Ce
sera, jusqu'à nouvel ordre, la position officielle du CERPI dans le cas de l'affaire d'Arc-Wattripont : un phénomène de poltergeist ou de
psychokinèse récurrente spontanée. Cependant, si c'est bien de le dire, de "coller un nom dessus", encore devrons nous expliquer ce
dont il s'agit, en quoi il convient à la situation contextuelle d'Arc-Wattripont, d'en expliquer le fonctionnement et la dynamique.
Le mot "poltergeist" vient de l'allemand : "poltern" qui signifie "bruyant" et geist qui signifie
"esprit" d'où la traduction d'esprit frappeur puisque le phénomène est souvent accompagné de coups donnés, par exemple, dans les murs. On
pourrait toutefois aussi traduire ce mot par "esprit espiègle" ou "esprit malin" puisqu'il procède essentiellement de perturbations de
toutes natures comme les déplacements (ou projections) d'objets, les cris ou rugissements, parfois (rarement) les combustions spontanées
(mais ne provoquant généralement pas d'incendie). Il convient toutefois de ne pas s'égarer car si l'on parle effectivement "d'esprit",
en revanche c'est de l'esprit humain dont il est question et non d'un fantôme. Dans les phénomènes de poltergeist, il n'y a d'ailleurs
pas d'apparitions fantomatiques (haute hantise selon Ernest Bozzano) ou d'apparitions démoniaques (possessions). Le phénomène de
poltergeist peut s'avérer très destructeur, dépendant de sa durée dans le temps et de sa virulence. On considère que plus le phénomène
sera virulent et plus court il sera, inversement bien sûr, s'il est de faible ampleur il peut se prolonger loin dans le temps. Dans le cas
d'Arc-Wattripont, outre les supercheries avérées, les exorcismes bidons entre autres et les éventuels phénomènes connexes (probablement
étrangers en admettant qu'ils existent), on retiendra essentiellement les journées des 5 et 6 janvier 1993, soit deux jours seulement, suite
auxquels la maison entière fut dévastée.
On assimile volontiers le phénomène de poltergeist à celui dit "de la vilaine petite fille" ("naughty little
girl", en anglais) où c'est un enfant, souvent en âge de puberté (modifications psychologiques, hormonales et physiques importantes) qui,
placé dans une situation conflictuelle ou de mal-être apparemment sans issue, provoque involontairement les phénomènes par la force de son
esprit sur la matière. Il faut ici préciser que l'âge de la puberté n'a pas l'exclusivité du phénomène mais peut survenir aussi chez des
individus plus âgés et qu'il en va de même pour ce qui est du sexe, les filles n'ayant pas l'apanage de ce type de trouble.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le phénomène de poltergeist (déjà attesté par Suétone) n'est pas
si rare que ça (cf. professeur Jean Dierkens), mais il passe souvent inaperçu dans les cas mineurs. En faisant abstraction des cas
explicables de manière naturelle qui de particulièrement stressé, tourmenté, etc. n'a jamais constaté que son stylo tombait par terre ou
se mettait à rouler sur le bureau; cependant, il est évident que ce n'est pas ce genre de choses qui inquiètera outre mesure et on ne
fera pas intervenir la police, la gendarmerie, la protection civile, les pompiers, la garde suisse, etc. pour si peu. Donc, le cas ne sera
pas relaté. Des phénomènes un peu plus importants pourront étonner, inquiéter et tonton Jules - qui a lu 3 Stephen King - sera
consulté comme s'il s'agissait d'un spécialiste, peut-être en parlera-t-on dans la famille ou entre amis, mais le cas ne sera pas
relaté non plus. Les cas plus graves entraîneront peut-être l'intervention des autorités policières ou religieuses mais la brièveté
des événements aura tôt fait de mettre un terme aux investigations qui n'auront le plus souvent même pas le temps d'être entamées. En dehors de
cela existent des cas extrêmes (Arcachon, Arc-Wattripont, Rosenheim, Enfield...) qui resteront dans les mémoires (après en avoir dégagé aussi
les supercheries pratiquement inévitables comme nous l'expliquerons plus loin) et le résultat final sur la statistique se manifestera par des
chiffres erronés, inférieurs au nombre de cas réels.
