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Voici l'une des premières implications du culte de Mitra sur l'époque actuelle. Elle survient en des lieux (France, Hollande pour ne citer que ceux-là) qui sont déjà assez inattendus lorsque l'on considère les origines géographiques du dieu. Lorsque l'on verra la forme que revêt cette implication, on comprendra mieux l'importance de la symbolique chère à Langdon en général ainsi que dans le Code da Vinci.
Ce bonnet fut porté pour la première fois en France au café Le Procope qui était un lieu de rendez-vous des révolutionnaires. Il ressemble à celui que portaient les
esclaves affranchis dans l'Empire romain, esclaves auxquels leur maître avait rendu la liberté et dont les fils devenaient des citoyens à part entière. Le bonnet phrygien
était donc dès l'Antiquité déjà, un symbole de liberté.
Les plus anciens vestiges de ce bonnet appartiennent à Mithra, la divinité iranienne du Soleil, de l'amitié, du serment et des contrats. Le mithraïsme était la religion la
plus répandue en Europe avant le christianisme. Les statues de Mithra qui nous sont parvenues de cette époque représentent Mithra portant un bonnet phrygien et une cape
flottante; il est agenouillé sur le taureau primordial avec un poignard dans la main droite et tirant la tête du taureau vers l'arrière avec l'autre main.
Photo : Mithra, habillé à la perse et portant le bonnet phrygien, sacrifie le taureau primordial. Du corps du taureau naquirent les plantes et les animaux bénéfiques
à l'homme, malgré l'opposition du Serpent et du Scorpion, agents du Mal (Collection: Musée du Louvre, Paris, France).
Par ailleurs, le bonnet de Libertas, la déesse romaine de la liberté, était le pilleus, un bonnet rond ordinaire en feutre. Sur les anciennes représentations de Libertas, en particulier sur la monnaie impériale romaine, celle-ci tient un pilleus dans une main, et souvent une baguette (vindicta) de l'autre. Libertas ne porte cependant jamais le pilleus, et n'est pas associée au bonnet phrygien.
Le retour au bonnet phrygien, dans sa forme classique, à pointe recourbée, se fait clairement en France aux alentours de 1790. Sous l'influence des Jacobins, le bonnet rouge devient un emblème important de la révolution. Les révolutionnaires américains aussi empruntent le bonnet de la liberté aux Français, mais seulement une vingtaine d'années après la déclaration d'indépendance.
Sous la 1ère République (1792-1804), des personnages féminins, portant les valeurs de la liberté et de la révolution, sont représentés par l'intermédiaire de tableaux ou de sculptures. Ils sont parfois accompagnés de piques ornées du bonnet phrygien. Un décret de 1792 stipule que «le sceau de l'état serait changé et porterait pour type la France sous les traits d'une femme vêtue à l'Antique, debout, tenant de la main droite une pique surmontée du bonnet phrygien, ou bonnet de la liberté, la gauche appuyée sur un faisceau d'armes, à ses pieds un gouvernail». On rencontre également à ses pieds les tables de la Loi et la Déclaration des Droits de l'Homme présentées au monde. Le nom de Marianne semble provenir de Marie-Anne, très populaire au 19ème siècle. Les contre-révolutionnaires appelaient ainsi de manière péjorative la République. Or les révolutionnaires l'ont adopté pour symboliser le changement de régime.
Durant le 2nd Empire (1852-1870), Napoléon III fait remplacer sur les pièces de monnaie et sur les timbres-poste la figure de Marianne par sa propre effigie. La commune de Paris (1871) développe le culte de la combattante révolutionnaire au buste dénudé qui porte le bonnet phrygien rouge des sans-culotte, mais elle n'est pas nommée Marianne.
Sous la 3ème République (1875-1940) deux modèles s'affrontent, la statue à épis et la statue à bonnet phrygien. La première représente une République modérée, la seconde, que le peuple nomme Marianne, une République révolutionnaire. Peu à peu la République s'installe, et les bustes se multiplient dans les mairies et les écoles. Un modèle est plus ou moins imposé: c'est un buste de femme au visage jeune et calme, portant parfois la couronne d'épis ou, le plus souvent, un bonnet phrygien. Il faudra attendre 1897-98 pour que la 3ème République restitue, sur ses monnaies, le symbole du bonnet phrygien.
Photo : pour agrandir la carte ci-contre, cliquez sur l'image.
