Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

L'examen des cartouches

Cela n'arrive pas tous les jours que le CERPI doive investiguer sur des munitions ! Généralement, ce sont elles qui envoient les gens dans l'au-delà, il est beaucoup plus rare que l'au-delà nous envoie des munitions ! Mais en l'occurrence, ces cartouches ne sont pas supposées provenir de l'autre monde. Elles ont donc simplement été découvertes au domicile de Stella qui s'étonne bien sûr de leur présence. Mais elles lui provoquent aussi des ressentis, des ressentis dans lesquels il est question d'Anglais, de Canadiens, d'Allemands, d'une maison de transition (un lieu de passage de la Résistance vers la France, toute proche ? Un poste de fournitures en armement pour les alliés ou l'ennemi ?) en tous cas, c'est en rapport avec la seconde guerre mondiale. Soit ! Admettons. Mais comment nous en assurer ? Comment déterminer une date de fabrication, donner une origine à ces cartouches, une nationalité à ses anciens propriétaires ? Rassemblées dans un petit bac vert avec, à part, un chargeur, il y a là une vingtaine de longues cartouches et quatre ou cinq beaucoup plus petites, mais rien qui nous donne la moindre indication claire. Nous emportons donc ces éléments avec l'autorisation de Stella.
L'enquête commence.

Nous nous adressons à Monsieur J-P Godu qui est tireur dans un club à Bruxelles. Après avoir réalisé des photos, nous les lui communiquons par mail pour "expertise". Peut-être aura t'il une idée ? Dans l'immédiat, nous essayons de déterminer le calibre au pied à coulisses (car cela peut venir au dixième et même au centième de millimètre près). Les mesures vont correspondre à ce que M. Godu nous annoncera par simple examen visuel sur base des photographies : les petites sont du 9 MM, pouvant être utilisées dans certaines armes de poing comme le Lüger ou par des fusils-mitrailleurs tels que la Sten. Les longues sont des balles de fusil, ou de fusil-mitrailleur mais pour en savoir plus, il faut consulter la base des douilles où devrait figurer un ensemble de codes. Il faut ensuite consulter de la documentation pour pouvoir interpréter ces codes et pouvoir ainsi obtenir des renseignements précis.

Nos observations sont les suivantes : sur les longues cartouches, on note une série de quatre inscriptions laconiques codées (à 9h; à 12h; à 15h et à 18h) ou de manière plus ou moins suivie dans la circonférence de la douille. Comme ceci :
P635   S*   1   39  ou bien : avu/S*/6/39.  Tandis que sur les petites, on a : DI/44/9mm.  On pourrait bien sûr supposer qu'elles datent donc de 1939 et de 1944, mais nous ne pouvons pas nous baser sur de simples suppositions, il nous faut des certitudes! Il nous faut donc de la documentation. C'est à ce moment là, fait anecdotique mais savoureux, que les Éditions Jourdan nous envoient un exemplaire gratuit de "40-45, la guerre secrète d'Hitler", lequel ne nous renseigne absolument pas sur l'objet de nos questionnements mais tombe apparemment en plein contexte. Apparemment toutefois, car jusqu'ici nous n'avons aucune preuve de ce que les munitions de Stella datent bien de cette guerre, même s'il y a des présomptions.
Nos premières recherches sont rapidement couronnées de succès avec les petites balles: 44 est bien l'année de fabrication, 9 MM signifie évidemment 9 millimètres, quant au DI il signifie "Defence Industrie Ltd à Verdun (Québec) ! Bingo !

(Les images que vous pouvez consulter ci-contre représentent les mêmes cartouches mais ne sont pas celles de Stella, ce sont des éléments de comparaison dans lesquelles on retrouve toutefois la même morphologie et des inscriptions très semblables, facilement identifiables - du moins du moment que l'on dispose de la doc.)

Sans conteste, désormais, on peut affirmer que les petites "balles" ont été fabriquées en 1944 au Québec, ce qui correspond avec l'idée très canadienne de Stella !

9 x 19
Longueur de la douille : 19,15 mm.
Diamètre du projectile : 9,03 mm.
Longueur de la cartouche : 29,69 mm.

Cartouches à balle blindée, étui laiton.

