Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

Entre tournage et diffusion


M. Vanbockestal raconte :

Après le reportage, l'idée d'un "mauvais coup" de la télévision me taraudait. En même temps, j'avais du mal à imaginer qu'une équipe de professionnels puisse réellement me saboter. Il n'y aurait eu aucune raison. Du moins, je n'en voyais pas. Les jalousies et autres querelles inter-associatives ne concernaient nullement la télévision. Nous n'étions pas des charlatans. Nous ne prétendions pas non plus que la maison d'Arc-Wattripont était peuplée de fantômes ou de vampires, mais seulement que l'affaire était restée inexpliquée jusqu'à ce jour.
Cela dit, il est vrai aussi que si le journaliste m'avait posé la question de savoir pourquoi le propriétaire était revenu complètement sur ses propos et nié catégoriquement certains événements spectaculaires, j'aurais été bien embarrassé de répondre à ce stade de l'enquête, que nous venions à peine de commencer rappelons-le. Le proprio aurait-il confondu entre l'affaire de 93 et la dualité non avérée de 2011 ? C'était possible, après tout puisque juste avant le reportage j'avais parlé avec lui des problèmes qui le concernaient "encore maintenant" (en 2011, donc !) Mais dans ce cas, le comportement de son épouse était encore plus bizarre puisque celle-ci parlait d'Éric Barbé et interdisait formellement que l'on en cite le nom. A moins qu'il ait existé un rapport entre les deux affaires. Mais cela paraissait tellement invraisemblable.

J'avais reçu des nouvelles médicales et la date de mon opération avait été fixée. J'en avais donc avisé le journaliste afin qu'il ne retienne pas cette date pour notre deuxième rendez-vous. Dans mon mail, je lui demandais aussi ce qu'il en était de l'émission qui était prévue en studio et au cours de laquelle j'aurais dû être confronté à Jacques Théodor. Le journaliste m'avait effectivement parlé de ce projet. Dans ce cas, il se serait agit d'une sorte de débat en direct. Cela me paraissait intéressant. Plus encore même, désormais...
Mais dans l'immédiat, ce n'était de toute façon pas envisageable : mon état de santé ne le permettait absolument pas. J'étais cloué à la maison, avec un abonnement spécial pour les toilettes. Dans ces conditions, aucun déplacement ne m'était possible. Quant à une émission télévisée en direct, il valait mieux ne pas y penser !
Le journaliste me répondit et me proposa une date afin de pouvoir exercer mon droit de rectification. Cela m'aurait également permis d'évoquer la publication de mon livre, laquelle avait été très peu abordée (Pourtant de commun accord entre le directeur de la maison d'éditions et le journaliste, on en aurait au moins parlé. Cela avait été très laconique et les choses ne se présentaient pas du tout comme un tremplin potentiel. Mais la date proposée était antérieure à mon intervention chirurgicale, je ne pouvais donc raisonnablement pas m'y présenter, sauf avec des couches-culottes...)

Ce fut donc Caroline De Liever qui me remplaça et s'en tira d'ailleurs fort bien. Elle n'avait aucune raison de se méfier car les questions qui lui furent posées étaient tout à fait standards et traitaient par exemple du tirage (il s'agissait d'un gros tirage pour la Belgique) et des projets : ce livre aurait-il une suite ou bien s'agirait-il d'un one-shot ? Non, d'autres livres étaient prévus, traitant de maisons hantées, de poltergeist, de télékinésie, etc. Ce qui était absolument exact. Tout paraissait donc bien. Sauf que je n'avais toujours pas pu rectifier mon interview. Quant au débat avec Jacques Théodor, il n'aurait tout simplement pas lieu. Je revins donc à la charge pour le droit de rectification et attendis la réponse avec impatience.
Lorsque celle-ci vint enfin, je fus atterré car elle fixait la date du nouveau reportage le jour même où je devais être opéré et ne prévoyait plus d'autre possibilité ultérieure. J'étais coincé ! Mais cette forme d'ultimatum qui me lésait considérablement avait quelque chose d'assez étonnant car la diffusion de l'émission ne se ferait pas avant un gros mois... N'y avait-il donc pas moyen de caser ne serait-ce qu'une demie heure dans ce laps de temps ?
Il ne me restait donc plus qu'à entrer en clinique, avec un moral dans les chaussettes, persuadé que l'on m'avait joué un sale tour.
La publication de mon livre, au mois de septembre, me dégagea un peu l'esprit. D'autant que les réponses des médias étaient pleinement encourageantes : l'avenir de mon livre était des plus prometteurs. Le lendemain, en effet, les commandes affluaient, les séances de dédicaces étaient prévues aux quatre coins de la francophonie belge. C’était l'euphorie !
Mais elle fut passagère et à cette euphorie succéda la douche froide.

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