Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

Les coïncidences de Stella

A l'heure où j'écris ces lignes, les dons de médiumnité de notre correspondante Stella ne sont toujours pas reconnus par le groupement. Peut-être aurez-vous lu qu'il existait de fortes présomptions, de "grandes chances" comme on dit couramment, mais pour l'instant cela ne repose toujours sur rien de précis, des tests doivent encore être effectués, il faudrait certains éléments vraiment probants pour asseoir la situation. Pourtant, on peut dire, je crois, que ces derniers jours ont vu s'accroître encore le nombre des coïncidences qui prêchent en sa faveur.
Fin des vacances oblige, il règne encore comme une parfum de farniente et puisque l'histoire que je vais vous présenter s'est passée pendant lesdites vacances 2009, je vous proposerai une narration un peu en dehors des sentiers battus et de la présentation classique du CERPI. Il s'agit presque d'un témoignage.

Cet été, comme l'année passée d'ailleurs, nous sommes allés, mon épouse, les enfants et moi, en Côte d'Opale. Il ne s'agit pas du type de voyage prestigieux dont on peut rêver pour ce qui est de la destination,(mais le Touquet-Paris-plage tout de même !), il n'empêche que nous avons passé de bons moments et que le bon temps nous a accompagnés, merci. Ce que nous n'avions pas du tout prévu, c'est que, même en vacances, le surnaturel ou tout du moins le paranormal allaient nous suivre, un peu comme à la trace. Comme si je me baladais avec une étiquette marquée "CERPI" sur le front. Et pourtant, je peux vous garantir qu'aussi passionné de mystère que je puisse être, je n'avais aucune envie de me lancer dans une enquête en ce moment, réservé au soleil, aux distractions estivales traditionnelles, au dépaysement, etc.

C'est au cours d'une petite escale dictée par une perturbation climatique imprévue que nous nous sommes arrêtés à Ambleteuse, une petite localité à proximité de Wimereux. Un char Sherman se dressait, imposant, à l'entrée d'un musée consacré à la guerre 40-45, il pleuvait des cordes, l'occupation du moment était toute trouvée d'autant qu'il était encore trop tôt que pour passer à table. Je n'ai jamais caché mon intérêt pour la seconde guerre mondiale, une passion qui me vient un peu de mon père, de nos excursions à La Panne, quand j'étais gosse, alors qu'il y avait encore des bunkers en veux-tu en voilà et que parents et grands-parents n'hésitaient pas à nous raconter des histoires de ce temps là, le soir au coin du feu. Il faut dire que "ce temps là" n'était pas si éloigné à l'époque, il s'en fallait seulement d'une petite vingtaine d'années. Quand je suis venu au monde, la guerre n'était terminée que depuis 13 ans ! Pour les enfants (une fille de 13 ans, un garçon de 15) les choses sont différentes. Pour eux, 40-45 c'est presque de la préhistoire ! Mais la pilule pouvait encore passer pour le garnement, jamais en reste pour ce qui est de ce qui permet d'affliger plaies et bosses. Pour mademoiselle, la perspective du musée de la guerre était beaucoup moins enchanteresse ! Quant à Madame, c'est bien simple, elle serait bien restée dans la voiture, c'est tout dire !
Or donc, c'est avec des motivations et des enthousiasmes mitigés que nous avons commencé la visite, ponctuée d'une projection cinématographique (en noir et blanc) d'une demie heure. Mais en un clin d'oeil j'avais repéré le bon musée : un musée de toute beauté (pour autant que l'on puisse s'exprimer ainsi vu le sujet !), superbement fourni en matériel d'époque, parfaitement agencé, magnifiquement documenté, bref intéressant. On est surtout fasciné par les reconstitutions de scènes diverses (la bataille d'Angleterre, le rôle du Japon, le débarquement, la résistance, la Sibérie ou la guerre en Russie...) et les mannequins qui se dressent fièrement, en costumes authentiques, parés de médailles, bardés de leurs armes réelles, derrière des baies vitrées. Ayant reçu l'autorisation de photographier, je ne me suis pas fait prier pour mitrailler en dépit des nombreux reflets.

On le sait, le débarquement du 6 juin 1944 n'a pas eu lieu en Côte d'Opale, mais plus au Sud, en Normandie. Mais bien entendu, la région a été très largement concernée malgré tout et c'est la raison de l'abondance de ce genre de musées en cet endroit. Une tendance qui ne fait que se confirmer au fur et à mesure que l'on descend le long de la côte française, comme on peut le comprendre. Il était donc normal de trouver là une carte Du Nord, du Nord-Pas-de-Calais, et de Normandie, avec la Pointe du Hoc et les fameuses zones de Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword, là où les choses sérieuses ont commencé (et aussi fini pour de nombreux soldats...) Il est donc aussi tout à fait classique de se situer sur cette carte par rapport aux événements qui eurent lieu jadis... Normal aussi d'y repérer sa destination finale : le Touquet-Paris-plage. Une première petite sonnette d'alarme se déclenche lorsque je lis, juste à côté : Stella-plage ! Ah ça ! Comment ne l'avais-je donc pas remarqué en préparant l'itinéraire ? (Euh... hé bien probablement parce que j'ai laissé le GPS se débrouiller tout seul, comme un grand, et que je me suis surtout intéressé au nombre de kilomètres !) Or donc, sans le savoir et d'une manière très virtuelle bien sûr, j'avais donc pris Stella dans mes bagages !
Bon ! Il s'agissait simplement d'une curiosité géographique, voilà tout. Pas besoin d'en faire tout un fromage, même si l'heure approchait...