Nous éprouvons plus de difficultés avec les longues cartouches mais nous finissons par trouver. La première indication correspond à un nom de dépôt ou plutôt de l'usine qui a fabriqué lesdites munitions, la deuxième caractérise l'alliage, la troisième est un numéro de lot et la quatrième donne l'année. Grâce à des tables de conversion, nous avons par exemple : P635 donne : Gustloff-Werke, Otto Eberhardt-Patronenfabrik, Hirtenberg Niederdonau. ou : P 186 qui donne: Metallwerk Wolfenbüttel GmbH, Halchterstraße, 21, Wolfenbüttel. Le S* indique que l'on est en présence d'un alliage laiton à 72% de cuivre. Le chiffre suivant représente l'année de fabrication (ici: 1939) En ce qui concerne ces cartouches, on peut parler de standard allemand.
Pour les AVU, on a : Schiken Gmbh Maschinen Und Lokomotivfabrik (groupe Polte) à Elbing (ville polonaise, exprimée en allemand) Les cartouches sont du 7.92 MM pouvant convenir à un Mauser par exemple, mais également à d'autres armes (dont certaines de chasse. Toutefois, dans le cas présent, l'origine militaire ne fait évidemment aucun doute. Vu les années de fabrication, il est hors de question qu'elles été prévues pour la chasse au lapin ou au sanglier...)

Ici encore, les images présentes ci-contre ne sont pas les "originaux" mais des éléments de comparaison. La longue cartouche visible à gauche est exactement de même calibre et de même forme à ceci près que celle montrée en illustration est une incendiaire, ce qui n'est pas le cas chez Stella. La douille visible à droite est également similaire, sauf en ce qui concerne la date : 1939.

Dans le cas de Stella, les cartouches trouvées datent donc bel et bien de la guerre 40-45 (qui, rappelons-le, à commencé en 1939 !) Elles ont été fabriquées soit en Allemagne, soit en Pologne, et parfois même peut-être dans des camps de concentration ou lieux de travail forcé. Une autre anecdote (bien moins savoureuse à vrai dire !) réside dans le fait que c'est dans l'un de ces camps de concentration que la célèbre résistante Marguerite Bervoets, bien connue à Mons, a trouvé la mort. Ironie du sort ou coïncidence supplémentaire ?

Nos recherches vont plus loin encore avec l'examen du chargeur, donné en examen par Stella. Il s'agit incontestablement du fameux chargeur latéral très caractéristique de la Sten, qui correspond effectivement au calibre 9 MM. Quant à dire, dans ce cas, si l'arme d'origine était aux mains d'Allemands ou de forces alliées, canadiennes par exemple, c'est pratiquement impossible à déterminer. En effet, on se doute que durant le conflit armé, nombre d'armes ont pu tomber aux mains de l'ennemi, être reprises par la résistance, revenir aux mains des uns ou des autres. La confusion est entretenue par un grand D qui a été peint sur le fond du chargeur. Un D qui rappelle le Defence Industry canadien ou bien un D comme Deutschland ? Bien malin qui pourrait le dire ! Mais un autre élément nous permet enfin de prendre position : le même fond de chargeur présente l'inscription "OFF". On se doute que les Allemands n'auraient pas utilisé l'anglais dans leurs termes techniques... Pour finir, comme cette arme correspond aux petites cartouches d'origine canadienne présentes sur place et qu'elles datent elles-mêmes de 1944, on peut les attribuer de préférence aux troupes de libération. Les munitions présentes chez Stella sont donc pleinement représentatives de la seconde guerre mondiale et évoquent indéniablement les deux camps !

Nous ne pouvions bien sûr toujours pas authentifier les ressentis de Stella pour autant. Mais un autre élément allait survenir à point nommé. Quelques jours après notre entrevue, la télévision belge annonçait que les fouilles d'Élouges étaient désormais terminées. Il n'y avait aucun rapport avec l'affaire des tueurs du Brabant puisque les ossements retrouvés sur place dataient de l'époque mérovingienne ! Mais cela, Stella n'avait aucun moyen de le savoir, certainement pas en tous cas avant que les enquêteurs de la police n'aient pu eux-mêmes le déterminer ! C'est pourtant bien ce qu'a réussi à faire Stella.