Disons encore que le phénomène ne se montre généralement pas agressif vis-à-vis des personnes (sauf au cinéma, c'est entendu !) et cette
bienveillance exclut donc les cas de possessions et témoigne d'une certaine familiarité cohérente dans le cas présent : ce n'est pas la
personne qui cause le trouble chez le sujet poltergeist mais bien la situation globale, pouvant comprendre plusieurs facteurs comprenant
éventuellement malgré tout des personnes. L'exemple que nous fournissons ci-dessous et relatif à l'affaire d'Arc-Wattripont est un
modèle du genre.
On
doit la connaissance du poltergeist à un désaccord entre Carl-Gustav Jung et Sigmund Freud, le premier ayant démontré, lors d'un entretien tendu,
l'existence du phénomène catalytique d'extériorisation et l'on
doit d'en connaître la dynamique à Walter Von Lucadou avec son modèle de l'information pragmatique. Ici, quelques petites explications
s'imposent déjà : confrontés à des situations conflictuelles insolubles, des problèmes épineux et stressants, de vives contrariétés, le commun
des mortels a tôt fait de trouver le moyen d'extérioriser ses sentiments, par exemple par un grand "coup de gueule", en sortant
prendre l'air ou en faisant du sport, en prenant une douche ou un (ou plusieurs) verres d'alcool ou encore l'un ou l'autre calmant. Mais
tout le monde ne réagit pas de la même manière et certains sujets évacuent leur mal-être de la manière dont il est ici question. En
général, tout se passe de la manière la plus traditionnelle, mais il existerait aussi des "sujets poltergeist" c'est-à-dire des personnes
capables de provoquer ces phénomènes dans le but que l'on connaît à présent. Certains prétendent que les séances de spiritisme
favoriseraient cette faculté, d'autres ajouteront encore que les trépanations auraient également un effet multiplicateur, mais nous
resterons méfiants et dubitatifs sur ce plan, bien qu'Éric Barbé ait été supposé avoir subi au moins une trépanation et fréquenté les cercles spirites.
Évidemment,
le grand hic du phénomène de poltergeist reste qu'il ne peut pas être accepté par la communauté scientifique, notamment parce que le phénomène
n'est pas reproductible en laboratoire. Mais forcément ! Comment voudriez-vous vous y prendre pour reconstituer la même situation, dans
un autre lieu, même s'il devait être copié à l'identique, alors que vous êtes "épié" par des étrangers (effet observateur et peu importe qu'il
soit sceptique ou pas !) Mais il y a une autre raison à cette impossibilité de reproduction c'est qu'elle procède elle-même du
principe de déclin et de disparition du phénomène comme l'indique le modèle de l'information pragmatique de Von Lucadou.
Cependant, concernant les objections scientifiques il est évident que tout physicien rétorquera qu'en vertu du principe de causalité, si un
objet est déplacé il faut qu'il y ait application d'une force dont on peut mesurer par exemple l'intensité, et déterminer le point
d'application et le tout, en direct. Quant à accepter qu'une force puisse émaner de l'esprit humain et s'exercer à distance, voilà qui ne
peut pas être accepté par les scientifiques et on les comprend. On les comprend d'autant plus volontiers que le fait de produire une force
suppose le recours à une énergie qu'il faut aussi se procurer quelque part.
C'est là toutefois que nos chercheurs et scientifiques du CERPI ont joué un rôle considérable. Nous allons voir cela et nous ne nous
priverons pas de citer des références dont le lecteur critique pourra juger de la valeur, de l'importance et de l'opportunité.