La Lydie se trouvait à l'ouest de la Phrygie, entre celle-ci, la Mysie, la Carie et la mer Égée, et avait pour capitale Sardes. Sous la dynastie des Mermnades (687-546 av. J.-C.), la Lydie prospéra et fut le royaume le plus puissant de la péninsule anatolienne. Célèbre pour ses richesses (provenant des mines d'or du Pactole) et pour ses offrandes aux sanctuaires grecs, le royaume lydien fut le premier État à pratiquer le monnayage. Son dernier roi, Crésus, annexa par les armes toutes les villes grecques de la côte d'Asie Mineure. Après un règne d'environ onze ans, Crésus fut confronté à la menace des Perses, qui venaient de conquérir la Médie voisine. S'alliant à la Babylonie, à l'Égypte et à Sparte, Crésus envahit la province perse de Cappadoce, en Asie Mineure. Le roi Perse Cyrus le Grand, fondateur de la dynastie des Achéménides, battit en 546 av. J.-C. l'armée lydienne et entra dans Sardes. Il traita Crésus avec respect, et celui-ci finit tranquillement ses jours à Ecbatane en Iran comme conseiller de Cyrus. Après la conquête des cités grecques d'Ionie par les Perses, une grande partie de l'Asie Mineure, y compris la Phrygie, fut placée sous le contrôle perse et divisée en plusieurs satrapies. Cela dura plus de deux siècles, jusqu'à la défaite des Perses par Alexandre le Grand en 334 av. J.-C. La Phrygie occidentale, comprise d'abord dans le royaume Séleucide, fut annexée au 2ème siècle av. J.-C. par Pergame. La Phrygie orientale, entre le Sangarios et l'Halys, fut occupée vers 275 av. J.-C. par des envahisseurs celtes, les Galates. La Phrygie occidentale fut annexée à la province romaine d'Asie à la fin du 2ème siècle av. J.-C.. Au 4ème siècle de notre ère furent formées deux provinces de Phrygie: la Phrygie Salutaire à l'Est (Capitale: Synnada), et la Phrygie Pacatienne, à l'Ouest (Capitale: Laodicée).
L'historien Bardesanes, qui vivait au 2ème-3ème siècle, atteste qu'à son époque il y avait encore beaucoup d'Iraniens vivant en
Égypte, en Phrygie et en Galatie et qui conservaient encore leurs traditions. Comme dans la métropole, des prêtres s'occupaient des affaires religieuses de la diaspora. Nous avons également beaucoup d'informations sur des sanctuaires zoroastriens d'Asie Mineure, le plus ancien ayant été construit par Cyrus le Grand lui-même ou par ses généraux à Cappadoce pontique au 6ème siècle av. J.-C. Dans les colonies, cette fonction religieuse était avant tout remplie par les Mages, qui avaient une position importante dans la société, mais n'appartenaient pas à la plus haute classe. En fait les Mages n'étaient pas des disciples orthodoxes de Zarathushtra et avaient conservé beaucoup d'éléments de leurs croyances anciennes, notamment du culte de Mithra. Ils avaient même réussi à prendre le pouvoir par un coup d'état après la mort de Cyrus, mais avaient été démis par Darius I. Après la chute de l'empire perse et la disparition de l'élite dirigeante, les Mages ont occupé le devant de la scène, en Asie Mineure surtout. Mais à partir du 3ème siècle de notre ère, les temples ont été supprimés par le décret chrétien. Ceci étant, au 6ème siècle après J.-C. encore, l'empereur perse Khosrow I Anushirvan a négocié avec l'empereur byzantin la reconstruction des temples du feu en Cappadoce, ce qui suggère que, même à cette époque, il y avait des adeptes du culte perse.
Le nom de «bonnet phrygien» est dû aux Grecs qui l'appelaient aussi «bonnet oriental». Ainsi ce bonnet n'était pas propre aux Phrygiens. Il coiffait un grand nombre de tribus iraniennes, aussi bien celles de la Cappadoce à l'ouest que les Scythes (Sakas) de l'Asie centrale. Les représentations de ce bonnet et de ses variantes sur les bas-reliefs de Persépolis en témoignent. Par ailleurs, selon des récits chinois, un marchand zoroastrien originaire de Samarcande, qui voyageait en Chine au 8ème siècle de notre ère, portait l'habit typique des Sogdes, dont un bonnet phrygien.
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Marianne est un des symboles
de la République Française et incarne la République autant que le drapeau tricolore. Marianne représente la permanence des valeurs qui fondent l'attachement des citoyens à
la République : Liberté, Égalité, Fraternité. Une Marianne est un buste de femme coiffée d'un bonnet phrygien. Dans cet article nous nous intéresserons à l'origine de ce
bonnet.