Résumons-nous ! Or donc, Stella découvre des munitions chez elle, peut-être déjà présentes, peut-être "apparues" chez elles, nous n'épiloguerons pas là-dessus. Elle ne connaît rien aux armes à feu, mais dès notre entretien téléphonique, elle peut nous dire qu'elles datent de la guerre 40-45, des Canadiens ou des Allemands, voire des deux, la possibilité de cartouches de chasse n'est même pas évoquée. Elle assure que ces munitions n'ont aucun rapport avec les fouilles effectuées alors dans sa région, ni avec les tueurs du Brabant. Lourde affirmation car ces mêmes tueurs auraient pu s'approprier des armes du même type et utiliser d'anciennes munitions sur des fusils militaires volés ! Même si elle ne fait là qu'émettre une hypothèse sans rapport avec le domaine médiumnique, elle prend un risque puisqu'elle anticipe sur les résultats des fouilles,qu'elle ne peut forcément pas connaître, et une certaine logique du grand banditisme.
Notre analyse confirme donc que ces munitions datent bien de la guerre, elles ont non seulement été fabriquées à cette époque mais en plus dans des usines spécialement vouées à l'industrie guerrière et sont originaires des deux camps en présence, avec des précisions pour le côté canadien. L'actualité confirme après coup que les affirmations de Stella sont correctes et élimine définitivement la théorie des tueurs du Brabant (qui n'auraient jamais pu tirer sur des Mérovingiens avec des balles de 1939 ou de 1944 !)

Il restera toujours la possibilité que Stella ait inventé cette histoire de toutes pièces, qu'elle détenait ces munitions de longue date, par exemple de parents ayant donc connu l'époque en question, par des tierces personnes, dans une brocante, etc. qu'elle ait déjà procédé à des investigations préalables pour déterminer la provenance des cartouches et leur origine et brodé autour de cette histoire en profitant précisément du contexte du moment. Il faudrait alors bien avouer qu'il y aurait beaucoup plus simple comme procédé pour arriver à ses fins, qu'elle n'aurait vraiment pas choisi la solution de facilité, fait preuve de beaucoup de patience, d'une chance assez peu commune ou d'opportunisme très hasardeux.
Nous conclurons au moins qu'il ressort de cette analyse que Stella bénéficie de solides présomptions de médiumnité.

Nous laisserons malgré tout toute priorité aux tests concrets que nous soumettrons à notre nouvelle correspondante, mais nous nourrissons la conviction qu'elle s'en sortira avec brio.

Lire aussi notre article associé : les coïncidences de Stella, avec le diaporama assorti.  L'arme correspondante au chargeur ici représenté pourrait donc aussi probablement être un MP38 ou plus probablement encore un MP40, un fusil-mitrailleur de conception allemande mais qui a été réutilisé très largement par bien d'autres armées (cf : http://pagesperso-orange.fr/Armes-Historiques/ALLEMAGNE/MP40/MP40.html ) Voir aussi : http://pagesperso-orange.fr/Armes-Historiques/ALLEMAGNE/MP40/MP40.html   En fait, comme on peut facilement le comprendre, l'attribution d'une arme à un type (calibre) de cartouches, n'a guère de sens tant il est vrai que les mêmes "balles" peuvent souvent servir indifféremment à certaines ou à d'autres.  Dans le cas spécifique des Sten et des MP 38 ou MP40, on peut seulement dégager la nationalité d'une conception initiale (anglaise, américaine, allemande) mais il n'est pas possible de déterminer à coup sûr la nationalité de la personne qui détenait les armes en question, même sur base de l'examen des cartouches.  En effet, l'usage de ces engins à été tellement généralisé, partagé entre diverses nations, tant d'armes ont été volées, récupérées par des belligérants appartenant à tant de camps différents sans compter les mouvements de résistance, qu'il est impossible de se prononcer autrement que par un contexte bien défini ou des informations plus précises, de nature historique.  Notre étude a seulement pu démontrer que selon toute vraisemblance, il était possible que ces armes et munitions aient été utilisées par des forces alliées (mais pas forcément exclusivement) et la situation géographique de même que les dates continuent de plaider en faveur d'une utilisation canadienne.

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