Centre d'Études et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

La diffusion catastrophique


DANS L'ATTENTE...


En attendant la diffusion du reportage télévisé, j'avais reçu quelques échos qui n'auguraient toujours rien de bon. Mon sentiment défavorable semblait donc se confirmer. Ce fut à un point tel que je fis paraître, dans le site du CERPI, une page qui annonçait à la fois la diffusion tout en mettant le spectateur en garde contre des possibilités de "dérapage". Mais, bien évidemment, on ne pouvait présumer de rien tant que la diffusion n'avait pas eu lieu.
Celle-ci vint et je la regardai comme tout le monde, devant mon petit écran.
Les premières minutes me parurent convenables bien que l'ensemble de ce qui précédait notre sujet (qui allait arriver en fin de course, tel un feu d'artifice, une conclusion définitive pour couronner le tout comme la cerise sur le gâteau), d'autres sujets traitant du surnaturel ou du paranormal, m'apparaissaient comme un lot de victimes vouées à l'échafaud. Et je ne me trompais pas. Sauf que le constat qui allait suivre allait être pis que mes pires craintes !

OÙ L'ON "SAUTE" SUR LES ERREURS QUE L'ON N'A PAS PU CORRIGER...

Au moment même où j'évoquais les frères Bogdanov, après m'être trompé à propos de Gérard Majax et d'Henri Broch (l'un des points que je n'avais donc pas pu corriger pour les raisons que l'on connaît à présent), toute l'émission basculait dans la dérision, la contre argumentation, voire les attaques personnelles. En fait, si le reportage concernant Arc-Wattripont n'était pas le pivot, l'axe de travail qui permettait de passer des "élucubrations" aux "démentis", c'était alors très bien imité ! A peine avais-je terminé ma phrase (erronée, donc...) une petite musique de fond, moqueuse à souhait, soulignait le fait que l'on passait au champ de foire. Il était donc difficile de ne pas prendre les choses comme une volonté délibérée de se moquer du monde.

OÙ COMMENCE LA DÉSINFORMATION...

Cela dit, je n'ai pas la prétention de la perfection. Comme tout le monde, je peux commettre des erreurs et l'humour, voire la dérision, ne me gênent pas quand c'est mérité. Encore faut-il voir les arguments et les apprécier. Si ceux-ci sont corrects, je n'ai plus qu'à m'incliner. Or, justement, l'argumentation passait pour solide et le spectateur n'avait aucun moyen d'y voir clair.
1) L'affaire datant de dix-huit ans, nombreux étaient ceux qui n'y connaissaient rien et ne pouvaient donc que se ranger à ces éléments, apparemment incontournables, apparemment flagrants, même évidents. Généralement, quand les gens rentrent du boulot, ils regardent une émission qui leur plaît mais aussi où ils ne doivent pas trop se donner la peine de réfléchir. La journée est faite : ça suffit ! Or, justement, dans le cas présent, on leur avait mâché la besogne : ils n'avaient pas besoin de se torturer les neurones, tout était là, l'enquête du journaliste était limpide, claire comme de l'eau de roche. Ils ignoraient qu'ils se faisaient lamentablement pigeonner !

2) Ainsi, le vieux monsieur expliquait donc que ses volets n'avaient pas bougé, contrairement au gendarme qui prétendait qu'ils "battaient". J'avais assisté à cette scène, rappelez-vous, seul, dans mon coin. Et j'avais même filmé ça avec mon APN. Mes poings et mes dents se serraient tant les propos du propriétaire étaient incompréhensibles pour nous qui l'avions interviewé et obtenu la confirmation de son épouse. J'étais resté pantois devant une telle contradiction que je ne parvenais pas à comprendre.

3) Mais l'enregistrement de l'interview à l'étage était lui aussi révélateur : le lit n'avait aucunement été abîmé ! Comment le propriétaire, décrit comme bon pied bon oeil pouvait-il ainsi massacrer une évidence de cette ampleur.

