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Yapaka - le coup de bluffTout cela était bien beau, mais l'enquête allait présenter mille difficultés (quelques coups de chance aussi) au point de se dresser comme un épouvantail et, c'est le cas de le dire, comme si toute cette affaire était dirigée par de sombres forces de l'inconnu. Au début, on aurait toutefois pu dire : "yaka" se rendre sur place et aller rencontrer les propriétaires pour
les interviewer. Bien sûr ! Le fameux yaka ! D'abord il aurait fallu connaître leur nom (je le trouvai facilement via JMT avec
qui j'allais avoir des communications téléphoniques quasi-quotidiennes de 4 heures): Dubart. Le patriarche s'appelait Roger Dubart et son
épouse Flore Demets (tous deux sont décédés depuis), le numéro de maison était le 2 : on pouvait le voir sur certains reportages télévisés; la
localité était évidemment connue au même titre que le nom de la rue : "de Beauregard", ce qui permit le jeu de mots : "où sévissait le mauvais
oeil". Mais il ne suffisait pas de leur téléphoner pour leur demander un rendez-vous-entretien : trop risqué que l'on raccroche au
nez, ces gens en ayant eu leur compte des visites en tous genres. Le jour venu, nous nous rendîmes sur place, mon assistante Nancy et moi et, dans le café, quasiment bondé :
pas de trace de la dame en question. Bon ! Pas de panique, un simple contretemps peut-être, ce genre de choses pouvant arriver à
tout le monde. Nous ne pouvions que patienter et notre patience fut récompensée puisque l'intéressée arriva environ une demie heure plus
tard. Elle nous salua, prit notre commande, nous reparla brièvement de son affaire (pour nous classée) et s'éclipsa, pressée : c'est vrai qu'il
y avait du pain sur la planche. Cependant, elle ne pouvait avoir oublié la raison de notre visite et, au bout d'un certain temps, alors
que la clientèle se faisait quelque peu plus clairsemée, elle ne s'adressa pas à nous et je dus revenir moi-même à la charge pour la
solliciter. Je revins auprès de la dame et renouvelai ma demande pour m'entendre dire qu'à l'impossible nul n'était tenu. Et c'est là que je me lançai dans un coup de bluff qui fit passer Nancy par toutes les couleurs. Nous terminâmes nos consommations et je rappelai la dame des fleurs maudites à notre table pour lui tenir ces propos :
"Oh ! Ne vous méprenez pas sur cette affaire ! On a beau être au village, elle a fait grand bruit dans tous les médias, à l'époque tout le monde était bouleversé et craignait que la hantise se propage pour contaminer tout le patelin !" "Eh bien, vous voyez : à présent, tout le monde semble l'avoir oubliée. Mon histoire n'intéressera personne ! Je ferais mieux de ne pas la mentionner !" "Mais enfin ! Plein de gendarmes et de policiers ont été les témoins directs des phénomènes !" "Oui, bon, mais vous savez... les petits gendarmes et flics de hameaux perdus au milieu des champs..." "Nom d'un chien ! Une affaire sans grande importance Des flics minables ? Un petit village de rien du tout ? Attendez un peu !" "Ben, c'est que comme je vous l'ai dit nous n'avons plus guère de temps. On nous attend en France..." "Écoutez... donnez-moi une demi-heure tout au plus et..." "Je crains fort que nous soyons alors déjà partis !" Nancy et moi la vîmes se réfugier derrière le comptoir, consulter un carnet et se mettre à donner des
coups de téléphone. Elle s'activait enfin ! Je m'adressai à Nancy qui en avait le souffle coupé et lui expliquai : "Vous voyez,
parfois il faut savoir piquer habilement les gens ! Un peu comme ce démarcheur qui parmi tous les produits qu'il a à vendre à domicile,
évite volontairement un article sans toutefois oublier de dire clairement que "Ça, ce n'était pas pour eux parce qu'ils n'avaient pas
les moyens de se le payer !" Bien souvent, offusqués, se croyant pris pour des minables, ils mordaient à l'hameçon !" A peine avions-nous mis le stratagème en oeuvre que la dame nous aperçut et nous tendit la main en écartant les doigts : elle voulait dire : "cinq minutes". Il ne lui en fallut que trois pour revenir à nous en disant : "Voilà ! J'ai trouvé quelqu'un ! C'est un garde-champêtre à présent retraité qui a été sur les lieux au moment de l'affaire. Il connaît bien les propriétaires qui lui font confiance car il leur rend pas mal de services, par exemple pour leurs assurances. Nous allons y aller tout de suite, vous n'aurez qu'à me suivre, ce n'est pas très loin ! SUITE - PRÉCÉDENTE - ACCUEIL - HAUT - SOMMAIRE - SOMMAIRE (de la rubrique) - SOMMAIRE (général) |