Mais le contexte du musée revient au galop et je chasse cette idée typiquement cerpienne qui n'a théoriquement rien perdu au milieu de mes vacances, n'en déplaise à l'intéressée ! Et voilà que je donne certaines explications au fiston : "Non ! Ce bonhomme bedonnant que tu vois n'est pas Hercule Poirot, soi-disant natif d'Ellezelles, la région des sorcières et de son célèbre sabbat, il s'agit de Churchill, vraiment aucun rapport !"
Mais le voilà sur un autre sujet : "Hé bien oui, c'est bien l'explosion d'Hiroshima" - "Mise en pratique des théories d'Einstein, ce savant dont les travaux pourraient avoir tant d'importance pour le CERPI, non? - "Oui, mais ne pourrait-t-on pas parler d'autre chose ?"
Et c'est là qu'un soldat en uniforme, un canadien apparemment, se dresse devant moi, semblant dire "Hands up !" ce qui ne manque pas de me faire grogner in petto : (Stella insistait beaucoup sur les canadiens en ce qui concerne les munitions retrouvées chez elle). Vu l'endroit où l'on se trouve, personne ne criera au sortilège, mais me voilà face à plusieurs vitrines qui, toutes, me lancent un message implacable à la figure : un chargeur quasiment du même type que celui retrouvé chez Stella, les mêmes cartouches de 9mm et les longues aussi. Voilà un Lüger, une Sten, une Bren et des MP qui peuvent tous, indistinctement, utiliser les mêmes projectiles ! Cela confirme à souhait que ces "balles" pouvaient être utilisées par tous les belligérants, peu importe le camp auxquels ils appartenaient. Mais une autre vitrine attire mon attention : ce sont des vestiges d'armes, rouillées, cassées, inutilisables, parfois avec leurs étuis dans le même état. J'ai une espèce de flash, ou plutôt de tourbillon : des images se télescopent dans ma tête sans que je ne puisse réellement capter une idée précise. (On est manifestement au moment du débarquement, cela n'a rien d'étonnant. Il règne un chaos indescriptible, bien plus épouvantable que tout ce que l'on peut imaginer, il y a une foule d'odeurs mélangées, des sons incongrus qui fusent dans tous les sens, un brouhaha invraisemblable, des éclairs, des cris, des ordres dans nombre de langues différentes. Impossible de trouver un fil conducteur à cet ensemble de données enchevêtrées, d'en retenir quoi que ce soit. C'est un fameux "foutoir" nauséabond, inhumain et je me force à sortir de cette espèce de spirale qui donne le tournis). Cette petite expérience de médiumnité improvisée a quelque chose d'éprouvant, j'aimerais mieux que cela ne se reproduise pas et pourtant il faut que je m'y attende : je n'aurai probablement pas la paix tant que l'on restera dans ce musée ! J'aurais du y penser ! Mais quand j'y pense, c'est assez bizarre: ce n'est évidemment pas le premier musée que je visite. Or je ne me souviens pas d'avoir eu ce genre de flash auparavant. Par exemple, le musée de Tervueren n'a rien suscité de particulier (parce que le Congo se trouve trop loin ?) celui de la bataille de Waterloo non plus (trop ancien ? De simples reproductions alors qu'ici il s'agit d'objets véritables situés beaucoup plus près du lieu réel des événements ?. Je n'en sais rien, il me semble d'ailleurs que tout ces prétextes ne soient pas fiables... J'en suis à ces réflexions lorsque l'on nous montre l'intérieur d'un blockhaus, une scène de "comment les choses se passaient en dedans, quand c'était le moment" et me voilà reparti avec cette fameuse expérience du bunker. Je la chasse à nouveau de mon esprit un peu en déroute, les choses deviennent pénibles. J'ai l'impression de me trouver dans une méchante usine à gaz où les tuyaux me font communiquer d'une époque à l'autre, d'un lieu à un autre, au milieu d'un contexte qui me concerne, directement ou indirectement mais étroitement, un drôle de labyrinthe ou de puzzle dont je ne dispose ni du plan ni du modèle. Les baies concernant la guerre au Japon me sauvent un peu. S'il n'y avait mon attirance pour les objets de style asiatique ou les philosophies orientales ce serait presque l'oeil du cyclone.
Fort heureusement pour moi, les représentations suivantes s'écartent du sujet et me laissent donc tranquille. Il y en a de magnifiques et notamment un coin de rue tout entier du Paris au temps de l'occupation, avec ses boutiques telles qu'on les trouvait alors et exactement le type de produits que l'on pouvait y acheter, des vitrines d'objets ayant servi à Monsieur-tout-le-monde ou réservées aux soldats allemands dans les années quarante, ceux qui étaient utiles à la résistance, au sabotage, aux communications... j'en passe. La visite se termine et je suis à la fois soulagé et un peu déçu de ne pas avoir pu y consacrer plus de temps. Mais il faut penser à tout le monde...