4) De plus, il n'y avait pas tant de spécialistes que ça qui étaient venus sur les lieux "parce que la police les empêchaient". Cette affirmation était partiellement correcte et logique. Cependant, si vous avez lu les pages précédentes de ce dossier vous avez déjà une meilleure idée de la question puisque, à tout le moins, on pouvait déjà citer Jacques Théodor, Jean-Marie Tesmoing, Vladimir Verovacki, le professeur Dierkens et son épouse, le radiesthésiste M. Plume...

Le couple de personnes âgées avait soigneusement été présenté comme "bon pied bon œil" (en oubliant donc volontairement les gros problèmes de mémoire !), en tous cas pour le propriétaire, principal interviewé. Le propriétaire d'une maison est tout de même la personne la plus à même de dire ce qui s'est passé chez lui. Voilà qui rendait leur témoignage crédible dans le sens de la démystification. Cela n'empêchait pas l'équipe télévisée d'accompagner sa descente de l'escalier d'une autre petite musique de fond qui, disons, prêtait au moins à sourire, sinon à la moquerie. Peu importe le respect dû aux personnes âgées du moment que l'on puisse ridiculiser l'affaire de toutes les manières possibles.

OÙ LE SPECTATEUR SE FAIT SON OPINION...

L'inspecteur que j'avais proposé racontait bien qu'il avait été bien forcé d'admettre les phénomènes auxquels il avait assisté, notamment l'explosion du double vitrage de la cuisine, des pipes qui tournoyaient, un grand "boum", des objets qui se déplaçaient - même des meubles - mais il reconnaissait aussi avoir surpris le beau-fils en flagrant délit de supercherie, en projetant lui-même un objet pour faire croire à un nouveau phénomène. Face à autant de points discordants, la conviction du spectateur se faisait facilement : on avait beaucoup brodé autour de l'affaire d'Arc-Wattripont et il n'y avait rien grand chose de vrai.

OÙ LA TÉLÉVISION SE DONNE LE BEAU RÔLE...

Cet ancien gendarme, qui apparaissait heureusement à visage flouté, était présenté comme un ancien policier que l'équipe télévisée avait retrouvé. Comment le spectateur pouvait-il comprendre les choses autrement lorsqu'il entend la voix off dire "Nous avons retrouvé l'un des anciens policiers..." ? Bien sûr, on attribuera cela soit à l'animateur, soit à son équipe, soit à la chaîne télévisée.
Qui pourrait s'imaginer que, en fait, c'était moi qui en avais fourni les coordonnées ? Où était-il dit que c'était via mon intermédiaire que le journaliste avait obtenu la communication avec le commandant de compagnie ? Mais peu importe, petite vantardise de journaliste, sans importance au regard du reste.

OÙ L'ON JOUE SUR LES MOTS, À SON AVANTAGE

Car pour sanctionner ces arguments pour le moins décoiffants, la voix off évoquait le fait que les spécialistes du paranormal qu'ils avaient interviewés pourraient bien raconter n'importe quoi, qu'ils pourraient avoir exagéré certains faits tout en en passant d'autres sous silence. Car, d'après le journaliste, personne ne lui avait parlé directement du beau-fils, pourtant épicentre des phénomènes. Il y avait de quoi rugir ! Et puis, en réfléchissant, on comprend (à condition de le comprendre !) que le journaliste se retranche derrière l'adverbe "directement": On ne lui avait jamais parlé "directement" du beau-fils. Le plan était machiavélique ! En réalité, cette affirmation était "à peu près" vraie, mais forcément il était culotté de laisser entendre qu'on ne lui avait jamais "parlé" d'Éric Barbé. (Souvenez-vous que l'épouse du propriétaire avait demandé avec insistance que l'on ne cite pas son nom, souvenez-vous aussi que le garde-champêtre l'avait bien entretenu des agissements du jeune homme puisqu'il disait ne pas croire à ses manigances et que lorsqu'il le tenait à l'oeil rien ne se passait. Par la même occasion, sachez que le physicien Giovanni Cosentino (qui apparaît également dans cette émission et qui, par conséquent, passe aussi pour un spécialiste du paranormal qui raconterait n'importe quoi) avait documenté le journaliste quant à cet Éric "fantôme". Moi-même je lui en avais parlé au téléphone, en rapport avec l'exorcisme. Que lui fallait-il donc ?