Durant la révolution française, les premiers bonnets phrygiens apparurent sur la tête des français, quelques mois après la prise de la Bastille. Ils étaient faits de tissu rouge, et s'accordaient aux vêtements rayés des plus fervents révolutionnaires, les sans-culottes. Il semblerait qu'un bonnet pratiquement identique coiffait les marins et les galériens de la Méditerranée, et il est possible que les révolutionnaires venus du Midi les aient amenés à Paris. Porter le bonnet phrygien était en effet une façon d'afficher son patriotisme. Ce bonnet fut également l'un des traits marquants du 20 Juin 1792, jour historique qui vit le peuple envahir les Tuileries. La foule en colère parvint à atteindre le roi lui-même, et un officier municipal nommé Mouchet tendit au monarque un bonnet phrygien au bout d'une pique. Le roi, sidéré, ne savait comment réagir. Il s'empara du bonnet, et le posa sur sa tête. Le geste apaisa quelque peu la hargne des assaillants.
Après avoir assassiné Jules César (44 av. J.-C.), les conspirateurs ont défilé dans les rues en arborant un bonnet phrygien au bout d'une pique. L'idée d'utiliser dans l'art un bonnet sur une pique pour représenter la liberté apparaît vers 1570 aux Pays-Bas dans les oeuvres iconographiques. Mais le bonnet n'a aucune forme particulière et se conforme souvent à la coutume locale; il ne ressemble donc ni au pilleus ni au bonnet phrygien. Cette tradition iconographique se développe dans divers pays d'Europe et devient une source d'inspiration pour les artistes américains au cours de la lutte pour l'indépendance.Où était la Phrygie ?
La Phrygie était un royaume situé au centre de l'Asie Mineure sur le plateau d'Anatolie, à l'ouest de la Cappadoce et séparée de la mer Égée par la Lydie. On pense que les Phrygiens étaient un peuple indo-européen originaire de Thrace qui, vers 1200 av. J.-C., a envahi l'empire hittite pour s'y installer. Sa capitale se trouvait à Gordion, non loin d'Ankara actuel (en Turquie), et la fameuse ville de Troie en faisait partie, mais les limites de son territoire variaient selon les époques. Leurs rois se nommaient tantôt Gordias, tantôt Midas; l'un des Midas, qui a régné entre 725 et 676 av. J.-C., fait l'objet de légendes chez les Grecs, en raison de ses richesses. Le royaume a été dévasté vers 695 av. J.-C. par l'invasion des Cimmériens, peuple nomade indo-européen venu des Balkans. L'état phrygien ne s'en est plus jamais remis et passa progressivement sous la domination de sa voisine la Lydie.
Durant les siècles où l'Asie Mineure faisait partie de l'Empire perse, des Iraniens se sont installés dans cette région. Même après la conquête d'Alexandre, des générations d'Iraniens ont vécu dans ces contrées comme en témoignent plusieurs indices, notamment des récits grecs, des inscriptions tombales, et des pièces de monnaie. Même des non-Iraniens d'Asie Mineure portaient des noms perses (notamment
Mithridate et d'autres dérivés de Mithra). La route royale qui reliait les capitales de l'empire, Persépolis et Suse, à Sardes étant, d'après les historiens, sure et pratique, elle facilitait l'installation des Perses dans les régions fertiles de l'Asie Mineure. D'après Xénophone, avant de construire la route royale de 2750 km entre Suse et Sardes, Cyrus le Grand a fait faire des expériences sur l'endurance des chevaux afin d'établir un système de relais rapide qui n'épuisait pas les chevaux. Ce premier système de courrier express au monde permettait de relier les deux bouts de l'empire en sept jours et sept nuits en traversant 111 stations avec une vitesse moyenne de 15.3 km/h (A.E. Minetti, 2003, Nature, 426, 785). Et tout porte à croire que l'aristocratie perse amenait de Perse la main d'oeuvre qualifiée nécessaire pour l'agriculture. En effet au 4ème siècle de notre ère beaucoup de villages en Cappadoce étaient peuplés d'Iraniens descendants des premiers colons. Parmi eux, beaucoup d'anciens soldats auxquels la terre était donnée avec obligation de rejoindre l'armée en cas d'appel. Le calendrier solaire cappadocien, en usage pendant des siècles jusqu'en 400 apr. J.-C., était une réplique du calendrier zoroastrien.
De l'inexistence de Jésus-Christ (Code da Vinci de Dan Brown - secrets du CDV de Dan Burnstein)
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