euros pour les adultes (5 en prévente) et trois pour les enfants en dessous de 12 ans (Tout cela en 2006, ne l'oublions pas !). Ce n'est pas du vol. Le spectacle vaut vraiment le détour et on a vu beaucoup plus idiot et aussi beaucoup plus cher, l'un n'empêchant pas l'autre.

On pourra toutefois reprocher de nouveau le manque de vraisemblance dans la transition entre la véritable sorcière et le mannequin qui servira ensuite à alimenter le bûcher. Bien sûr, on n'allait tout de même pas véritablement brûler quelqu'un tout vif. Mais peut-être aurait-on pu s'arranger pour que le passage de l'un à l'autre soit moins évident.

Le mannequin se mettra donc à brûler, à la grande joie des villageois et des spectateurs qui voient ainsi la délivrance de tous leurs tourments. Le feu purificateur, tel les flammes de l'enfer, brise les sortilèges et les maléfices, après cela tout redeviendra comme avant et la région connaîtra enfin de nouveau la paix !

Le spectacle ne s'achèvera toutefois pas encore ainsi car, au terme du sabbat, les Must Fireworks feront étalage de leur savoir en pyrotechnie et prodigueront un feu d'artifice, long et riche, de toute beauté.

Le monde s'en va donc rejoindre ses foyers (tiens, c'est marrant ça, de parler de foyers après un grand feu !), le feu d'artifice vient de couronner le sabbat en symbolisant la victoire du Bien sur le Mal. Le cortège nocturne de retour se fera désormais sans les sorcières en chemin, avec relativement peu d'éclairage et beaucoup moins de police. Il convient, dans ces conditions, de faire attention : de nombreuses personnes sont manifestement sous l'effet de la boisson (on peut se demander ce que cela donnera sur les routes et si dame Quintine ne va pas encore lancer quelque sortilège posthume dont elle a le secret !), il y a de nombreux et larges fossés, parfois traîtres parce que dissimulés par des buissons et les rues du village sont maintenant quasiment désertes. Vous voilà avertis : prudence au retour !

On ne pourra toutefois pas s'empêcher de penser, en voyant ainsi les rues d'Ellezelles vidées de leur population, ainsi désertées en raison de l'heure tardive (c'est que, mine de rien, il est déjà à peu près deux heures du matin ! Diable ! Le spectacle aurait-il finalement duré quatre heures et plus ? On ne les a pas vues passer, ce qui prouve manifestement qu'il était de qualité et tout bonnement captivant !) que tout n'a pas été dit dans cette histoire ! Nul doute qu'il doit subsister à Ellezelles et dans les environs encore bien des choses à apprendre et à exorciser. Le village élu "village du folklore" n'a pas dit son dernier mot et les forces de l'ombre probablement pas non plus. Qu'importe : on remettra ça l'année prochaine..

Du moins en ce qui concerne le sabbat car le CERPI avait encore des recherches à effectuer dans la région. (Et non des moindres d'ailleurs puisque nous étions, sans encore le savoir, à proximité de la résidence de Rudy Cambier (auquel nous accordons un dossier complet) dans "la terre des débats" et sa chapelle Apolline et, sans compter encore les fameux sentiers de l'étrange, non loin d'Arc-Wattripont, un endroit où - apparemment du moins - la sorcellerie avait son mot à dire et, à défaut : le mystère dans toute sa splendeur (ou devrions-nous dire "horreur" ?)

Voici une photo qui ne figurait pas dans notre ancien site et qui montre aussi un peu le revers de la médaille (ci-dessus à droite) : la fête est finie, le feu d'artifice projette ses dernières gerbes d'étincelles et... les héros sont fatigués ! Certaines sorcières reprennent une apparence plus humaine.

Nous ne vous montrerons toutefois pas TOUT ce qu'il y a moyen de voir en coulisses car il ne faut pas s'attendre à ne trouver que des saints au pays de Satan.

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