LE RECOURS "DÉFINITIF" AU SCEPTIQUE DE SERVICE

Mais les choses allaient encore bien plus loin et il était dit que j'allais boire le calice jusqu'à la lie. Je me demandais ce que j'avais bien pu faire à cette équipe télévisée pour mériter un tel traitement. Avec le recul, je me dis que je n'avais pas été le seul à être traité de la sorte, car chaque protagoniste en avait pris pour son grade. Tout le monde avait eu sa pincée de sel. Sauf que, pour moi, on avait déversé la benne du gros camion ! J'avais droit au "traitement de faveur". J’étais "soigné".
Ainsi donc, notre garde champêtre (que nous avions également désigné nous-mêmes, dont nous avions fourni les coordonnées à l'équipe télévisée et duquel nous avions obtenu l'accord pour le reportage) était présenté comme l'un des sceptiques qui - bizarrement - n'avaient jamais été interviewés à l'époque (si le journaliste s'était correctement renseigné il en aurait compris la raison et ne se serait pas servi de cet argument) et qui permettait de tirer "la conclusion définitive". Comme on pouvait s'y attendre, il ne changea pas sa version d'un iota (et pourquoi l'aurait-il donc fait ?) et expliqua que strictement rien ne se passait lorsqu'il tenait le beau-fils à l'œil, que ce dernier tentait à chaque fois de faire diversion ou de détourner son attention mais qu'il ne le lâchait pas d'une semelle. Or donc, pour lui tout cela n'était que des "trucs". Entendez donc que toute l'affaire ne reposait que sur des supercheries. Sauf que ce témoignage était loin d'être définitif parce que, somme toute, il avait interviewé en tout et pour tout deux officiels... sur une quinzaine !

LA CLAQUE

Le reportage ne se limitait pas à cela. Comme j'expliquais laborieusement que la seule présence de sceptiques pouvait nuire au déroulement des phénomènes, le journaliste conclut que "Bardaf ! C'était l'embardée et que "le raisonnement du président du CERPI démontrait son manque total d'objectivité". Et pan ! Dans la figure !

L'APPUI DE LA SCIENCE "TOUTE PUISSANTE"

Il n'y avait pas de raison de s'arrêter en si bon chemin et la parole fut donc laissée à Jacques Théodor dont les lettres de noblesse pouvaient facilement s'étaler. Il est vrai qu'il s'agissait d'un ancien chercheur du CNRS, un scientifique, un zététicien même. Bref : ce n'était pas n'importe qui, mais bien quelqu'un de fiable qui, de plus, avait écrit le livre "Les fraudeurs du savoir" (Éditions Matière Grise). Ce monsieur expliquait qu'il avait passé une nuit seul dans la maison d'Arc-Wattripont et que, comme par hasard, rien ne s'était passé. Il continuait en disant qu'il n'avait pas été impressionné par le caractère démonstratif de l'affaire, ni "in situ" (puisqu'il était allé sur place), ni par la cassette vidéo. Et c'est là que le journaliste reprenait en signalant que Jacques Théodor avait effectivement pu voir cette fameuse cassette vidéo qui avait été prise par les gendarmes, cassette qui avait été saisie par le parquet du procureur du roi, lequel - "par crainte du ridicule" - se refusait à en autoriser l'accès. L'ancien chercheur du CNRS expliquait alors qu'il avait bien pu y voir un matelas qui se soulevait mais que cela pouvait s'expliquer facilement avec des cordes. Il terminait en signalant avoir assisté à une curieuse démonstration de chasse au démon, laquelle était illustrée par les travaux d'un radiesthésiste qui évoluait avec une antenne lobe Hartmann. Le public ne pouvait s'en apercevoir qu'à la condition d'avoir été très attentif car, en fait, le témoignage de ce scientifique mettait à lui seul toute l'émission en pièces et nous en expliquerons le pourquoi dans les pages suivantes...