Reprenons donc l'appellation de Jung : "phénomène catalytique d'extériorisation". Nous avons déjà expliqué "extériorisation", pas
besoin d'épiloguer sur le terme de "phénomène", il reste donc "catalytique". Ce qui est catalytique est ce qui favorise,
augmente, démultiplie comme le savent la plupart des automobilistes, par exemple via le pot catalytique. En ce qui me concerne, lors d'une
discussion avec feu le professeur Dierkens, j'avais évoqué la possibilité de décharges énergétiques cérébrales. Si le phénomène
provient du cerveau, on se sent autorisé à évoquer la sphère cérébrale et le cerveau fonctionne sur base de transferts électriques bien qu'il
existe également, au niveau nerveux, des échanges purement chimiques, bien moins susceptibles de provoquer quoi que ce soit d'autre que le
fonctionnement naturel de l'organisme. Dans ce cas, on avait potentiellement l'énergie électrique, éventuellement favorisée
(catalysée) par la présence des pylônes survolant la maison. Toutefois, le professeur Dierkens n'aimait pas cette notion de
"décharges électriques cérébrales" et d'un autre côté, le physicien Giovanni Cosentino excluait toute influence de la ligne à haute tension,
laquelle disait-il, pouvait tout au plus favoriser le mal-être du sujet poltergeist. Bon ! Donc, il fallait trouver autre chose !
Fort heureusement, l'enquête d'Arc-Wattripont a été très bien documentée et ne s'apparentait décidément pas à une enquête "entre guillemets"
comme le disait très ironiquement le journaliste de la chaîne belge dans son travail lamentable. Nous avons donc pu récupérer et vérifier
une hypothèse émanant d'un grand classique de ce genre de phénomène : la diminution subite de la température de la pièce (non attribuable à un
contraste de chauffage mais bien objectivable au thermomètre !)
Extrait du livre : "Le poltergeist d'Arc-Wattripont, vérité, scandale et
désinformation" (Éditions Le Temps Présent, collection fonction psi).
"C'est là que la physique est venue à notre secours grâce à l'un des nôtres. Ce dernier a calculé qu'en se basant sur un volume
habitable classique (70m 3),
une déperdition de chaleur de l'air ambiant occasionnant une baisse de température de 1°C représenterait à elle seule, à condition de la
convertir intégralement en travail, c'est-à-dire capable de fournir un effet mécanique, une énergie à même de soulever une charge de 8400 kg !
Les physiciens savent qu'il est pratiquement impossible de convertir intégralement la chaleur en travail, mais en convertissant seulement 1%
de cette énergie calorifique en travail, il serait possible d'exercer une force capable de soulever d'un mètre une masse de 84 kg, ce qui est
déjà considérable.
Des chutes de températures ont été observées dans plusieurs cas de poltergeist et lors de plusieurs séances de télékinésie expérimentale (D.Scott
Rogo : "La parapsychologie dévoilée" - Tchou éditeur; p 186 ou Presses Pocket;p.206).
Une nouvelle question se pose alors : a-t-on assisté, à Arc-Wattripont, à des variations de température ? (NDLR : nous ne nous baserons pas ici
sur la narration de Mgr Meurant que nous avons nous-mêmes critiquée sur base du contraste entre pièces chauffées ou pas et nous préférerons le
témoignage d'un gendarme gradé et premier intervenant). Reprenons :
"A cela, la plupart des gendarmes ne peuvent répondre de manière tranchée. Ils disent généralement : "C'est possible, mais difficile à
dire car nous étions en plein hiver et on ouvrait souvent la porte".
Mais un gendarme au moins se souvient d'une expérience plus troublante que nous relatons ici.
"Il m'est arrivé à plusieurs reprises de ressentir une impression de froid dans la pièce. Au début, je n'y ai pas prêté beaucoup
d'attention car il y avait des allées et venues et on ouvrait parfois la porte ou bien restait-elle ouverte. Mais il est arrivé un
phénomène bien plus bizarre en d'autres circonstances, alors que j'étais en face d'Éric B. Cette fois, la porte était fermée et le chauffage
donnait à fond. Soudain, j'ai ressenti une forte sensation de froid à hauteur de l'oreille. Comme je m'en étonnais devant mon
vis-à-vis, celui-ci a mis cela sur le compte de l'arrivée du diable. J'ai évidemment rejeté in petto cette explication irrationnelle, mais la
sensation de froid était très forte, étonnante et a priori incompréhensible..."
