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Ce sont des éléments très indirects qui nous ont permis de faire rebondir l'affaire. Une recherche appropriée nous a emmenés jusqu'aux confins du Québec, du côté des chutes Montmorençy, où, paraît-il, sévit une dame blanche. Après un long détour, cela allait assez incroyablement nous faire aboutir à ce qui constitue peut-être la clé de l'énigme, à condition toutefois de laisser toute sa place au paranormal.
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Même si l'on sait que les chutes de Montmorency sont hantées par une soi-disant dame blanche, on voit mal au début, ce qui va faire avancer le schmilblick. Pourtant, il convient parfois aussi de s'intéresser à l'étymologie, laquelle joue un rôle important en ce qui concerne les légendes. On parle couramment de chute Montmorency comme s'il n'y en avait qu'une, or c'est faux. Si la population de Québec a senti le besoin d'utiliser l'expression chute Montmorency au pluriel, il y a bien une raison. Il y a bien plusieurs chutes à cet endroit, trois exactement. Ce sont les deux plus petites qu'on ne montre jamais en image. Il y a le Voile de la Mariée, nom bien connu des habitants du secteur Montmorency qui figure d'ailleurs sur un panneau d'indication, mais qui n'est pas reconnu par la Commission de toponymie du Québec, une toute petite chute qui ne semble pas avoir de nom et, finalement, la chute Montmorency, qu'on appelle plus rarement Grand Sault. Ces deux petites chutes ne sont pas bien connues comparativement à la grande notamment parce qu'une voie ferrée les rend difficiles d'accès. Le nom Grand Sault est d'ailleurs bien utile. Notons que si les deux autres chutes sont méconnues, c'est que le Parc de la chute n'est aménagé qu'en fonction du Grand Sault. |
Il ne fallait pas être grand détective pour au moins commencer à flairer certaines possibilités en rapport avec les noms cités ici. Le Voile de la Mariée fait évidemment directement penser à la dame blanche, une blancheur qu'évoque aussi l'écume des eaux qui s'abattent avec fracas au pied de la chute. Nous avions déjà remarqué, dans les témoignages des premières pages de notre dossier, la présence de régions enneigées (le col du Lautaret par exemple) qui permettent d'établir un trait d'union, mais rien ne nous permettait jusque là de tirer une quelconque conclusion. Cependant, nous avons aussi "Le Grand Sault". Or, dans l'environnement présent, il est très facile de comprendre: "le grand saut". Mais ce grand saut peut aussi figurer un événement tragique, un suicide par exemple ou une chute (dans la chute). Dans ce cas, nous sommes en présence d'une fin tragique qui, dans les circonstances que l'on sait (une mariée, un mariage) devient vraiment dramatique. Et ce point nous intéresse au plus haut point car il est tout à fait susceptible de générer le processus tant recherché dans les témoignages français. Mais voyons la suite...
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Le nom Voile de la Mariée doit être très ancien, car il est intimement lié à la légende de la Dame blanche, qui devait précisément se marier avant son suicide. En vérité, le nom Voile de la Mariée n'est pas rare et les légendes de dames blanches lui sont souvent rattachées, peut-être même toujours. La Commission de toponymie répertorie deux endroits dont c'est le nom au Québec : le Belvédère du Voile-de-la-Mariée, en Gaspésie, et le Voile de la Mariée, une chute dans la région de Lanaudière. L'île de la Réunion, la Corse, la Provence, le Mali et la Norvège ont une cascade du Voile de la Mariée, quoique dans le cas de la Norvège, il s'agirait vraisemblablement de la traduction française d'un nom officiel norvégien. Ce qui est vrai du Voile de la Mariée l'est aussi du Grand Sault : ce nom n'est pas unique. Il se trouve aussi au Nouveau-Brunswick. C'est le nom d'une chute qui est devenu, plus tard, un nom de ville. Selon ce qu'on raconte, une jeune Amérindienne y serait tombée en tâchant de sauver sa tribu. Certaines circonstances de cette histoire (ou légende ?) rappellent celle de la Dame blanche. Grand Sault est aussi le nom d'une chute en Gaspésie. Il est possible qu'une ambiguïté entre sault au sens d'«action de sauter» et sault, qui a déjà signifié «chute», soit en partie à l'origine de ces légendes. |
Bien que tout ceci repose toujours sur une légende, nous disposons donc maintenant d'au moins une origine. Nous allons maintenant voir que cette légende, lointaine géographiquement, se répercute dans nos contrées...
