Afin que le lecteur puisse bien comprendre le contexte, le point de départ et les différentes raisons qui nous ont lancés dans une enquête-aventure absolument incroyable,
celle d'Arc-Wattripont, il est nécessaire de préciser certains points.
Il faut tout d'abord se rappeler
la fameuse réunion au Dynastie à Bruxelles dans laquelle
j'apparaissais un peu à contrecoeur étant donné les problèmes de santé dont j'étais victime et qui, ayant à présenter une conférence importante
(on m'avait demandé de présenter le CERPI et de réaliser un résumé de ses activités, ce qui risquait de prendre du temps et donc de me mettre
en fâcheuse posture. C'est comme ça que ça va avec les problèmes intestinaux...) je courrais le risque de décrédibiliser le groupement si
d'aventure je devais me rendre précipitamment aux toilettes (et de manière répétée) ou si ma conférence ne me permettait pas de conquérir le public (en tenant compte du fait que l'invité principal était Gérard
Lebat, un tout grand spécialiste de l'ufologie, alors que je me trouvais face à une assemblée composée de tous les chefs de file des différentes
associations d'études des phénomènes de l'étrange. Bref, ma position était particulièrement périlleuse.
Pour la circonstance, comme j'en avais de toute façon pris l'habitude, ma conférence avait été préparée, étudiée, répétée et même calculée sur
le plan stratégique - en prenant d'ailleurs certains choix très risqués. Sur le plan théorique, j'étais donc "blindé", mais encore fallait-il que
cela marche en pratique et ça, avec le stress, le trac, la menace d'un piège de mes boyaux, c'était une autre histoire !
Je suis arrivé au lieu prévu, bien à l'heure comme d'habitude (je suis pointilleux sur la ponctualité, que
l'on dit être "la politesse des rois" et je ne me sentais pas en droit d'appliquer l'autre dicton selon lequel "les vedettes se font toujours attendre", car je ne m'estimais pas être une vedette !
J'avais mis mon beau costume-cravate sachant toutefois fort bien que l'habit ne fait pas le moine et que ce n'est pas ma tenue qui me sauverait le cas échéant.
Quand mon tour vint, je me lançai dans
ma prestation, conscient de participer à une sorte de quitte ou double. L'organisateur me présenta comme le Président de la plus grosse
association d'études et de recherches sur les phénomènes inexpliqués. C'était à la fois une excellente chose mais en même temps cela me
mettait sur le grill car il fallait dès lors mériter cette flatteuse présentation. Fort heureusement, je constatai rapidement que je
tenais le bon bout grâce à mon souci de la préparation et que l'assistance appréciait mon récit. Mieux : elle accrochait
parfaitement, elle se régalait, elle était captivée. Mais un nouveau moment difficile allait se présenter, celui de ma stratégie risquée, qui
consistait à forcer une importante personnalité de l'assistance à intervenir, ce qui était loin d'être gagné d'avance ! Dieu soit
loué, Jean-Luc Vertongen, l'ancien responsable du réseau d'enquêtes de la SOBEPS (excusez du peu puisque la SOBEPS avait largement acquis ses
lettres de noblesse durant la fameuse vague d'OVNIS sur la Belgique, avec même la collaboration de l'Armée belge)
marcha dans ma combine et vint apporter de l'eau à mon moulin dans le cas du poltergeist d'Anderlues, ce qui ensorcela l'assemblée, achevant
de la combler. Il me restait à placer un bon trait d'humour à l'égard de (désormais) feu Daniel Recolet, d'annoncer la sortie prochaine d'un livre
que je préparais et de terminer par un autre bon jeu de mots. Mission accomplie et break dans l'ensemble des conférences.
