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Toujours au gré de nos recherches, nous avons cependant trouvé aussi d'autres passages documentaires beaucoup plus litigieux. Il est vrai qu'il s'agit de la vieille histoire mais il n'empêche que cela a largement contribué à l'essor sinon du Vatican lui-même, du moins de la fameuse chapelle Sixtine. Il s'agit de la période mettant en scène Sixte IV.
Sixte IV (1471-1484), avide de nature et dont le règne sera marqué par de nombreux crimes et d'innombrables guerres, offrira la pourpre cardinalice à ses trois fils.
Les licences accordées aux bordels lui rapporteront chaque année d'énormes sommes d'argent, venant notamment des prêtres obligés de s'acquitter cet impôt pour leurs maîtresses. Le pape fera progresser le culte des morts en s'appuyant fort habilement sur le verset de Matthieu 16.18 : "Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église et la Puissance de la mort n‘aura pas de force contre elle". Il publiera sa bulle "Salvater noster" le 3 août 1476, qui octroyait moyennant finances une indulgence plénière aux pauvres âmes du purgatoire. Les caisses du Vatican seront irriguées par d'importants flux de capitaux. Une pancarte affichée à la Sorbonne, en 1482, indiquera : "A peine dans le tronc est tombée une obole, du purgatoire une âme au paradis s'envole".
Le pape Jules II (1503-1513), qui posera la première pierre de la future cathédrale Saint Pierre du Vatican le 18 avril 1506, financera également ce projet en promulguant une indulgence plénière. Le pape Léon X (1513-1521), devenu cardinal à l'âge de treize ans, propriétaire du célèbre monastère du mont Cassin et abbé d'un monastère à Chartres, renouvellera ces indulgences pour financer ses frasques.
Sixte IV consacrera une partie de sa fortune à la construction de la Chapelle Sixtine. Consistant en une seule nef de 40,23 mètres de longueur et de 13,41 mètres de largeur, elle sera édifiée de 1473 à 1483 sur les dessins de Baccio Pontelli.
La voûte en berceau sera divisée en lunettes correspondant aux douze fenêtres. Une grande balustrade séparera le presbytère de la partie réservée aux fidèles. Les murs seront décorés sous les fenêtres par des artistes florentins ou de l'Ombrie. Ces fresques représentent des récits de l'Ancien Testament (Histoire de Moïse) et du Nouveau Testament (Histoire du Christ). Sixte IV fera appel à Botticelli (les Épreuves de Moïse), Ghirlandaio (l'Appel de saint Pierre et de saint André), Cosimo Rosselli (l'Adoration du Veau d'or, le Sermon sur la montagne, la Cène), Luca Signorelli (le Testament, Mort de Moïse), le Pérugin (la Remise des clefs à saint Pierre) et le Pinturicchio (Moïse et Sephora en Égypte, le Baptême du Christ, fresques auxquelles collabore également le Pérugin). Quatre compositions seront détruites au cours de transformations. La chapelle sera inaugurée le 15 août 1483.
Source: http://www.insecula.com/salle/MS00809.html
On le voit, il est ici question de guerres et donc peut-être de trésors de guerre, ce qui ne semble pas très catholique, de lieux de débauche financés et surveillés par l'Église (d'une certaine manière) et d'indulgences plénières. C'est-à-dire, pour ce dernier point, que là où l'on brandissait la menace de l'enfer ou du purgatoire aux pécheurs, on proposait aussi le rachat de leurs âmes moyennant finances. Même si dans le premier cas, il s'agissait de guerres de religions (ce qui demeure à prouver), le but est discutable en soi et le reste fait figure de "prostitution" soit au sens propre soit au figuré.
Évidemment, dans ces conditions, il est assez évident que l'internaute connaissant ces points historiques sera plutôt enclin à jeter le discrédit sur ces fameuses richesses du Vatican. Nous ne pourrions a priori pas leur donner complètement tort.
Par conséquent, cela ne veut pas dire qu'ils aient complètement raison.
Comme nous le disions au chapitre des prêtres pédophiles, le Pape, pour représentant de Dieu qu'il soit sur terre, n'en demeure pas moins un homme avec ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses. Personne ne pourrait soutenir que dans une histoire deux fois millénaire, aucun représentant du gouvernement de son pays n'a jamais trempé dans une affaire louche, ne s'est jamais livré à des actes regrettables, même s'il est supposé montrer l'exemple. C'est le moment de reprendre une phrase célèbre de Jésus-Christ : "Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre". Lorsque l'on considère une faute commise, il faut également situer le contexte et l'apprécier. Ne disions-nous pas des prêtres que de nombreuses personnes seraient prêtes à tolérer que ceux-ci satisfassent leurs besoins sexuels auprès de professionnelles du sexe plutôt que d'attenter à la pudeur et aux physique de jeunes enfants ? Le Pape Sixte IV aurait-il donc anticipé ce genre de problème d'une manière peut-être douteuse, mais préférable dans le contexte qui préconisait que "de deux maux il faut choisir le moindre". Tant qu'à faire, si cela pouvait faire entrer quelques deniers et que ceux-ci servaient à la décoration d'une chapelle, l'essor d'un édifice religieux, ne pouvait-on pas envisager que d'une mauvaise chose on en ait fait une bonne ? Nous sommes bien sûr conscients de tout ce que cette explication (si on la considère comme telle) peut avoir d'insatisfaisant et que cela n'explique ni ne justifie en aucune façon la problématique des indulgences plénières.