La Dame blanche en anglais : The White LadyLes légendes de dames blanches ne sont pas particulières au Parc de la chute Montmorency, ni au Québec d'ailleurs. En fait, ces fées sont très connues en France. Elles ont pour origine la mythologie celtique, qui a imprégné l'Europe en entier (la chasse-galerie est aussi d'origine celtique). La francophonie n'a donc pas le privilège de connaître les dames blanches. Les Anglophones les connaissent très bien, mieux encore que les Québécois. S'ils les connaissent si bien, c'est qu'ils possèdent l'expression : «to wail like a banshee» (littéralement : «crier comme une dame blanche») qui signifie «crier à tue-tête», car dans la mythologie irlandaise (banshee est d'origine irlandaise), les dames blanches préviennent les familles importantes d'une mort imminente par des cris. Elles pourraient d'ailleurs être de proches parentes de la fée Mélusine, qui elle-même poussait des cris caractéristiques : «Cris de Mélusine. Cris violents» (Littré, 1876) annonciateurs de morts. Quant aux germanophones et aux hispanophones, ils utilisent respectivement les termes : Weiße Frau et la Llorona. La traduction officielle qu'utilise le Parc de la chute Montmorency pour Dame blanche (White Lady) paraît donc un peu maladroite. |
SuicidesOn peut rencontrer dans la presse des mentions de suicide ou de tentatives de suicide aux Chutes Montmorency, par exemple, dans un article du journal "Le Soleil" ou dans ce procès-verbal des délibérations du comité sénatorial permanent des Affaires sociales, des sciences et de la technologie du gouvernement canadien.
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Et voilà donc le trait d'union avec l'Europe, la francophonie: les celtes (et celtes insulaires). Il est évident que l'Histoire, au cours des millénaires, a fortement brouillé les pistes et que, de nos jours, on ne pense pas à faire immédiatement un rapprochement dont les origines sont si lointaines. L'influence celte se remarque un peu partout dans nos régions, mais dans l'optique qui nous concerne il aurait été permis d'admettre que les régions de Bretagne et de Normandie soient plus touchées par les phénomènes dont il est ici question vu leurs accointances géographiques et culturelles avec les îles britanniques. Seulement, tout ceci est encore loin de tout expliquer.
Il nous faut ici préciser que nous tenons les récits qui suivent de
sites tels que :
Creusons donc encore... même sous la Manche !
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Accueil
http://www.parlonsperroquet.com/picotine/histoiresh/3/
(devenu indisponible ou en maintenance au moment de notre revisite) et
http://secretebase.free.fr/etrange/fantomes/dameblanche/dameblanche.htm
Nous reprenons ces textes en dépit des copyrights y mentionnés car il s'agit de "courtes citations"
de nature à illustrer nos propos. Notre but ne réside donc absolument
pas dans le plagiat de ces citations puisque d'une part nous ne nous en
attribuons pas la paternité, nous mentionnons au contraire les sources. D'autre part, ces citations ne constituent pas l'objet principal de ce dossier, celui-ci résidant dans l'étude que nous en avons fait.
Par ailleurs, il faut considérer que les citations et images ici
utilisées figurent dans de nombreux sites qui mentionnent
contradictoirement un copyright ou pas pour les mêmes sujets, de sorte
qu'il est impossible de trancher sur la paternité originale des textes.
En tout état de cause, nous n'avons aucunement eu l'intention de porter préjudice à qui que ce soit, nos remarques ne sont pas à comprendre
comme la négation du travail d'autrui mais comme l'expression d'une opinion, laquelle est elle-même soumise à la liberté y relative.
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mentionnaient aucun copyright ni à l'époque de leur première insertion
ni actuellement. Or donc, nous ne pouvons en permanence parcourir
le net à la recherche d'éventuelles modifications ultérieures. Nous
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