S'il fallait chercher une source d'énergie, peut-être ne faudrait-il pas aller la chercher jusqu'en enfer..."
Il reste malgré tout à comprendre comment fonctionnerait ce processus et par quel moyen cette force serait coordonnée
de manière plus ou moins cohérente. A cela, dans l'état actuel de nos connaissances, nous n'avons pas encore de réponse. Peut-être un
jour, pour autant qu'elle daigne s'y intéresser, la Science apportera-t-elle la lumière sur cette question. A moins que le
sujet soit déjà à l'étude, sous le seau du secret. Dans ce cas, devrions-nous y voir la raison pour laquelle l'affaire d'Arc-Wattripont
était si bien gardée ?
Revenons maintenant sur mon hypothèse de décharges
énergétiques cérébrales que refusait le professeur Dierkens (qui gardera éternellement toute ma sympathie et mon respect). Ce point est
effectivement contestable mais rappelons que l'activité électrique du cerveau a été, elle aussi, longtemps niée... jusqu'à l'invention de
l'électroencéphalographe. Peut-être n'est-il pas indispensable de solliciter le cerveau. En effet,
Alain Berthoz, ingénieur civil des Mines de Nancy, docteur ès sciences
naturelles, directeur du laboratoire de neurologie sensorielle du CNRS et professeur du collège de France, explique dans son livre : "Le
sens du mouvement" (Odile Jacobs) que l'être humain comporte bien plus que les cinq sens qu'on lui reconnaît (il estime que l'homme en
aurait 8 ou 9). Il rappelle que le principal problème du cerveau est de mettre des masses en mouvement (notamment par l'intermédiaire des
muscles) ce qu'il ferait - entre autres - par anticipation en fonction des perceptions analysées par exemple lors de la chasse d'une proie, la
défense contre un agresseur, etc. Nous nous permettrons ici d'extrapoler et de supposer que les tensions émotionnelles ou les
situations conflictuelles qui crispent les muscles pourraient trouver leur exutoire dans une forme de réflexe explosif dans lequel l'énergie
serait alors projetée de manière à modifier l'environnement et afin de créer l'apaisement. Dans ce cas et pour autant que notre audace
soit fondée, le cerveau pourrait alors ne plus jouer qu'un rôle secondaire. L'information accumulée par l'apprentissage personnel
et la transmission génétique se chargerait d'interpréter la situation connue, elle transiterait éventuellement par les archétypes chers à
Carl-Gustav Jung ainsi que ses types psychologiques et se traduirait par une réaction jusqu'ici atypique. Mais il appartiendra ici encore à
la Science de valider ou d'invalider en l'occurrence, sauf qu'elle se heurtera inexorablement au problème de la reproductibilité. De
même, les parapsychologues seront-ils amenés à lutter, comme de coutume, pour la sauvegarde des statistiques. Cela constituera peut-être au
moins, comme dans le cas d'Arc-Wattripont, un point de départ. Une marche, fut-elle longue de cent mille kilomètres, commence toujours par
un premier pas...
Nous allons à présent voir, au moyen d'une illustration hypothétique mais basée sur des faits connus et vérifiés, comment cela
fonctionne dans la réalité. Quant au modèle de l'information pragmatique,
nous vous proposons de consulter la page réalisée à ce sujet par l'IMI, l'Institut Métapsychique International de Paris, chez qui j'ai présenté
une conférence appréciée sur l'affaire d'Arc-Wattripont. Vous pouvez aussi consulter ma vidéo sur le sujet en cliquant
ici.
Genèse d'une hantise - conclusion "finale" et formule spécifique avec analyse détaillée -
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