Nous parlerons tout d'abord de cette "obole" qui pose problème pour revenir tout d'abord au texte dont il est question : "Il publiera sa bulle "Salvater noster" le 3 août 1476, qui octroyait moyennant finances une indulgence plénière aux pauvres âmes du purgatoire. Les caisses du Vatican seront irriguées par d'importants flux de capitaux. Une pancarte affichée à la Sorbonne, en 1482, indiquera : "A peine dans le tronc est tombée une obole, du purgatoire une âme au paradis s'envole". En lisant et relisant cette phrase, on en vient à dire que, sur le plan religieux, c'est un peu "forcer la main" à Dieu et se passer de son jugement ou même l'acheter pour sauver des âmes. Ce point est évidemment très critiquable. On ne comprend d'ailleurs pas que les fidèles de l'époque aient pu croire que le jugement et la sentence divine puissent répondre à des impératifs financiers. Cette façon de voir les choses est inacceptable !
Toutefois, on peut considérer les choses sous un autre angle et se dire que tous les fidèles sont invités à prier pour l'âme des défunts séjournant au purgatoire. Il faut ici bien faire la distinction entre les âmes séjournant au purgatoire, qui n'est somme toute qu'une espèce de "transit", une période de châtiment limitée dans le temps et dépendant des fautes commises et celles qui sont damnées et séjournent en enfer pour l'éternité. Pour ces derniers, il n'y a point de salut, c'est la perpétuité dans les flammes, en compagnie des démons et autres créatures hideuses et malfaisantes, pas de remises de peine, pas de liberté conditionnelle, et même pas d'évasion possible. Pour ces derniers donc, il n'y a rien à faire, leur cause est entendue et on ne peut envisager de se pourvoir en appel. Pour ce qui concerne les âmes du purgatoire, la chose est fort différente et c'est bien de celles-ci dont il s'agit dans la bulle. Et donc, comment en vouloir au Pape si celui-ci, en communication avec Dieu, a réussi à conclure le deal ? Si la bulle papale émane d'un accord divin, ce qui est envisageable comme nous l'avons démontré, il n'est que logique que son représentant l'ait appliquée puisque, en même temps, ce servait les desseins pieux de la construction et décoration des édifices religieux. Sans doute, tout ceci peut paraître hypocrite. Mais l'est-ce plus ou moins que la pièce nécessaire aux défunts pour "soudoyer" Charon, le passeur du Styx" ? (voyez à ce propos la page: http://site.voila.fr/Sanctum/charon.html. D'autre part, le diable lui-même n'a t'il jamais procédé à ce genre de procédé consistant à acheter les âmes dès leur vivant, en les faisant succomber à la tentation et aux délices. Ne peut-on pas considérer que si bon nombre de personnes seraient d'accord de "vendre leur âme au diable" pour s'arroger une vie plus clémente (par vendre leur âme, il faut bien sûr entendre : "faire n'importe quoi", "je paierais cher pour que..." (qui n'a jamais entendu ou prononcé ces mots ?
Nous croyons entendre rugir les opposants à cette hypothèse et leur réponse fuse : "Les disciples de Dieu ne peuvent pas user des mêmes stratagèmes que le Malin sous peine de lui ressembler". On pourrait répondre qu'il s'agirait effectivement d'une sorte de loi du talion, bien mal placée dans ce contexte religieux. Mais on dira aussi "à Malin, malin et demi et l'union fait la force". Pourquoi les Chrétiens ne pourraient-ils pas faire la nique aux oeuvres du diable en usant de ses propres armes ? N'est-ce pas aussi une stratégie typiquement juive ?
Nous ne nous contenterons évidemment pas de ces tirades plus humoristiques que réellement soutenables. Nous nous appuierons plutôt sur les prophéties de Saint Malachie dont on connaît l'opportunisme et les talents de visionnaire en ce qui concerne les papes. Malachie lui a effectivement attribué un nom, celui de "pécheur franciscain". Deux mots très simples et redoutablement évocateurs, redoutablement éloquent pour dire tout simplement que les prophéties s'accomplissent, même en Sixte IV dans lequel on verra sans doute un mauvais exemple, mais il sera lui aussi insuffisant que pour condamner en son nom toute l'église et la chrétienté. Jésus-Christ, lui-même céda à la colère (pourtant un péché capital !) dans le temple (car on faisait de ce dernier un lieu de commerce !) et lui aussi rencontra quelques surprises après avoir choisi ses apôtres : chacun sait que Judas le trahit, d'autres se rappelleront que même Pierre le renia trois fois avant le chant du coq.
La Basilique Saint Pierre en ce la chapelle Sixtine comprise, sont construits à l'emplacement même de la tombe du Grand Pierre, le célèbre apôtre et aussi le premier Pape.
"Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église (ou Église)" n'est donc pas une phrase contradictoire.
Et c'est bien depuis la chapelle Sixtine que sont désignés les nouveaux papes !