C'est durant ce break que l'on me
présenta un bonhomme qui ne payait pas de mine, ne semblait pas trop dans son assiette (et pour cause puisqu'il en était au stade terminal du
cancer du pancréas... on le voit ici sur la photo de droite, de profil, en premier plan) mais qui traînait aussi derrière lui un CV
interminable et prestigieux. Il était notamment diplômé de l'Université de Liège en philosophie et lettres, chroniqueur judiciaire
et médical, critique d'art et de cinéma, recyclé en épistémologie en sa qualité d'expert en détection de fraudes aux phénomènes paranormaux (ce
qui devenait donc particulièrement intéressant) et ayant participé à de nombreuses enquêtes dans le milieu de l'étrange, souvent en
collaboration avec le grand Jacques Léon Théodor, alors chef de file du mouvement zététique. C'était Monsieur Jean-Marie Tesmoingt, sujet
français, indéniablement très érudit et objectif, un journaliste retraité qui avait largement acquis ses lettres de noblesse en
interviewant nombre de vedettes telles que Belmondo, Gregory Peck, Marlène Jobert, des personnalités politiques, etc. mais aussi en
participant à la démystification de grosses affaires et bien plus de
choses encore, lesquelles se doivent de rester secrètes.
C'est lui qui me parla de la fameuse
affaire d'Arc-Wattripont, en fait
un cold case puisque datant de 1993, qui avait fait grand bruit à
l'époque, sollicitant abondamment les médias et ce jusque dans les
pays anglo-saxons, sur laquelle il avait enquêté sur place sans
toutefois trouver la solution de l'énigme, au même titre que les autres
spécialistes qui s'étaient présentés pour l'occasion. L'affaire avait
été retentissante à plus d'un titre puisqu'une quinzaine de gendarmes et
de policiers étaient intervenus sur place, avaient vu de leurs yeux vu
les phénomènes sans pouvoir trouver la moindre supercherie, un black-out
(une omerta) avait sévi et une vidéo prise par les gendarmes avait été
réquisitionnée par le parquet du Procureur du Roi pour ne plus être
accessible à qui que ce soit, sauf que
Jacques Théodor et lui-même
figuraient parmi les très rares privilégiés à avoir pu en voir le
contenu mais en devant prêter serment sur l'honneur de ne jamais rien en
révéler à qui que ce soit. Cerise sur le gâteau, un exorcisme au
moins avait été pratiqué, rendant l'histoire plus sulfureuse encore !
Il considérait que l'affaire en question avait fait l'objet d'une
enquête qui avait présenté de regrettables lacunes et me suggérait
tacitement à remédier à la chose. Mais donc il ne me l'avait
pas demandé verbalement, c'était juste une suggestion non formulée.
Cependant, l'entrevue avait été perçue
par quelques oreilles des spectateurs et je compris rapidement que
chacun considérait désormais que
l'affaire d'Arc-Wattripont était, "par
excellence", le défi que le CERPI se devait de relever. Le CERPI
ne pouvait pas se débiner !
Cette situation était pour le moins embarrassante car non seulement il
s'agissait d'un cold case, ce qui n'était pas notre tasse de thé,
d'autre part le CERPI planchait sur plusieurs autres affaires qu'il était
hors de question de laisser tomber en violant l'ordre chronologique des
requérants, de plus - en admettant que nous acceptions l'affaire - il
fallait pouvoir s'en faire mandater par les protagonistes principaux (à
savoir les propriétaires de la maison où se déroulaient les terribles
phénomènes, mais qui avaient pris de l'âge et surtout pris en grippe
tous les médias et les enquêteurs qui les avaient harcelés en 1993.
J'avoue avoir été tenté de refuser
l'affaire, que de plus je n'étais absolument pas certain de pouvoir
résoudre pour les raisons citées ci-dessus. En même temps cette
affaire s'avérait effectivement particulièrement intéressante et ma
personnalité m'imposait de relever le défi. D'un autre côté, il y
avait le livre que j'étais occupé d'écrire et qui porterait le titre
"Les phénomènes inexpliqués en Belgique" et cette
affaire
d'Arc-Wattripont méritait apparemment amplement d'y figurer. Dès lors,
comment faire ? Comment décider ?
Dans un premier temps, je décidai de
ne rien décider. Si l'affaire d'Arc-Wattripont devait être relayée
dans mon livre il était impératif d'en savoir plus afin de ne pas
raconter n'importe quoi. Perfectionniste, je ne m'autorisais en
aucune manière à fournir une information qui ne soit pas de qualité.
Et donc, à temps perdu mais le plus vite possible, j'allais revenir vers
Jean-Marie Tesmoingt afin de peaufiner mes connaissances sur le sujet.
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