OÙ L'ON PRÊCHE LA FOLIE, EN PLUS...

Donc, (...) "A part des chasses au démon ridicules et des cassettes où on ne voit rien, rien de spécial ne s'était passé dans cette maison sauf les agissements d'un "doux dingue", personnifié en la personne d'Éric, le fiancé de Nathalie, peut-être sous prétexte que ce dernier évoquait la Vierge et avait été exorcisé. Probablement dissuadé de réagir en raison de l'hyper médiatisation dont il avait fait l'objet, Éric Barbé n'a pas déposé plainte car il s'agissait, selon moi, d'une affirmation insultante et diffamatoire, exprimée à l'intention d'un grand public.
Quant aux "enquêtes" du CERPI, la voix off insistait tout particulièrement sur l'importance des guillemets, signifiant par là que nous faisions ni plus ni moins que des enquêtes de m...
On pouvait croire que la coupe était pleine, il fallait qu'elle déborde et se répande abondamment à gros bouillons...

ET LE LIVRE DANS LE MÊME PANIER

Le livre que j'avais écrit et qui venait fraîchement de sortir était présenté comme un ramassis de mensonges ou d'affabulations. Ainsi par exemple les détonations (ou déflagrations) n'avaient jamais eu lieu, les gendarmes blessés dans l'exercice de leurs fonctions et hospitalisés n'existaient que dans l'imagination de l'auteur - c'est-à-dire la mienne, donc - et la maison d'éditions se souciait fort peu de ces mensonges car "le sensationnel, ça fait vendre !" Cela revenait donc à traiter ma maison d'éditions de "complice", ou de "menteuse", ou de "bassement intéressée".
Et l'on terminait dans ce registre en disant que c'était avec "des livres pareils" que l'affaire d'Arc-Wattripont conserverait encore longtemps son aura de mystère.

LES PREMIÈRES CONSÉQUENCES

Un pareil coup fait mal. Très mal. Bien évidemment, cela constitue un coup de publicité très négative, dont on se passerait volontiers. Ce dernier influença probablement les autres médias qui lui répondirent en écho en se contentant de m'ignorer pour la plupart. Les ventes ne furent pas nulles, mais nettement en dessous de ce qui était espéré et certainement pas "une performance". Il faut savoir ce que cela fait, dès le lendemain, lorsque l'on vous aperçoit en rue, au magasin, au travail et que l'on subit les quolibets, plus ou moins gentils, de ceux qui n'insistent pas trop "car c'est un copain". Mais que ceux qui s'imaginent que les choses s'arrêtent là se détrompent. Car il y a toujours bien quelqu'un pour vous plonger la tête sous l'eau quand vous êtes occupé de vous noyer.

À RETENIR

Mais dans l'immédiat, il y a une chose importante à retenir dès à présent : si cette émission semble avoir bétonné - aux yeux du plus grand public - l'image d'une affaire qui n'était qu'une vaste supercherie telle qu'elle a été présentée, cela procède d'une grave désinformation du spectateur. Ce dernier a le droit fondamental de connaître la vérité et celle-ci est très différente !
Notre position est la suivante, bien plus nuancée : comme dans la plupart des affaires de "poltergeist", celle d'Arc-Wattripont a effectivement été émaillée de supercheries. Nous en avons dénombré quatre. Mais ce n'est pas un scoop ! Ce serait plutôt un grand classique. Il serait cependant complètement faux de s'imaginer que TOUT n'ait été que supercheries pour autant. Nous prétendons pour notre part que tout est loin de s'expliquer aussi facilement et qu'il s'est incontestablement bien passé des choses momentanément inexpliquées dans cette histoire !
NOUS ALLONS LE DÉMONTRER POINT PAR POINT PLUS LOIN DANS CE DOSSIER - AVEC LES PREUVES QUI S'IMPOSENT ...

Suivez-nous donc pour la suite de ce dossier car il en vaut vraiment la peine !

SUITE - PRÉCÉDENTE - SOMMAIRE - ACCUEIL - HAUT