Les coïncidences ne se sont toutefois pas arrêtées là, loin s'en faut. On s'en doute, je n'allais pas en rester là et, une fois de plus, j'allais re-potasser toute la documentation possible sur le débarquement. Je m'étais bien juré de dénicher un livre tout particulièrement bien documenté sur le sujet et, dès mon retour. Il n'allait pas falloir de grandes recherches: lors des premières emplettes, le livre d'Antony Beevor allait se présenter à moi comme une évidence : D-Day et la bataille de Normandie !" OK, ce doit être un simple hasard, mais avouons que... et puis, non. N'avouons encore rien du tout, voyons plutôt la suite !

Comme nous l'avons dit, le débarquement était loin de ne concerner que les américains. Il y avait également de nombreux britanniques, des français, des belges, des tchèques, des polonais et... des canadiens (pardon pour ceux que j'oublie), sacrebleu : toujours ces fameux canadiens ! Or, il se fait que si l'on consulte une carte des opérations, on voit que la plage de débarquement la plus proche du Touquet était celle de Sword. Celle-ci concernait essentiellement les britanniques, mais ces derniers étaient bien chargés d'opérer la jonction avec les canadiens qui débarquaient sur la plage immédiatement adjacente de Juno, soit directement la deuxième par ordre de distance. Contrairement à ce que l'on s'imagine peut-être, les opérations du débarquement allié ont été très loin d'être un modèle de réussite, de synchronisation et d'efficacité. La mer était très houleuse, beaucoup de soldats étaient malades, les moyens de communication noyés sous les eaux étaient souvent devenus inutilisables, si bien qu'il y eut de nombreuses erreurs dans les lieux de débarquement. Certaines troupes se retrouvèrent même parfois à plus de 15 km de leur destination ! Le chaos a été vraiment indescriptible et quand les troupes ont commencé à se réunir, on a vu des groupes composés presque exclusivement de gradés et d'autres où de simples soldats devaient prendre le commandement ! Les bombardements préalables furent loin d'êtres les "opérations à précision chirurgicale" dont on nous parle tant. Au contraire, la plupart de ceux-ci furent-t-ils parfaitement inefficaces, inutiles et de nombreux assaillants, quand ils ne furent pas immédiatement tués, furent obligés de faire de grands détours pour prendre pied dans les terres et arriver en fin de compte à prendre les batteries côtières à revers. Tout ceci fit en sorte qu'il y avait un sérieux mélange et qu'il était tout à fait possible de trouver des canadiens beaucoup plus au nord, des britanniques ou des américains beaucoup plus au sud, etc. Ce qui est sûr en revanche, c'est que les canadiens dont Stella parle d'abondance étaient théoriquement les plus proches de la présente région. Comme c'est très bien expliqué dans le livre, la suite n'a pas été une partie de plaisir non plus et si le débarquement a bien fini par réussir, la bataille était loin d'être terminée, ce n'était au contraire qu'un début. Les chars allemands allaient riposter et la population allait payer aussi un lourd tribut à la libération. La bataille des haies allait seulement commencer, d'innombrables drames allaient survenir un peu partout.

Il y a une autre coïncidence dans toute cette histoire. C'est que sans le savoir, nous sommes effectivement allés à Stella-Plage. Il se fait pour tout dire que, jadis, les localités toutes proches de Cucq, Trépied et du Touquet ne faisaient qu'une. Pour ne rien gâcher, c'est un belge qui a bien failli faire l'acquisition dudit territoire. Cependant, il n'a pas pu honorer le paiement et l'affaire est tombée à l'eau, comme il va si bien de dire en parlant d'une plage. Enfin, on le sait, le théâtre des opérations de Normandie était sévèrement gardé par les allemands, lesquels y avaient dressé le fameux "Mur de l'Atlantique". Ils étaient commandés en cela par le maréchal Erwin Rommel, le fameux Renard du désert. Et ce dernier avait établi son quartier général au château de la Roche-Guyon. Ce même château n'était autre que le lieu de résidence du duc de Larochefoucauld. Il s'agit bien sûr d'une personnalité qui devrait vous faire se dresser vos oreilles.

C'est en effet à lui que l'on doit la phrase : "La petitesse de l'esprit fait l'opiniâtreté; et nous ne croyons pas aisément ce qui est au-delà de ce que nous voyons". C'est cette fameuse maxime que l'on rencontre sur tous les documents du CERPI ! Nous en ignorions tout. Et de surcroît, le château de la Roche-Guyon gagne vraiment à être connu car il est non seulement magnifique mais, en plus, il comporte son lot de mystères, de souterrains, de passages secrets sans compter un curieux donjon flanqué sur la colline à laquelle le château est adossé...

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